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Le triomphe de la vérité

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Explication du ministre de l’Agriculture Delphin Koudandé à l’Assemblée Nationale: Des révélations sur les progrès réalisés


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« Malgré les problèmes d’attaque par les chenilles légionnaires et les débuts difficiles pour le Gouvernement de la rupture, l’agriculture au Bénin se porte bien », a rassuré hier, le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Delphin Olorunto KOUDANDE qui planchait devant l’Assemblée Nationale. Il en a donné des preuves pour le moins édifiantes. Selon lui, la production totale de céréales est de 1 814 289 tonnes contre 1 643 227 tonnes la campagne dernière soit un accroissement de 10,41% ; le maïs compte à lui seul pour1 376 683 tonnes. Il en est de même pour la production des racines et tubercules à dominance manioc et igname a enregistré un accroissement de 14,14% et est passée de 6 128 288 tonnes en 2015 à 6 994 622 tonnes en 2016. Quant à la production des cultures maraîchères, selon toujours Delphin Koudandé, elle  est passée de 633 862 tonnes en 2015 à 730 728 tonnes en 2016, soit un accroissement de 15,28% et de 393 363 tonnes en 2015 à 420 148 tonnes en 2016, soit un accroissement de 6,81% avec une évolution croissante de la production du soja. *
En ce qui concerne les cultures d’exportation, il est observé aussi un accroissement de la production du coton, de l’ananas et du cajou. Plus spécifiquement : la production cotonnière a atteint un niveau record jamais atteint de 451 000 tonnes, contribuant pour 7 milliards à l’économie. La production de cajou a atteint 125 728 T, contribuant pour 4 milliards de francs CFA à l’économie et l’ananas, 303 887 tonnes constituant désormais une filière porteuse de beaucoup d’espoir.
Le ministre de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche répondait ainsi  à des questions posées par le député Issifou AMADOU, dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale.

RÉPONSE AU MINISTRE DE L’AGRICULTURE

Merci monsieur le président de l’Assemblée nationale d’avoir permis la matérialisation de cette interpellation.
Merci au représentant du gouvernement pour ses efforts de réponse.
Monsieur le président, chers collègues députés, je n’ai pas du tout été convaincu par les explications du gouvernement. Le gouvernement semble cacher beaucoup de choses à la représentation nationale et au peuple béninois. Cette situation n’est pas normale, nous ne sommes pas contre la liquidation de la SONAPRA. Nous ne sommes pas non plus contre la création des nouvelles agences territoriales de développement agricole même si la démarche du gouvernement est suspecte. Oui, la démarche du gouvernement est très suspecte. La liquidation de la SONAPRA semble avoir été préméditée et apparemment planifiée de longue date et pour des raisons inavouées.
Le 26 octobre 2016, le territoire béninois a été découpé en 7 pôles de développement agricole, qui seront administrés chacun par une agence territoriale de développement agricole. Ce jour-là, nous avons applaudi cette démarche du gouvernement, car nous voyions que cela devait permettre de mieux encadrer les agriculteurs. En réalité, cette annonce était un piège, c’était la première étape d’une démarche machiavélique visant à faire disparaitre des sociétés publiques pour faire émerger des sociétés privées.
Sinon, comment comprendre qu’une semaine après avoir annoncé la création des 7 agences territoriales de développement agricoles, on décide de la liquidation de quatre structures publiques qui faisait de l’ombre à des sociétés privées qui appartenaient jadis toutes à une même personne.

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, chers collègues députés.
La Centrale d’Achat des Intrants Agricole (CAIA), une structure publique chargée d’acheter les intrants agricoles à la veille de chaque compagne agricole a été liquidée. On confie dorénavant cette mission à l’Association Interprofessionnelle de Coton (AIC). Chose plus grave, l’AIC lance des marchés de plusieurs milliards pour l’achat des intrants agricoles et c’est la SODECO qui gagne le marché. Une société spécialisée dans l’égrenage de coton graine gagne un marché de fournitures d’intrant agricole. Où est la logique dans tout ça, on se doute bien que l’appel d’offres a été taillé sur mesure.
L’Office national de soutien des revenus agricoles (ONS) qui était la structure publique défendait les paysans en fixant le prix du coton a été liquidé et sa mission est désormais confiée à l’AIC.

Chers collègues députés, la supercherie va plus loin.
Au moment où l’AIC dont l’une des principales missions est d’encadrer les producteurs de coton revient à la vie, le gouvernement décide de tuer la SONAPRA et les CARDER qui avaient la même mission. Pour aller plus loin, le gouvernement décide de supprimer l’ONASA, la seule structure publique qui permettait de maintenir à un cout raisonnable les denrées alimentaires en contrôlant leurs offres et leurs demandes. Je suis curieux de savoir si l’AIC et les nouvelles agences de développement agricole pourront empêcher le peuple Béninois d’acheter le maïs à 50.000 le sac si tout le monde se met à cultiver le coton comme le veut l’autre.

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Chers collègues députés.
Il est déjà trop tard pour remettre en cause la liquidation de la SONAPRA, mais il est de mon devoir de député et de fils de paysan de veiller à ce que cette procédure soit juste et équitable. Nous sommes contre la façon cavalière et douteuse dont le processus de liquidation de la SONAPRA se fait. Nous ne comprenons pas cette précipitation du liquidateur.
Comme je l’ai précédemment cité, le Cabinet MAZARD chargé de liquider la SONAPRA a violé plusieurs articles du Code du travail. C’est la première fois que j’entends que dans la cadre d’une liquidation on n’associe pas les représentants du personnel. C’est inimaginable dans un pays démocratique. On se met dans un couvent pour calculer les droits des agents sans leur représentant. Comment est-ce qu’une chose pareille est possible ? Dans quel pays sommes-nous ?
Je me pose la question de savoir ce que cache cette opacité dans la procédure de liquidation. D’ailleurs, c’est qui cet Armand FANDOHAN du cabinet MAZARD ? D’où sort-il ?
Voici un monsieur qui joue avec l’avenir et les droits de 319 personnes, disons plutôt de 319 familles. En tant qu’élu du peuple nous ne pouvons pas tolérer ça. Il faut que le liquidateur clarifie sans délai le montant à payer à chaque agent en tenant compte des indemnités de préavis et en associant les représentants du personnel.

Chers collègues députés,
Des pères de famille, des mères, des fils, des filles, des jeunes sont en train de perdre leur gagne-pain. Cette situation devrait tous nous interpeler et nous toucher. Le gouvernement a promis sauver leurs emplois et les réintégrer dans les nouvelles agences territoriales de développement agricole. Mais, tout porte à croire que c’est une fausse promesse, car jusqu’à ce jour, aucun protocole d’accord n’a été signé dans ce sens.
J’en appelle à la mobilisation de tous pour que les 319 agents de la SONAPRA ne finissent pas comme :
  Les 1045 agents contractuels locaux du Ministère de l’Agriculture qui ont été renvoyés.
  Les 30 agents de l’Office National de Stabilisation et de Soutien des prix des revenus agricoles (ONS) qui ont été renvoyés.
  Les 46 agents de la Centrale d’Achat des Intrants Agricoles (CAIA) qui ont été renvoyés.
  Les 149 agents du Complexe textile du Bénin (COTEB) qui ont été renvoyés.
  Les 343 agents de l’Office Nationale de la Sécurité Alimentaire (ONASA) dont 78 au niveau de l’administration et 265 dans les boutiques témoins qui ont été renvoyés.
  Les 39 agents de l’Agence de Développement de la Mécanisation Agricole (ADMA) qui ont été renvoyés.
  Les 12 agents de l’Agence de Promotion des Aménagements Hydro-agricoles (APAH-SA) qui ont été renvoyés.
  Les 22 agents du Fonds Nationale pour le Développement Agricole (FNDA) qui ont été renvoyés.
  Les 38 agents de l’Agence Béninoise de Sécurité Sanitaire des Aliments (ABSSA) qui ont été renvoyés.
  Les 1736 agents des centres agricoles régionaux de développement rural CARDER qui ont été renvoyés.
  Les 52 agents de la commission nationale d’appui à l’obtention de titres fonciers qui ont été renvoyés.
  Les 231 agents contractuels recrutés en 2014 au profit de l’Agence nationale du Domaine Foncier (ANDF) qui ont été renvoyés.
  Les 23 agents de la Commission Nationale de Migration de l’Analogique au Numérique (CNMAN) qui ont été renvoyés.
Les 7033  enseignants recrutés en 2016 dont le recrutement a été arbitrairement annulé et qui ont renvoyé chez eux.

Renvoyés, Renvoyés, Renvoyés, chers collègues députés, toutes ces personnes ont été renvoyées
Peuple béninois, la liste est longue. La liste des nouveaux chômeurs du régime du nouveau départ en un an est longue. A ce rythme-là, qu’en serait-il à la fin du quinquennat ? N’est-ce pas en contradiction avec le Programme d’action du gouvernement qui prévoit la création de 500.000 emplois.
Où est la création d’emploi, quand on supprime pour ensuite créer ? Moi j’appelle ça du remplacement sur un fonds de règlement de compte et de clientélisme politique.
Le peuple béninois veut de nouveaux emplois tout en sauvegardant ceux qui existent déjà. Notre actuel gouvernement fait semblant d’ignorer que l’administration est une continuité, et qu’il faille sauvegarder ce qui a déjà été fait avant d’ajouter ce qu’on a prévu de faire.
Qu’il vous souvienne, 1175 agents recrutés sous l’ancien régime ont été renvoyés à la maison à cause des irrégularités relevées lors de l’organisation de leur recrutement. Aujourd’hui, le même scénario s’est répété dans le cadre du recrutement à la CNSS et le gouvernement s’est déclaré incapable d’agir. N’eue été la mobilisation du camarade de lutte Guy MITOKPE par son interpellation du gouvernement, la mobilisation de la presse, de la société civile et des centrales syndicales, ce recrutement frauduleux serait passé sous silence. N’est-ce pas une politique de deux poids deux mesures?

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Chers collègues députés,
Peuple béninois
L’heure est grave, la façon dont on veut liquider la SONAPRA pourrait être le prochain scandale financier de la république. Et comme si cela ne suffisait pas, les transporteurs ont été les premières victimes de cette liquidation.
Au cours de la dernière décennie, sous le Président BONI YAYI, le prix du transport a toujours connu une augmentation sensible d’année en année en faveur des transporteurs. Mais, au cours de la dernière campagne cotonnière effectuée par le régime de la rupture, les transporteurs ont été spoliés. En effet, la SODECO et l’AIC ressuscités par l’actuel gouvernement pour remplacer la SONAPRA ont grugé les transporteurs béninois de plus de 8 milliards de nos francs. Ces deux structures privées ont réduit de 14.000 en moyenne le prix du transport de la tonne du coton graine et des engrais.
Je dis bien 14.000 FCFA par tonne sur les 450.000 tonnes de coton évacués vers les usines d’égrenages et sur les 150.000 tonnes d’engrais qui sont en train d’être mis en place.
Chers collègues députés, prenez vos calculatrices et calculez. Calculez et vous vous rendrez compte de la manière dont les transporteurs ont été grugés. Calculez et vous vous rendrez compte que ces deux sociétés appartenant à une seule et même personne ont fait un bénéfice d’au moins 8 milliards sur le dos, la sueur, le sang et la vie des transporteurs dans un intervalle de 4 mois seulement.
Les seuls qui ont tenté de s’opposer à cette mort programmée du transport ont été honteusement jetés en prison dans le cadre d’une affaire de droit commun et ont été ensuite libéré la même semaine où les derniers grammes de coton ont été ramassés des champs. En poussant notre curiosité plus loin et on se rend compte que le même juge qui avait refusé la libération sous caution du président Abdoulaye IBRAHIM dit AMANGA et ses compagnons quatre mois plus tôt,
Les a finalement libérés sous caution quand le ramassage du coton est terminé après 4 mois et 11 jours d’emprisonnement. Oui, ils ont été emprisonnés quand ils ont commencé par mobiliser leurs collègues transporteurs pour refuser les tarifs qui leur ont été imposés par la SODECO.
Chers collègues députés, que le gouvernement nous dise sur quelle base, et en vertu de quoi des intrants agricoles d’une valeur de près de 20 milliards ont été transférés à la SODECO sans contrepartie financière au cours de la campagne agricole qui vient de s’achever.
La SONAPRA a actuellement 8 usines, deux rizeries et 6 usines de transformation. Je souhaite attirer l’attention de l’opinion publique sur ces usines. Nous apprenons qu’elles feront l’objet de partenariat public privé. Ca jamais !!!
Nous savons que le PPP est devenu du gré à gré dans ce pays, alors il est hors de question de les confier à un individu sous ce prétexte et que ça finisse comme les usines d’égrenage de la SONAPRA. Nous apprenons que le gouvernement est en train de faire les démarches auprès de l’Agence Nationale du Domaine et du Foncier pour la vente des terrains et des bâtiments appartenant à la SONAPRA. Nous protestons énergiquement contre cette démarche.
Les terrains de la SONAPRA ne doivent pas être bradés, nous demandons au gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires pour intégrer tous ces biens immobiliers dans le patrimoine de l’État.

Chers collègues députés.
Des centaines de tonnes de riz PADIP acheté à grands frais avec l’argent du contribuable en attente d’être décortiqué sont en train de pourrir à Glazoué et à Malanville. C’est également le cas des centaines tonnes de produits vivriers qui pourrissent dans les magasins de l’ONASA parce que les liquidateurs font la sourde oreille avec la bénédiction du gouvernement pendant que le peuple béninois a faim.
Aussi, je suis informé que les dettes des semenciers d’un montant de 1 milliard 300 millions sont en attente de paiement et que l’argent est déjà mobilisé sur le compte de la SONAPRA. Nous ne voulons pas entendre que cet argent a disparu, ou qu’il a été détourné pour payer les droits de licenciement des travailleurs de la SONAPRA.

Chers collègues députés.
Nous ne devons pas faire confiance au cabinet MAZZARD dans le cadre de cette liquidation. Ce liquidateur utilise même les véhicules qu’il est censé liquider. Je parle avec preuves et je sais de quoi je parle. C’est une faute lourde.
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Je demande à votre autorité de permettre la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire en vertu de l’article 114 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale pour que la lumière soit faite sur les agissements obscurs qui entourent la liquidation de la SONAPRA.

Chers collègues députés.
Dans les enseignements de Dieu, on nous apprend qu’il ne faut pas reculer devant la vérité. Il faut choisir la vérité en toute circonstance, quel que soit son prix.

Chers collègues député,
Toute âme goutera à la mort, nul ne sait ni le jour ni l’heure, alors agissons de telle sorte que Dieu ait pitié de notre âme le jour du jugement dernier. Cessons de faire du deux poids, deux mesures. Ne soyons pas complices de ce scandale qui en gestation par notre silence coupable.

Monsieur le Président.
Je demande au représentant du gouvernement ici présent de répondre aux questions suivantes par écrit.
1.  Quel est la quantité et la valeur en FCFA des intrants agricoles qui ont été transférés de la SONAPRA à la SODECO ?
2. Quel est la quantité au gramme près du RIZ PADIP dans les magasins de la SONAPRA ?
3. Quel est la quantité au gramme près de produits vivriers dans les magasins de l’ONASA ?
4. A quand le paiement des dettes des semenciers ?
5. Comment le cabinet MAZZARD s’est retrouvé en charge de la liquidation de la SONAPRA ?
6. A quand la signature du protocole d’accord entre le gouvernement et les représentants des travailleurs de la SONAPRA pour garantir leurs reversements dans les nouvelles agences ?
7. Pourquoi ne pas avoir envisagé l’option d’une restructuration de la SONAPRA à la place de la liquidation ?

Je vous remercie monsieur le Président.

Wandji A.

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