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Le triomphe de la vérité

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Entretien exclusif avec l’ex Secrétaire général du gouvernement: Dossoumou parle de Yayi, des Fcbe, du Fard-Alafia et du Forum des cadres politiques


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L’ex secrétaire général du gouvernement, Eugène Dossoumou

Eugène Dossoumou, ancien Secrétaire Général du gouvernement sous le régime Yayi Boni, entre autres hautes fonctions, parle à cœur ouvert de cet homme d’Etat et des relations qu’ils ont entretenues durant leur longue collaboration. Membre actif de Fard-Alafia, il revient également sur le parcours et les péripéties connus par ce parti de masse depuis sa création en 1994. Le Forum des cadres des partis et mouvements politiques tenu le samedi 23 septembre 2017 dont il a assumé la présidence du comité d’organisation est également évoqué dans cet entretien exclusif réalisé par votre journal.

 

L’Evènement Précis : Monsieur Eugène Dossoumou, vous avez été un très proche collaborateur de Boni Yayi pendant ses deux mandats présidentiels, avec entre autres fonctions occupées, le poste du Secrétaire Général du gouvernement. Dites-nous à quand remontent vos premiers rapports avec le président Yayi ?

 

Eugène Dossoumou : Il faut avouer que déjà en 2002, j’avais eu mes premiers contacts avec le président Boni Yayi, à l’époque, président de la Boad, parce qu’on avait des prémices qu’il pourrait être candidat en 2006. J’étais à l’époque sous-Préfet de Savè, et dans la région Tchabè, il y avait une association dénommée Imonlè qui était constituée des cadres de Savè et de Ouessè. En 2002, si mes souvenirs sont bons, le président Boni Yayi nous a rencontrés au Bénin Marina Hôtel, j’étais de la délégation à l’invitation d’Imonlè. Je ne me rappelle plus exactement de la date, mais c’est le jour où, en tant que président de la Boad, il avait signé un accord de 4 milliards de FCFA avec le gouvernement béninois pour l’assainissement de la ville de Djougou. C’est le fait qui a justifié sa présence sur le territoire national à l’époque, et il en avait profité pour nous recevoir. On se disait donc pourquoi ne pas le soutenir. Mais j’avoue que j’avais déjà commencé une vie militante bien avant. Tout ce que le Président Yayi nous disait, je l’acceptais, parce que c’était de grandes visions qu’il annonçait pour le pays. On ne pouvait pas ne pas y croire. Et pour avoir déjà une certaine expérience de l’administration territoriale, je convenais de tout avec lui.

 

 Vous étiez à l’époque déjà militant du Fard-Alafia qui manifestait pourtant des signes dans le sens d’une candidature interne ?

Oui, cela est vrai. Et je me disais effectivement que si mon parti devrait présenter un candidat, autre que le président Boni Yayi, je soutiendrais d’office ce candidat. Mais on en était là, lorsqu’il y a eu quelques petites difficultés au sein de Fard-Alafia, pour choisir vraiment un candidat. En vérité, si le Fard-Alafia n’était pas un parti de masse, cela ne poserait aucun problème. Je ne veux citer aucun parti, mais vous savez ce qui se passe, où le président est le tout puissant, et sa candidature à une élection devient une évidence et s’impose à tous.

 

Quelles sont les raisons qui vous fondent à dire que le Fard-Alafia est un parti de masse ?

Le parti de masse est un parti, qui n’est pas, comme nous avons l’habitude de le voir, un parti entreprise. Nous sommes ici dans le cas où ce n’est pas un président du parti qui donne des injonctions et que vous êtes obligé d’aller dans son sens. Dans un parti comme Fard-Alafia, c’est tout le monde qui s’exprime. On n’a pas de président chez nous, mais plutôt des secrétaires généraux. Si vous suivez le parcours du Fard-Alafia, nous avons déjà connu pas mal de secrétaires généraux. Je peux vous citer des noms comme le ministre Saka Saley qui a été le tout premier secrétaire général, Sacca Kina, Daniel Tawéma, Ousmane Batoko, ainsi de suite. Moi qui vous parle, pendant notre période de crise, j’ai également assumé le rôle de secrétaire général par intérim. Et c’est au congrès de 2010 qu’on a fini par désigner l’actuel secrétaire général, le préfet Zourkanéyini Toungouh. C’est pour dire que la libre expression, l’alternance et le jeu démocratique s’apprennent au sein du parti Fard Alafia. Alors, si on est dans un contexte de renouveau démocratique, comme nous le disons depuis 1990, et que vous voyez un parti comme Fard-Alafia qui vous met dans un contexte d’exercice du pouvoir suivant une ligne démocratique, vous ne pouvez qu’être heureux. En tout cas, j’y trouve mon bonheur là-dedans. C’est pourquoi j’ai toujours dit à ceux qui veulent m’entendre que mon appartenance à Fard-Alafia est non négociable. Le jour où j’ai fini d’être le militant de Fard Alafia, c’est que je ne suis plus le militant d’aucun autre parti. Le Fard-Alafia peut connaître des mutations, mais tant que les valeurs morales et politiques qui sont les siennes aujourd’hui ne sont pas changées, j’y serai toujours.

 

Est-ce que ces valeurs sont restées vraiment intactes à ce jour ?

Je peux vous dire oui que ces valeurs sont restées intactes. Seul ce qui a changé, c’est la cacophonie des ambitions. Et c’est pour cela que je vous disais, qu’en 2006, lorsqu’on devrait choisir un candidat pour aller aux présidentielles, tout de suite, beaucoup de candidatures se sont révélées et se sont exprimées. Alors, on était dans l’embarras de choix. Et à l’intérieur du parti Fard-Alafia, beaucoup de militants se sont engagés derrière d’autres candidats. J’avoue que j’ai été de ceux-là et je ne dirais pas que je ne le regrette pas. C’est la seule fois où j’ai désobéi à mon parti. Et pour cause. Vu cette cacophonie, un parti aussi géant comme le Fard-Alafia n’est pas parvenu à désigner un candidat. Je voyais malheureux, le secrétaire général d’alors, le ministre Daniel Tawéma envers qui j’ai beaucoup de respect, parce que l’accompagnement qu’on devrait lui apporter n’y était pas. Ensuite, il faut avouer aussi qu’il y a peut-être certaines raisons. Vous savez comment sur la scène politique, on se donne des coups. A l’époque, le nom du ministre Tawéma avait été cité dans une sulfureuse affaire qu’on avait appelée affaire « Amani ». Tout cela avait donc concouru à diminuer les chances de notre candidat. Le problème qui s’était posé à moi à l’époque était donc de savoir, entre le candidat de mon parti, celui pour qui j’ai le cœur et l’autre candidat Boni Yayi, dont l’opinion disait aussi beaucoup de biens, qui choisir ? Comme vous l’avez constaté, mon candidat Daniel Tawéma avait échoué à cette élection présidentielle de 2006 et Boni Yayi l’avait gagnée.

 

 Et c’est pour cela que le parti a connu une crise grave à l’époque ?

Exactement. La question était de savoir s’il faut changer la tête ou pas. Les réflexions ont amené à ses analyses-là. Ou on change la tête pour être en bonne intelligence avec le pouvoir qui est entrain de se mettre en place, ou on va à un autre congrès extraordinaire. Ce ne sont pas des ennemis, Daniel Tawéma et Boni Yayi, mais toujours est-il que parce que les deux ont été candidats, ils sont donc des adversaires politiques. Voilà des questions qui se posaient à nous. C’est vrai que moi, j’étais déjà au palais de la présidence sous le président Boni Yayi en tant que deuxième secrétaire général du gouvernement quand les problèmes ont commencé par se poser. Il y avait eu d’autres réunions où il était demandé de désigner un autre secrétaire général pour remplacer le ministre Tawéma. Nous étions un certain nombre de personnes qui n’étaient pas d’accord. On en était là quand on dit qu’on crée Alafia. Moi je n’ai pas participé au congrès constitutif de Alafia ni à quoi que ce soit concernant ce parti à ce jour. La seule certitude que j’ai est que Alafia est parti du Fard-Alafia. Mais aujourd’hui Alafia et Fard-Alafia, c’est même famille en fête.

 

 A qui a profité la création de Alafia à cette époque ?

Je ne le sais pas. Certainement qu’il y a des gens bien indiqués pour répondre à cette question.

 

 D’aucuns avaient soupçonné dans le temps que c’est le président Yayi qui serait à l’origine de la création du parti Alafia pour fragiliser Fard-Alafia?

Le président Boni Yayi ne m’a jamais dit cela, donc, excusez-moi, je ne veux pas m’étendre davantage sur la question. Ce que je peux vous dire, c’est que je n’ai pris part à aucune activité d’Alafia. Je ne peux donc pas en parler, puisque le président Boni Yayi dont j’étais le collaborateur à l’époque ne m’en avait même pas fait grief. Et rien n’a changé dans nos rapports de collaboration à cause de cela.

 

Aujourd’hui, on se rend compte qu’après toute cette crise qui a conduit à la création de Alafia et autres, vous êtes dans une nouvelle dynamique de regroupement, raison ayant motivé le forum des cadres des partis et mouvements politiques que vous avez organisés le samedi dernier. Pourquoi une telle initiative ?

Il faut aussi dire que, c’est vrai, Alafia était créé, mais son évolution sur le terrain, n’a gêné personne. Alafia évoluait, Fard-Alafia aussi évoluait. Ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes toujours demeurés des camarades. S’il y a un problème, les premiers à qui le Fard-Alafia s’adressait, ce sont les responsables de Alafia. Donc, on était apparemment deux partis, mais dans le subconscient de chacun de nous, c’était comme si on n’était pas fondamentalement divisé. Même au lendemain de la création de Alafia, nous avions senti le besoin de toujours rester ensemble. Et lorsque l’idée de Fcbe a germé, où personne ne parlera plus forcement de Fard-Alafia, d’Alafia et autres, nous avons tous accepté d’être les membres fondateurs de cette nouvelle alliance politique. Je peux vous dire, toute modestie gardée que les textes fondamentaux du parti Fard-Alafia ont beaucoup servi à élaborer les textes des Fcbe et le Fard-Alafia y a fortement contribué. Pour revenir à votre question à propos de l’initiative du forum, en réalité, personne n’avait jamais voulu des séparations. Entre tous les partis ayant pris part à ce forum, nous ne vivions pas avant dans l’animosité ni des affrontements en fait. On était toujours resté ensemble. En chacun de nous, il y a ce sentiment qu’on n’était pas différent, les uns et les autres. Nous sommes de la même famille. Et à plusieurs reprises, soit à l’initiative de l’un ou de l’autre, nous avons senti le besoin de nous reconstituer pour être au service du pouvoir d’alors. Mais comme on a dit Fcbe, nous avons jugé d’évoluer avec Fcbe.

 

 Vous n’aviez pas été déçu en faisant ce choix ?

Bon, je ne voudrais pas être affirmatif sur cette question, mais nous avions pensé qu’on devrait aller au-delà de Fcbe, en tant qu’alliance. Fcbe, je vous avoue, à un moment donné nous a paru comme une nébuleuse. On ne savait pas quelle est l’instance qui prenait les décisions. Qui sont les militants ? Qui sont les leaders ? Excusez-moi de parler ainsi, mais c’est un panier à crabes. C’est une maison, où un jour pour une question d’humeur, tu peux y sortir et aller faire autre chose et deux jours après, quand tu es allé tenter ton expérience de l’autre côté et cela n’a pas marché, tu reviens et tu es mieux accueilli que celui qui est resté à garder la maison. Quelle est cette maison ? Dans quelle maison, quelque chose marche comme ça ? Vous voyez une maison, où certains qui ne sont pas même ses fils et qui ont passé tout le temps à lancer des cailloux contre elle, y retournent et deviennent subitement des mouvanciers. A cause de cette pratique, Fcbe est restée alliance. Cela m’a fait beaucoup rire quand les critiques ont jailli de toute part Lorsque le bureau exécutif du Fard-Alafia s’est réuni le premier juillet 2017 pour dire que notre parti suspend ses activités, parce que jusque-là, on n’a pas encore parlé de retrait. Moi, je comprends, Fcbe, ce n’est pas une formation qui a été créée pour aller conquérir le pouvoir, elle est venue gérer le pouvoir. Et là, il faut faire très attention. Entre les partis ou alliances de partis ayant travaillé à conquérir le pouvoir et à l’exercer et les partis ou alliances de partis qu’on a formés comme ça, parce qu’il y a le pouvoir à gérer, chacun reste dans sa position et observe l’autre. Pour mon avis personnel, Fcbe était une famille tout autre que le Fard-Alafia par exemple. En tout cas, nous avons fait l’expérience des Fcbe et nous avons tiré des leçons. Nos députés issus du Fard-Alafia et qui ont été certes élus sur la liste Fcbe, ne se sentent plus concernés par les nouvelles orientations de l’alliance, et de fait, vous avez vu, ils ont marqué leur désaffection à l’hémicycle, parce qu’ils sont des députés Fcbe, et des décisions sont prises au niveau de l’alliance sans qu’ils ne soient associés, alors qu’il a été institué un cadre de concertation des chefs des partis politiques. Le Coordonnateur national des Fcbe est là, et ce sont d’autres personnes qui se lèvent et qui parlent. On se demande à quel titre ? Et ce sont eux qui dictent aux députés les conduites à tenir. On est où là ? Voilà peut-être un monsieur qui n’est pas élu, qui n’est connu nulle part au chapitre et qui sort et vient parler des Fcbe ?

 

 Au regard aujourd’hui des personnalités qui figurent dans le forum et qui soutiennent les actions du chef de l’Etat, on a l’impression que c’est un avis d’appartenance au régime de la rupture ?

On ne peut permettre à personne de ne pas faire ses analyses et ses commentaires. Mais fondamentalement, le Fard-Alafia n’a rien contre le régime en place. Il peut avoir des personnalités qui ont peut-être des griefs. La plupart des leaders que vous voyez et même nous, il n’y a en tout cas, aucun grief pour le moment. Ce qui nous tient à cœur, c’est qu’au-delà des hommes, il y a le pays. En fon, un adage dit que si le vêtement porté par ton ennemi le sied, il faut le lui dire clairement. Nous autres, n’avons pas d’a priori au sujet de quelqu’un. S’il fait bien, nous devons pouvoir dire qu’il fait bien et appeler à l’accompagner. Mais s’il fait mal, nous devons aussi pouvoir lui dire attention, si nous sommes à ses côtés, tirant leçon de nos expériences. Regardez aujourd’hui l’état de paupérisation générale dans lequel vit notre pays. Un régime vient et a des ambitions. Et vous constatez que ces ambitions étaient également les vôtres, vous faites comment ? A bien des égards, moi j’ai pu remarquer que les ambitions qui sont portées par le pouvoir en place ont été aussi celles du régime précédent. Alors, pour quelles raisons, j’ai à avancer, étant entendu que ce sont les mêmes ambitions, que je ne soutiens pas parce que ce n’est plus la même personne. Dans ce cas là, ce sont donc des personnes qui me préoccupent et non le développement.

 

 Monsieur Eugène Dossoumou, dites-nous aujourd’hui, quels sont vos rapports avec le président Boni Yayi ?

Ce sont des rapports, je dirais plutôt bons. C’est vrai, depuis un certain temps, on ne sait plus vu souvent, le président Yayi et moi. Je constate qu’après le pouvoir, il y a une autre vie. Vous connaissez le président Boni Yayi pour son côté très actif aussi bien sur le plan national qu’international. Il est depuis peu beaucoup sollicité à l’étranger. Pour un homme comme ça, il ne faut pas dire parce que vous ne vous voyez pas, il y a un problème. Moi, je crois que nos rapports, comme je viens de le dire, sont des rapports plutôt très bons, et je voudrais profiter de cette tribune pour remercier le président Boni Yayi, parce qu’à ses côtés, j’ai quand même évolué pendant 10 ans. Et il n’y a eu aucun accrochage entre lui et moi. On a travaillé en parfaite collaboration. C’est normal que de temps à autre, le Chef peut gronder son collaborateur, cela est arrivé.

 

Un exemple ?

Non, je ne peux pas vous en citer un ici

 

 Il parait que vous êtes parti frustré de l’entourage de Boni Yayi, pour des promesses non tenues, par exemple, pour n’avoir jamais été nommé ministre durant tout le temps passé avec lui ?

Etre nommé ministre ou ne pas être nommé ministre, pour moi, il y a également une question de destin. Pour des amis qui m’ont côtoyé, j’ai toujours dit depuis 2006 que mon souhait n’est pas d’être ministre du président Yayi Boni. Et les gens me disent pourquoi ? Je dis, comme ça, mon souhait n’est pas du tout d’être son ministre. On me dit, vous pensez qu’il martyrise ses ministres ? Et je réponds que je n’ai jamais été ministre de Yayi Boni pour le savoir, mais moi je ne veux pas.

 

 Quelles sont vos raisons ?

Je dois d’abord préciser que ce n’est pas d’être un ministre qui ne m’a jamais intéressé, mais d’être son ministre. Parce que quoi, écoutez, chacun en lui, porte une certaine fierté et une certaine dignité. Avec le président Yayi, les gens ont tendance à croire qu’il privilégie, les gens de son groupe ethnique. Pour ma part, qu’il ne me nomme pas ministre si cela peut servir à atténuer ce sentiment, cela ne me gène pas. A mon âme et conscience, j’ai vu des gens qui sont nommés ministres et qui sont tout simplement traités d’avoir été promus à ce poste parce qu’ils sont du même groupe ethnique de Yayi Boni, il y a quelque chose qui me frustre moi dans ces genres de propos. C’est-à-dire que je n’ai aucune valeur. Mais moi, j’ai un parcours, et c’est dénier mes valeurs et mes qualités en disant, on l’a nommé simplement parce qu’il est du même groupe ethnique que Yayi Boni. Je ne peux jamais accepter cela. Et autre chose que je vais vous dire : tout le temps que j’ai été collaborateur du président Yayi Boni, j’ai toujours essayé de garder une certaine distance par rapport à ses orientations politiques. Je suis un collaborateur et un fonctionnaire par-dessus le marché où on me donne des instructions et j’exécute. Je n’ai pas à prendre des positions politiques ou me mettre à quatre pour dire, je soutiens. C’est même contraire à la déontologie du métier d’administrateur civil qui est le mien.

 

Dites-nous alors Mr Eugène Dossoumou, comment s’est globalement déroulée la fonction de secrétaire général du gouvernement que vous avez exercée aux côtés du président Boni Yayi pendant un bon moment ?

Je ne dirai jamais rien sur la fonction du secrétariat général du gouvernement. Ce que je peux vous dire, simplement, c’est un honneur si vous êtes nommé à ce poste et c’est pour cela que je dis encore, que je réitère ma reconnaissance au président Yayi Boni qui m’a fait l’honneur de me nommer à ce poste, d’abord en tant qu’adjoint puis à tête. Et ensuite, il m’a envoyé à la tête d’une institution à savoir, l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), même si ce n’est pas une institution constitutionnelle comme certains le disent, avouons quand même que c’est une marque de confiance. Je voudrais aussi souligner que le secrétariat général du gouvernement est également une fonction noble mais très contraignante. Si des secrétaires généraux du gouvernement doivent vous parler de ce qu’ils savent et de ce qui entoure cette fonction, il y a longtemps qu’ils auraient déjà détruit ce pays. Mais je dois vous dire que cela a été très formateur pour moi, parce que cela a relevé mon niveau de responsabilité quant au rôle qu’on me confie. Aujourd’hui, j’ai un sens de responsabilité plus aigu des choses qu’on me confie. Il n’y a plus rien aujourd’hui que je tiens à la légère. Une lettre anonyme écrite par quelqu’un que vous ne connaissez et qui vient sur le bureau du secrétaire général du gouvernement, ne la négligez pas parce que cela n’a pas de nom, ou ci ou ça. Tout ce qui l’entoure avant qu’elle ne parvienne à votre table, vous ne le savez pas. Il faut donc la prendre très au sérieux. Pour tout dire, le travail du secrétaire général du gouvernement aiguise votre conscience professionnelle et à tout moment, vous êtes aux aguets. Vous devrez resté tout le temps éveillé et vigilant, même face aux propos les plus anodins. Je vais vous faire une confidence : le jour où j’ai su que je ne serai plus pendant longtemps secrétaire général du gouvernement, c’est le jour où, une personne très proche du chef de l’Etat, sort d’une audience avec lui, me rencontre dans la cour et me dit : « le tout puissant secrétaire général du gouvernement ». J’ai alors dit, c’est fini, je n’y serai plus pour longtemps. J’ai réfléchi toute la journée et je me suis posé la question de savoir pourquoi, cette personne que je connais très proche du chef de l’Etat me qualifie ainsi. C’est vrai, cela peut paraître flatteur, mais il faut commencer à réfléchir, parce que lui qui est ainsi dans cette position avec le Chef de l’Etat, trouve que tu es un tout puissant, il faut poser déjà la question de savoir ce qu’il a pu dire à ton patron à cette audience.

 

 Depuis qu’il est parti du pouvoir, et même pendant la campagne pour la présidentielle, certaines personnes clament partout que « Yayi, c’est fini ! » Qu’est-ce que vous en dites ?

C’est une boutade propre au temps des campagnes électorales. Cela me rappelle une autre boutade que le Général Mathieu Kérékou, paix à son âme, avait lancée à l’endroit du ministre Sacca Lafia lors de la campagne électorale de 2001. Quand le Général est arrivé à Pèrèrè, il disait, je suis venu ici et je cherche le bouvier qui voulait me faire sortir par la petite porte. Je pense que ce sont de petites piques que les politiciens se lancent lors des campagnes électorales et qu’il ne faut pas sortir de ce contexte là pour en donner une autre dimension. Alors, moi je sais, que ça soit le président Boni Yayi, le président Kérékou ou le président Maga, et même au-delà de nos frontières avec un Mandela, un Loumbouba, un Sankara ou encore plus loin, un Martin Luther King, est-ce que c’est réel de dire que des hommes comme çà sont finis. Pour ma part c’est faux. Aucun homme ne finit, même le bébé qui nait aujourd’hui vous marque toute votre vie, à plus forte raison, quelqu’un qui a occupé les plus hautes fonctions de l’Etat. Et quand vous prenez un activiste comme Boni Yayi, il n’est ni fini et n’a même pas fini.

 

Après le forum des cadres des partis et mouvements politiques tenu samedi dernier, quelle est l’étape qui suivra après selon vos projections ?

Nous venons de lancer la balle. Et si nous la laissons comme ça, c’est d’autres qui vont la jouer. Ce que je voudrais dire, c’est qu’après le forum, nous avons à maintenir le cap. Nous n’avons plus à rien relâcher. Nous devons être vigilants et éveillés et surtout poursuivre ce que nous avons commencé. C’est déjà heureux que parmi tous ceux qui sont venus à ce forum, personne n’a contesté son bien fondé. Nous nous attèlerons à poursuivre les actions pour atteindre tous les objectifs visés. C’est samedi seulement que nous avons mené la première activité et nous attendons que chaque parti fasse le point à sa base avant de décider de la suite. Mais pour ma part, c’est le moment de foncer. Comme l’a laissé entendre à l’occasion de ce forum, le secrétaire général du Fard-Alafi, Zourkaneyi Toungounh, paraphrasant un auteur, « lorsque vous entreprenez quelque chose, vous avez contre vous, ceux qui font la même chose, ceux qui font justement le contraire de ce que vous faites et la grande masse de ceux qui ne font rien ». Nous nous devons donc de nous armer contre tout cela. Et aussi dans le discours du ministre Sabai Katé, il a été clair : se mettre ensemble ou disparaitre, telle est l’équation qui reste à régler aujourd’hui. Quand des responsables à ce niveau se posent des questions jusqu’à ces termes, vous comprenez que c’est une adhésion totale. Le reste, c’est de la faisabilité.

 

Est-ce que cela règle en partie la question de la réforme du système partisan ?

Nous nous inscrivons dans cette dynamique. Vous savez que le président Patrice Talon a proposé une réforme dans ce sens. En réalité, les textes existent déjà, mais par endroits, ils sont faibles dans les dispositions. Et il faut les renforcer. Il faut donc commencer cette réforme par la révision des textes qui fondent les partis et leur rôle dans l’animation de la vie politique.

Propos recueillis par Christian TCHANOU

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