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Le triomphe de la vérité

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Gestion des boues de vidange à Cotonou: Un véritable danger environnemental et sanitaire pour les populations


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Un camion-citerne lors du dépôt des boues de vidange

Considérées comme l’ensemble des matières fécales déversées dans les fosses septiques et étanches, les boues de vidange collectées dans la ville de Cotonou et ses environs, subissent plusieurs étapes avant d’être déversées dans l’océan Atlantique. Après leur extraction des fosses septiques et étanches, elles sont déposées et conservées sur un site situé à près de 12 Km de la ville capitale. Quels peuvent être leurs impacts sur l’environnement et sur la santé des populations ?

Il est 12h. Un camion-citerne en provenance de Cotonou vient de stationner sur le site de dépôt et de transformation des matières fécales sis à Ekpè, dans la commune de Sèmè-Podji. A première vue, le conducteur et quelques agents d’une structure spécialisée dans l’assainissement des fosses septiques viennent de finir une opération une vidange. L’heure est donc au dépôt du contenu du camion-citerne, sur le site. Une fois stationné devant un grand filtre en métal, le camion déverse le contenu, un liquide jaunâtre dans le filtre. Les boues de vidange ainsi déversées suivent ensuite le processus de décantation. Les camions qui vont collecter les déchets dans la même journée versent leurs déchets dans le premier bassin. Les déchets que vont déversés les camions de la deuxième journée poussent les premiers déchets du premier au deuxième bassin, et ainsi de suite. Avant d’arriver au dernier bassin, il se forme alors une décomposition sur la surface. Les agents du site, armés de bottes et de pelles, se chargent d’extraire cette décomposition de la surface du liquide qui, plus tard, donne le compost. Le reste du liquide est ensuite traité. Il devient inodore. Auparavant plein de déchets et cause d’une forte odeur très nauséabonde, le liquide traité, devient inodore et est à l’image d’une eau des bas-fonds. Des rigoles sont creusés depuis les bassins où elle coule jusqu’à disparaitre dans les écumes blanches de la mer. « En principe, cette eau doit nous servir à faire du biogaz. Malheureusement, nous n’avons pas les matériels qu’il faut pour assurer cette transformation », confie un agent de la société en charge de l’assainissement des fosses septiques et étanches. Les boues de vidange, après leur extraction des fosses, sont ainsi traitées et évacuées vers la mer. Mais, la forte odeur qui se dégage au quotidien de cette masse boueuse et l’écoulement de ce nouveau liquide vers la mer, constituent un véritable danger pour les populations et aussi pour l’environnement.
Les conséquences sur la santé publique et l’environnement
La forte odeur qui envahit le site crée des nuisances aux populations environnantes. Armel, un jeune homme d’une vingtaine d’années, raconte leur mésaventure. « L’odeur que nous respirons est insoutenable. Elle est la cause de plusieurs maladies », explique-t-il avec grande désolation. Pire, leur état ne semble émousser la sensibilité des personnalités qui visitent le site. « Les autorités qui visitent le site font la promesse de nous soulager avec des médicaments et autres produits de santé mais, les promesses sont toujours rangées aux oubliettes », avance-t-il, avant de préciser leur incapacité à changer de cadre de vie. « C’est parce que nous ne savons plus où vivre que nous sommes toujours ici ». Pour le médecin expert en santé publique, Dr Uriel Dassoundo, la vie des populations dans un tel milieu est un véritable problème de santé publique. Les populations vivant aux alentours des matières fécales sont soumises à plusieurs types de maladies. Il s’agit des maladies du péril hydro fécales et les maladies parasitaires dont, le choléra, la fièvre typhoïde, les intoxications alimentaires et digestives. Il n’occulte pas le cas des maladies respiratoires et d’autres maladies de la peau. Ces maux s’illustrent chez le patient par des douleurs abdominales intenses, des vomissements, la diarrhée profuse dans le cas du choléra. L’expert environnementaliste, Victor Gbèdo, parle d’abord des impacts sur l’eau, notamment la nappe phréatique qui est bien superficielle dans la ville de Cotonou. « Lorsque vous creusez, et si ce n’est pas étanche, il y a l’infiltration des microbes et germes contenues dans les boues de vidange et qui sont nuisibles à l’organisme. Ce qui créé des impacts sur les ressources en eau », explique-t-il. La consommation de cette eau créé ainsi des maladies dont la diarrhée et bien d’autres. Mais, l’introduction de ces germes dans l’eau crée aussi des nuisances sur les ressources halieutiques. L’environnementaliste parle de la contamination des poissons dans l’océan qui est contaminé. Ce qui se répercute sur la chaine alimentaire tant au niveau des Hommes qui consomment ces poissons. « Il faut dire que la pollution est de tous ordres, sur le plan biologique, sur le plan physique, sur le plan chimique, il y a des impacts sur l’environnement et sur la santé », ajoute-t-il.

Quelques mesures pour assainir le secteur
Les insuffisances relevées dans la gestion des boues de vidange peuvent être résolues en vue d’assurer une meilleure protection de l’environnement et une meilleure santé publique pour tous. Pour arriver à cette fin, le médecin en santé publique, Dr Uriel Dassoundo, indique la prise en considération des mesures d’hygiène individuelles et collectives. Selon ses explications, les mesures d’hygiènes individuelles s’adressent aux populations qui devront se laver les mains avant et après chaque repas, rendre propre les lieux d’habitation. Quant aux mesures collectives, ces dernières relèvent de la responsabilité des autorités à divers niveaux. A en croire Dr Uriel Dassoundo, les autorités en charge de la santé en occurrence la Direction nationale de la production sanitaire, doit se doter des matériels adéquats pour mettre les matières fécales très loin des populations. Il faudra aussi construire des cabines publiques et adopter aussi des techniques adéquates pour l’élimination de ces matières. Sur le plan environnemental, Victor Gbèdo propose la création d’un système de canalisation extensif qui ne sera plus mis à ciel ouvert. Il faut aussi entourer ce site d’une grande végétation qui va atténuer l’odeur et situer les populations à près de 500 mètres du site. Ainsi donc, le traitement pourrait se faire pour que les effluents ne puissent pas contaminer le milieu dans laquelle se trouve la station.

Rastel DAN

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One thought on “Gestion des boues de vidange à Cotonou: Un véritable danger environnemental et sanitaire pour les populations

  1. Moudachirou Lamidi

    Bonjour chers tous,
    Merci beaucoup pour ce article très interessant. La gestion des matières fécales est un défi que nous ne prenons pas encore au sérieux au Bénin comme dans la plupart des pays dits en voie de développement.
    Je m’intéresse beaucoup au sujet et je voudrais avoir d’information complémentaires sur la gestion des boues de vidanges.
    Quellle est l’entreprise qui se charge de la collecte, du traitement et du déversement du liquide jaunâtre dans l’océan atlantique?
    S’agit-il de l’état ou bien d’une entreprise privée? et quelle le rôle du secteur privée dans la gestion des boues de vidanges dans la ville de cotonou et si possible dans la capitale politique Porto-Novo.
    Merci et bonne continuation.
    Ne vous lassez pas de nous informer!

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