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Le triomphe de la vérité

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edito: Le problème Djogbénou


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logo new1Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Le Joseph Djogbénou que nous avons connu, pétillant d’efficacité et d’éloquence quand il était le fer de lance  de la société civile, s’est littéralement effondré ces jours derniers en accumulant échec sur échec. Le dernier revers est bel et bien la décision surprenante de la Cour Constitutionnelle qui lui interdit tout cumul de sa fonction de ministre avec son métier d’enseignant. Une disposition constitutionnelle  sur laquelle la Cour a fermé les yeux depuis 27 ans ! 27 ans pendant lesquels tous les ministres enseignants ont été autorisés à violer la constitution, sans que personne, ni dans la société civile ni dans la classe politique n’ait trouvé à dire là-dessus. Je reste convaincu que durant ces 27 ans, il y a eu des plaintes classées sans suite… Mais il a fallu que Djogbénou arrive pour que la Cour, poussée par une main étrange, prenne une décision qui lui mette les bâtons dans les roues. Et cette décision arrive, comme par enchantement, au moment où Joseph Djogbénou est bien au creux de la vague, au moment où beaucoup réclamaient déjà sa tête…
Parlons-en effectivement, de cette démission. Les Béninois qui la réclament  seront probablement déçus puisqu’ils feignent d’ignorer que ce sera absolument facile pour l’homme de solliciter une mise en disponibilité, tout en continuant son travail au gouvernement. Il retrouvera ses étudiants dès la fin de l’échéance qu’il se serait donc fixée. Au demeurant, rien ne l’empêche de solliciter une année sabbatique au bout de  laquelle il peut bien «aviser» en sollicitant une mise en disponibilité, selon son bon vouloir.
La simplicité de la démarche contraste avec le bruit généré par la décision de la Cour. Les propositions aussi fielleuses les unes que les autres lui demandent de démissionner du gouvernement, sans autre forme de procès. L’objectif est bien de faire penser à tout le monde que la démission est la seule possibilité qui existe dans le cas actuel. Et cette insistance cache le désir inavoué de voir s’effondrer le régime Talon. Tant que les ministres sont poussés à bout et qu’ils partent effectivement, on pourra justifier l’opposition viscérale qui se met en place contre lui. Non, Djogbénou ne démissionnera pas du gouvernement.
Mais alors, pourquoi en vouloir à Djogbénou ? Au sein de la mouvance, très peu de chapelles ont digéré la procédure de la révision. Ayant été écarté, chacun lui en veut. Car, en dépit de tout, l’échec de la révision est celui d’une stratégie, et cette stratégie est portée par un homme, Djogbénou. Dans certains pays, cet échec aurait débouché sur un remaniement du gouvernement, remaniement qui aurait d’abord emporté Djogbénou. Pour ne rien arranger, la révision est au cœur des promesses du candidat et du président Patrice Talon. Et elle est portée par l’avocat personnel du Chef de l’Etat.
Précisément sur le choix de son avocat personnel, on se demande même si Patrice Talon a bien fait en le mettant à la justice, là où il serait en bute à ses collègues juristes qui ne s’entendent que rarement sur quelque chose.  Un syndicaliste a pu rappeler la semaine dernière que bien qu’ayant au moins 75 avocats personnels, Donald Trump n’a choisi aucun d’eux pour être son ministre de la justice. Ce choix est potentiellement incendiaire, parce que les magistrats y auraient vu une volonté pour le Chef de l’Etat d’utiliser « son » avocat pour des missions personnelles. Et après tout, un avocat est fait pour davantage plaire à son client qu’au peuple. Résultat, tandis qu’il s’enlise dans des calculs personnels, il perd de vue les subtilités  de la loi pour lesquelles  il est censé avoir été nommé.
Dans tous les cas, les critiques acerbes qui accablent Djogbénou trouvent leurs origines dans l’échec du projet de révision et dans ses rapports tumultueux avec ses collègues universitaires et principalement avec l’UNAMAB. Oui, la délectation bien béninoise de l’échec des autres, a fait le reste : on le pousse à bout pour avoir la satisfaction  d’avoir contribué à un échec retentissant. Son limogeage ou sa disgrâce serait le couronnement de l’acharnement.
Mais ici, il n’est pas sûr que Talon décide de renoncer à celui dont le talent l’a sauvé. Surtout pas maintenant. Car le jour où il le ferait, les mêmes détracteurs reviendront dire que Talon est un ingrat.

Par Olivier ALLOCHEME

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