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Le triomphe de la vérité

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Décryptage des 57 ans d’indépendance du Bénin par Edgard Kpatindé: « Après 57 ans d’indépendance, les richesses restent monopolisées par quelques-uns »


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Entretien avec Edgard Kpatindé, les 57 ans d’indépendance du Bénin

« Ce qui se passe en ce moment est préoccupant », s’indigne Edgard Kpatindé, observateur averti de la vie politique béninoise. Personnalité bien connue de la scène politique et socio-économique béninoise et administrateur de sociétés, i3S, un cabinet qui conseille entreprises et organisations dans leur développement international et qui intervient aussi auprès de certaines institutions spécialisées dans les questions de sécurité globale, Edgard Kpatindé ne garde pas sa langue dans la poche lorsqu’on l’interroge sur la gouvernance africaine de ces dernières. Très amer dans son constat et sans langue de bois, il se désole de ce que « La gouvernance a régressé à peu près partout en Afrique ». Interrogé sur les sujets chauds de l’actualité, ce juriste de formation et administrateur de sociétés, exprime son amertume « après 57 d’indépendance, les richesses restent monopolisées par quelques » voici de ses réponses à nos questions.

Monsieur Edgard Kpatindé, pour vous qui êtes un observateur averti de la vie politique béninoise, voire africaine quel est votre constat de la vie politique béninoise en ces 57 années d’indépendance du Bénin?

Edgard Kpatindé: Il n’est pas facile de faire le bilan de ces 57 années. Le Bénin n’est pas un pays isolé et on ne peut porter de jugement qu’en l’intégrant dans son environnement, l’espace politique et économique qu’est la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
Il est anormal qu’en 2017 les pays ouest africains soient encore incapables de maîtriser les codes démocratiques : le Mali, le Niger, le Togo, le Burkina Faso, le Bénin…On embastille comme à l’époque des rois de France, d’ailleurs on devrait payer des royalties en copiant la France à chaque fois. Plus sérieusement, il serait temps de s’émanciper de ces mœurs d’un autre âge, et que les chefs d’Etat africains et les peuples acceptent l’idée de l’alternance. Il y a une vie après le palais présidentiel…
La gouvernance a régressé à peu près partout en Afrique, ce n’est pas moi qui le dit. C’est écrit dans le dernier classement de la banque mondiale sur le sujet.
Le Bénin a accepté le jeu de l’alternance, parce qu’il y a des veilles permanentes et nous avons des institutions plutôt fortes.
Mais ce qui se passe en ce moment est préoccupant. Je n’aime pas me prononcer sur des dossiers quand je ne dispose pas de tous les éléments, mais on aimerait être certain qu’il n’y a aucune arrière-pensée dans cette chasse sélective à la mauvaise gouvernance. Ceci dit, tous ceux qui exercent des responsabilités à quelque niveau que ce soit, doivent rendre nécessairement compte de leur gestion.

Et sur le plan économique quel constat faites-vous ?
Au niveau économique, il est urgent de faire émerger une conscience collective de l’intérêt général, qui garantisse que les efforts de chacun soient récompensés. Ce que l’on constate est révoltant, après 57 de ce que vous appelez indépendance, les richesses restent monopolisées par quelques-uns. Trouvez-vous ça normal ?
Tous les gouvernants ont échoué dans la recherche d’une économie de partage qui assure la redistribution des richesses.
En 57 ans nous n’avons pas su trouver des solutions pour renverser cette tendance fâcheuse où l’informel fait perdre à l’Etat, presque 95% de ses revenus. Et dans cette incapacité à trouver une solution, il est plus facile de récupérer cette perte sur les sociétés qui ont choisi de respecter les règles du jeu. C’est un constat d’échec.
Ce que je retiens de positif, c’est l’acharnement à donner un avenir meilleur à leurs enfants, de ceux que personne n’écoute ; c’est la détermination de certains jeunes entrepreneurs, c’est la créativité de certains artistes. Ce sont les femmes qui doivent se battre pour sortir de la soumission que leur impose une société de machistes pervers, mais qui arrivent malgré tout …ensemble ils sont le Bénin d’hier d’aujourd’hui et de demain.

Propos receuillis par Gérard AGOGNON

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