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Le triomphe de la vérité

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Forum du Crans Montana: Me Houngbédji salue la vitalité du Partenariat Chine-Afrique


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Une délégation du Parlement béninois conduite par son Président, Me Adrien Houngbédji, prend part depuis le mercredi 05 juillet 2017, aux assises de la 28ème Session du Forum de Crans Montana à Barcelone. Au lendemain de l’ouverture des assises, le président Houngbédji s’est adressé officiellement aux décideurs du monde. Il a apprécié la vitalité du Partenariat Chine-Afrique avant de se prononcer sur la portée économique et politique du projet de la Nouvelle Route de la Soie. Il n’a pas manqué de faire quelques propositions qui permettront à l’Afrique d’en profiter. « Elle vise à être le début d’un partenariat global où les interlocuteurs parlent un langage commun, celui de la co-croissance nourrie par les échanges économiques ».

DISCOURS DU PRESIDENT L’ASSEMBLEE NATIONALE AU FORUM DE CRANS MONTANA

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Avant tout propos, je voudrais remercier les organisateurs des assises de la 28ème Session du Forum de Crans Montana qui rassemble les pays de la Route de la Soie, de la Méditerranée, d’Afrique et du Moyen-Orient. Je voudrais en particulier remercier Monsieur Pierre-Emmanuel QUIRIN, Président dudit forum dont l’importance depuis presque trois décennies n’est pas à démontrer. Le parlement béninois se félicite de sa participation aux travaux de Barcelone (Espagne) qui abordent les questions majeures en lien étroit avec la paix, la stabilité et le développement qui se posent aujourd’hui à la communauté internationale. Mon souhait est de voir l’humanité plus à l’écoute de la nature et de la terre à travers la solidarité internationale. Une humanité à l’écoute de l’humanité.

Mesdames et Messieurs,
Il y a plus deux millénaires maintenant, des commerçants d’Asie centrale et d’Europe ont ressenti le besoin de se rencontrer pour échanger des biens. Naissaient alors les premiers tracés devenus célèbres sous le nom de Route de la Soie. C’est le besoin de l’échange qui créa la rencontre. Les entités politiques de l’époque prient alors la décision stratégique d’enrichir cette rencontre, en créant les infrastructures qui la facilitent et l’optimisent. En prenant connaissance, de l’ambition du gouvernement du Président Xi Jinping de construire une Nouvelle Route de la Soie en 2013, j’ai d’abord été frappé par la portée économique et politique du projet. Au-delà du symbole fort du repositionnement d’un géant au centre de l’économie, la Chine réaffirmait son attachement au principe politique qui a guidé les pas des commerçants de l’historique Route de la Soie et prenait la décision stratégique de créer les infrastructures qui le soutiennent.

Mesdames et Messieurs,
Je viens d’un continent où la présence de la Chine en tant que partenaire économique n’a cessé de se renforcer depuis une dizaine d’années. Qu’il s’agisse de mines, de pétrole ou d’énergie; qu’il s’agisse de l’industrie des télécommunications ou des BTP, les investissements chinois en Afrique sont de l’ordre de 3000 milliards de dollars et sont en continuelle croissance depuis le début des années 2000. Ils s’expriment par l’intense activité de milliers d’entreprises chinoises, (plus de 2500 sur le continent en 2016), et par l’implication du gouvernement dans le financement de l’aide au développement. Mais la Chine a jusque-là, adressé aux pays africains, un discours économique individualisé, qui s’inscrit pour l’essentiel dans le cadre et les aléas de relations bilatérales. Dans un monde globalisé, où les acteurs sont de plus en plus réticents à dialoguer seuls avec des interlocuteurs souvent réunis en communautés économiques, unions régionales, et autres regroupements d’intérêts, le cadres des relations bilatérales, utiles certes, devient un espace d’échanges étriqué, restreint qui ne peut s’enrichir des potentialités grandissantes d’économies à échelle plus large.
La Nouvelle Route de la Soie revêt une autre signification dans le nouveau rapport qu’elle vise à instaurer entre la Chine et l’Afrique : elle vise à être le début d’un partenariat global où les interlocuteurs parlent un langage commun, celui de la co-croissance nourrie par les échanges économiques. Ce langage, commun, l’Afrique le parle déjà de par sa riche tradition d’interpénétration politique et économique. Les regroupements régionaux comme la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont le Bénin mon pays est membre, font partie des articulations de ce langage commun. La liberté de circulation des personnes et des biens au sein de la CEDEAO, crée des espaces élargis d’échanges et rencontre. Les législations et procédures administratives tendent à se rencontrer elles aussi, dans de grands ensembles harmonisés. C’est le cas des procédures comptables et autres législations commerciales, dans le cadre de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA).
De même, des entreprises et institutions financières s’intègrent au sein de marchés boursiers régionaux comme la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale, ou la Bourse régionale des Valeurs mobilières en Afrique de l’Ouest. Et ce sont les peuples africains qui restent les premiers vecteurs de cette interpénétration, tant la transversalité des cultures et des langues fait de nos frontières des espaces de rencontre plus que des lignes de démarcation. Tout ceci contribue à légitimer la double interrogation à laquelle je voudrais nous inviter à réfléchir au cours de ces deux (02) journées de discussions : qu’est-ce-que la Nouvelle Route de la Soie peut apporter à l’Afrique ? Qu’est-ce-que l’Afrique peut apporter à la Nouvelle Route de la Soie ?

Mesdames et Messieurs,
Mon objectif, vous en doutez, n’est pas d’instaurer une hiérarchie entre deux interrogations, et donc une hiérarchie entre les réponses. Au contraire, j’estime que ces interrogations constituent une unique problématique. En effet, les avantages que la Nouvelle Route de la Soie est susceptible d’apporter au continent africain, ne s’apprécient de façon pertinente que lorsque nous les mettons en miroir avec ceux que l’Afrique est susceptible de lui apporter en retour, dans la dynamique d’échange saine et objective où chaque interlocuteur sait pour ainsi dire, ce qu’il en coûte. Pour jeter les bases de cette réflexion, il est utile de s’intéresser au tracé géographique de la Nouvelle Route de la Soie certes, mais aussi à la valeur qui y sera échangée et aux nouveaux rapports politiques et économiques dont elle sera le vecteur.
Le tracé africain de la Nouvelle Route de la Soie décrit par lui-même le positionnement du continent dans ce gigantesque projet économique chinois. Pour rappel, la partie Est du continent bénéficiera d’importants investissements dans ce cadre. Les ports, voies ferrées et routes qui seront ainsi financés par la Chine dans une dizaine de pays du continent, mobilisent près de la moitié des investissements prévus. Si Pékin privilégie la construction de cette ceinture de ports africains, c’est non seulement pour la raison que 90 pour cent de ces échanges avec le continent se font par voie de mer, mais aussi parce que qu’il est possible, je dirais même nécessaire, de faire des côtes du continent, les hubs logistiques auxquels leur positionnement géographique les destine. Il s’agit d’une promesse de forte croissance de l’offre d’emploi et de formation à travers le continent d’une part et d’une invitation des pays africains à continuer leurs efforts vers la création d’environnements politiques, juridiques et des affaires, propices à la circulation de la valeur.

Mesdames et Messieurs,
Les caravanes de commerçants chargées d’épices, de pierres précieuses et d’étoffes rares qui traversaient les plaines d’Asie centrale en direction de la Rome antique sur la première Route de la Soie, étaient à peu de chose près, chargés des mêmes valeurs, des mêmes aspirations que celles qui aujourd’hui, sur les océans et dans le flanc des navires, aliment les échanges de l’Afrique avec le reste du monde. Il s’agit d’un même projet politique pacificateur des échanges commerciaux, que résume l’expression de «doux commerce» que l’emprunte à Montesquieu. Il s’agit tout aussi bien d’un positionnement politique clair en faveur d’un monde plus intégré et plus ouvert. C’est pourquoi il m’est impossible de ne pas entrevoir la responsabilité des politiques et décideurs africains dans la définition et les modalités de ce dialogue avec la Chine et avec leurs autres partenaires en
général. Certes les ambitions de la Chine en Afrique sont à juste titre d’abord orientées par le profit commercial…et militaire puisque deux ports africains dont Djibouti abriteront des bases de l’armée chinoise. Mais en le rappelant, je m’inscris aussitôt dans le même ordre de pensée que Joseph Stiglitz pour qui les échanges commerciaux et plus globalement l’économie ne sont pas des jeux à somme nulle. Oui, il est possible et nécessaire que le continent africain soit tout aussi gagnant que son partenaire chinois. L’instauration d’une relation de confiance et de lucidité me parait indispensable.
A l’objectif de profit réciproque s’ajoute l’objectif de préserver notre environnement et nos espaces de vie : les Etats et les peuples africains se doivent d’être particulièrement exigeants sur ce plan. C’est pourquoi, je voudrais saluer l’engagement de la Chine dans l’élaboration et la signature de l’historique accord de Paris sur les changements climatiques. Le rôle de Pékin dans l’aboutissement de la Cop 21 témoigne de sa volonté de faire de l’environnement un enjeu de développement. Il nous appartient au total d’établir les normes qui permettent au continent de tirer le meilleur avantage de la Nouvelle Route de la Soie. Je félicite le Forum de Crans Montana d’engager cette discussion prospective. Je ne doute pas de la richesse des échanges qui auront lieu ici.

Je vous remercie

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