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Le triomphe de la vérité

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Edito: Dégénérescence


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Je m’étais formellement interdit de parler de Vano, même en privé, jusqu’à ce que je tombe, hier, sur une information apparemment scandaleuse. En Arabie Saoudite, la vidéo d’une femme en jupe, marchant dans un fort historique à Ushaiqer, un village situé à 200 kilomètres au nord-ouest de la capitale Riyad, a fait polémique. La femme a été appréhendée et interrogée par la Commission pour la promotion de la vertu et de la prévention du vice, en coordination avec la police religieuse ! Police religieuse ? Que oui ! Pour protéger leur culture de la dépravation extérieure, les Saoudiens n’ont rien trouvé d’autre à faire que d’installer une police qui s’occupe de régenter le comportement des citoyens. Son rôle est de veiller à la bonne conservation des valeurs intrinsèques de la nation. Ici, au Bénin, une partie de la population s’indigne contre tous ceux qui disent à Vano d’arrêter son train de dépravation lancé à vive allure contre nos mœurs. Et le paradoxe est saisissant.
Les photos ahurissantes que nous avons vues, les vidéos indécentes qui ont circulé ne donnent qu’une seule version de ce spectacle insoutenable : on a dépassé les bornes. D’autant d’ailleurs que l’artiste lui-même dira plus tard qu’il reconnaît que des mineurs étaient présents dans la salle. Des mineurs avaient donc été amenés à suivre en direct toutes ces obscénités, à les chanter par surcroît. Chanter quoi donc ?
En plus de la pornographie de bas étage, il faut écouter les autres incongruités qui se débitent dans les chansons de l’artiste. Là où on parle d’assassiner son propre frère à cause d’un sachet d’eau, là où on parle de boire le sang de quelqu’un avec une pipette… Ceux qui ont amené leurs enfants à ce spectacle, samedi, en ont eu pour leur compte. Ils sont excusables puisque les organisateurs, ni à travers la publicité, ni dans la salle elle-même, n’avaient jamais prévenu que l’événement était bien réservé aux adultes. Et même alors…
L’art se nourrit de controverse. Tous ceux qui observent la scène culturelle savent que l’autodafé est la meilleure réclame pour une œuvre de l’esprit. Les exemples sont légion dans l’histoire, de Charles Baudelaire (avec ses fleurs maladives) à Eric Zemmour (avec son suicide français). Au Bénin même, les installations aux airs sombres d’un Dominique Zinkpè sont une forme d’agression de la société, comparées à l’œuvre de Ludovic Fadaïro. La suggestion intimiste de Laudamus est aux antipodes des turgescences spirituelles de sœur Henriette Goussikindé. Nous sommes dans le domaine de l’esprit où l’expression exalte le sens. Mais il faut du contenu à ce sens, il faut de l’épaisseur pour que l’esprit inspire. L’art n’est pas du dévergondage. Parce qu’avant et après l’artiste, il y a une société dont l’équilibre réside dans ses valeurs. Et c’est pourquoi, les artistes doivent être conscients de leur responsabilité sociale. Cette responsabilité est d’autant plus cruciale aujourd’hui que la perte des assises fondamentales de notre culture est une menace à notre existence même en tant que peuple. Et si nos valeurs se liquéfient, nous n’existerons plus en tant que pays.
J’entends certains parler de modernité, de civilisation, de liberté…Malgré toute la liberté (et le libertinage) de la société française, Vano peut-il donner son spectacle pornographique en France devant des mineurs ? Quel organisateur de spectacle peut oser faire aux Etats-Unis ce qui s’est passé samedi ? Ceux qui nous comparent chaque fois à l’Occident devraient se rendre compte que chaque société possède des valeurs culturelles qui font son équilibre et assurent sa pérennité. Si nous échouons à les faire inculquer à nos enfants, il nous sera impossible de mesurer les conséquences qui vont en découler. Autant on salue les performances artistiques qui célèbrent le sexe ou le viol aux Etats-Unis, autant il ne faut pas oublier que ce pays a secrété pratiquement la société la plus violente au monde, un niveau d’impolitesse insoutenable des enfants et des adolescents et un niveau de stress inimaginable sous nos cieux. Voulez-vous transplanter à Cotonou les meurtres de Los Angeles ou la déliquescence généralisée de Kinshasa ? Si oui, soyons prêts à en subir les conséquences inévitables, sur nous et nos enfants.
Je veux en réalité parler d’une prévention. Ailleurs en Occident, les enfants épousent déjà leur grand-mère…Et il ne tient qu’à nous pour que ces déviances ne deviennent pas la norme ici au Bénin.

Par Olivier ALLOCHEME

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