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Le triomphe de la vérité

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Edito: 125 MILLIARDS !


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Voici la situation : aucun juge ne peut poursuivre un ministre ou un président de la république au Bénin, s’il n’a obtenu l’accord de deux tiers des députés (soit 55 députés au moins). Ensuite aucun acte d’accusation ne pourra être émis contre eux, sans l’approbation des mêmes deux tiers des députés, au terme de l’article 187, alinéa 2 de la constitution en vigueur chez nous. Alors question : pourquoi a-t-on peur ? Plus clairement, pourquoi Valentin Djènontin, Komi Koutché ou encore Idrissou Bako devraient-ils s’inquiéter ?

Il y a simplement que la constitution actuelle a été taillée pour protéger les ministres et autres députés lorsqu’ils sont impliqués dans des actes de prévarication. Le verrouillage juridictionnel a fait de la Haute Cour de Justice une institution qui tourne à vide, enserrée qu’elle est dans des contraintes légales propres à asseoir l’impunité. Pour le moment, le gouvernement a annoncé des poursuites judiciaires, mais les premiers responsables des campagnes cotonnières concernées peuvent se le couler douce : ils n’auront aucun souci à se faire.

Valentin Djènontin ? Avec l’évolution de la minorité de blocage au sein du parlement, il échappera certainement à un vote accusatoire, à moins réellement qu’il y ait des traitres au sein de la minorité de blocage dont la capacité de nuisance n’est plus à démontrer.

Komi Koutché ? Non, aussi bien au sein de la majorité parlementaire que de la minorité, il jouit d’une bonne réputation. Il passera rapidement entre les mailles du filet. Il pourrait même en profiter pour activer la fibre de la victimisation qui a toujours prospéré au Bénin. A juste titre d’ailleurs, puisqu’il y a déjà des groupes d’activistes qui prennent fait et cause pour sa personne, convaincus avant même tout procès que leur champion est blanc comme neige. Ils s’échauffent joyeusement sur les réseaux sociaux, prêts à étriper tous ceux qui oseraient toucher à un seul cheveu de leur messie. Et puis, entre nous, vous imaginez un seul juge béninois prononcer un acte d’accusation contre Komi Koutché ? Je dis bien Komi Koutché, hein ?

Idrissou Bako ? Peut-être lui. N’étant ni ministre ni député au moment des faits, il serait la proie la plus facile à abattre. La loi ne le protège pas, l’idée de notre constitution étant sans doute de coudre une armure d’impunité à tous les ministres et au président de la république, avant toute chose. C’est donc lui qui constitue le ventre mou de la victoire que j’entrevois déjà pour tous les anciens ministres et députés dans l’affaire coton. En principe, Idrissou Bako n’aura pas besoin d’un vote aux deux tiers. Mais pensez-vous réellement qu’Idrissou Bako ne connaît pas ce que certains ont fait pour bénéficier d’un non-lieu dans le scabreux dossier de l’eau ? Rien ne se passera, circulez !

Boni Yayi ? Encore moins. Si jamais son nom était cité par un ministre ou tout autre cadre, les députés se ligueraient comme un seul homme pour le protéger. Au nom de la paix, de la concorde nationale, etc. personne n’osera lui chercher noise. On exigera des audits jusqu’en 1996 et on soulèvera la terre entière pour empêcher que l’on touche à un seul de ses cheveux. C’est même le chemin tout tracé pour qu’il fasse son come-back triomphal dans l’arène public. A l’occasion, il tenterait bien de se faire élire député, et certainement président de l’Assemblée nationale. Chers juges, ne vous méprenez surtout pas.  Toute tentative pour le juger se soldera par un échec cuisant.

Alors, que restera-t-il de la bulle des 125 milliards ? Rien ou presque. Quelques lampistes seront certainement jetés en prison pour faire amende honorable. Puisqu’il faudra bien que l’on montre qu’un travail est fait pour lutter contre la corruption. Dans la foulée, la politisation de l’affaire débouchera sur des marches des syndicats  et autres FSP dans la ville de Cotonou ou ailleurs pour exiger que l’Etat abandonne l’affaire. J’entends d’ici quelques syndicalistes parmi les plus survoltés, vociférer leur colère dans les mégaphones : « Est-ce que c’est seulement en 2013-2016 qu’on a cultivé du coton dans ce pays ? »  Et la foule d’entonner des chants révolutionnaires pour protester contre Talon l’affameur du peuple, Talon le méchant, celui qui est venu empêcher les bonnes volontés d’aider les plus pauvres.

125 milliards ? On s’en fout ! Est-ce que quelqu’un a perdu son argent parmi vous ?

Par Olivier ALLOCHEME

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