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Le triomphe de la vérité

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Edito: La Chine a pris les devants


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Si l’on s’en tient aux derniers chiffres fournis par le Financial Times, la Chine est désormais le premier investisseur direct étranger en Afrique. C’est ce que souligne le rapport 2017 sur les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique, rendu public par le magazine. Il montre en effet  que la Chine est devenue, pour la première fois depuis la création de ce rapport en 2003, le premier investisseur sur le continent en termes de capitaux investis.

Ils ont augmenté de 40% par rapport à 2015, pour atteindre un total de  92,3 milliards de dollars en 2016, dont  36,1 milliards de dollars investis par le l’empire  du soleil levant.  Celui-ci s’est taillé 39% de tous les capitaux investis sur le continent, devançant de loin l’Union Européenne qui n’est qu’à 12% des investissements pour 11 milliards de dollars.  En clair, le pays concentre à lui seul plus du tiers des investissements étrangers qui entrent sur le continent. Si en 2000, le commerce chinois avec l’Afrique ne faisait que 10 milliards de dollars, il a représenté en 2014, 220 milliards de dollars, soit un accroissement de 2000% en 14 ans.

Ceci s’explique en partie par la présence chinoise dans le secteur de l’extraction minière (or, cobalt, manganèse, pétrole),  mais aussi des infrastructures. Mais le modèle chinois d’investissement ne s’arrête pas aux matières premières. Par exemple, depuis 2000, l’Ethiopie, qui est le deuxième plus grand débouché des investissements chinois sur le continent, l’Ethiopie donc a reçu des ponts, des barrages, des routes, des rails, des usines… pour plus de 12,3 milliards de dollars.

Cette tendance pourrait s’accentuer dans les prochaines années, sauf en cas de crise économique chinoise. Selon une étude d’Afrobaromètre datant de 2016 dans 36  pays, 63% des Africains apprécient positivement cette politique chinoise. Mais les spécialistes des relations internationales savent qu’une intense campagne de dénigrement antichinois est mise en place sur le continent et sa diaspora pour limiter cette fulgurante poussée.  Et c’est pour limiter ces contrecoups géostratégiques, que le pays a aujourd’hui des représentations diplomatiques dans 52  Etats sur 54 en Afrique et reste un grand contributeur aux opérations de maintien de paix sur le continent avec plus de 2000 hommes. En 2015, le président chinois s’est même engagé à investir sur trois années 60 milliards de dollars pour financer les projets des gouvernements africains. La mise en place du mégaprojet dit des nouvelles Routes de la Soie, destiné à lancer un train d’investissements massifs dans les infrastructures à travers le monde, devrait doper ces investissements, notamment auprès des entreprises chinoises, publiques et privées.

Vu d’Europe et d’Amérique, cette stratégie chinoise est en parfaite contradiction avec les canons même du capitalisme occidental. Contrairement aux pratiques développées par les puissances occidentales en Afrique, et qui consistent à s’imposer par tous les moyens, y compris par la guerre, les insurrections politiques ou l’humiliation des dirigeants africains, les dirigeants chinois misent sur une intelligente bannière qui leur réussit plutôt bien jusqu’ici. La Chine vient en ami et le proclame, dans les paroles comme dans les actes. Cette politique est motivée par une philosophie du développement solidaire, le pays étant convaincu que son propre progrès est tributaire de celui de ses partenaires. Pour la simple et pertinente raison que la Chine estime que les pays africains pourraient lui servir de pneus secours en cas de crise économique grave.

Bien entendu, ce n’est pas de l’angélisme. Cette stratégie est efficace puisqu’elle se base surtout sur la compétitivité des entreprises chinoises qui offrent souvent pour moitié prix, voire moins, des infrastructures salutaires dont les Africains ont besoin. Jusqu’ici, la stratégie repose sur les subventions de l’Etat et la très bonne qualité des ingénieurs chinois grâce à un système éducatif hautement compétitif et orienté métier.

Que signifie donc tout cela pour le Bénin ? Que oui, le pôle de progrès du monde s’est déjà déplacé vers l’Asie. Pour ceux qui en doutaient, il suffit de savoir qu’aujourd’hui, avec la crise financière de 2007, quatre banques chinoises figurent parmi les cinq plus grandes au monde : ICBC, China construction Bank, Agricultural Bank of China et Bank of China. Elles soutiennent activement les investissements des entreprises désireuses de travailler hors du pays. Mais le Bénin ne semble pas prêt à accueillir tous ces investissements qui vont plutôt en Afrique du Nord, au Kenya, en Ethiopie ou en Afrique du Sud. Nous n’avons mis en place aucune politique d’accueil capable de les drainer. Au contraire, et j’en suis un témoin vivant, une bonne partie des investisseurs chinois qui viennent au Bénin, s’en vont ailleurs avec leurs milliards.

Olivier ALLOCHEME

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