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Le triomphe de la vérité

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Edito: Vive le malheur !


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logo journalCe 20 mars est officiellement la « journée internationale du bonheur ». Rassurez-vous : personne ne la connaît, du moins pas au Bénin. Il n’y aura donc pas de discours officiel, pas de célébration officielle avec déploiement du faste républicain au Palais des congrès, pas de colloque ni de conférence. Rien. Mais cette journée «inutile» a été instituée en 2012 par Les Nations Unies qui se sont rendu compte que sur le fond, le but de toute action publique devrait d’abord et avant tout être de rendre le peuple heureux. Car tout le monde s’est aperçu que la notion restée longtemps incontournable du produit intérieur brut (PIB) qui sert généralement à déterminer le niveau de vie des citoyens, ne rend pas compte de la complexité de la notion de bonheur ou de bien-être.
Et c’est pourquoi en 1972,le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, a créé le concept de Bonheur national brut (BNB)qui sert à mesurer  l’économie en se basant sur la croissance et le développement économiques, la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise, la sauvegarde de l’environnement et l’utilisation durable des ressources, la bonne gouvernance responsable.
Le premier rapport mondial sur le bonheur a été rendu public le 1er avril 2012. Le cinquième sera rendu public dans la journée de ce lundi. Le rapport 2016 classe 157  pays selon des critères comme le produit intérieur brut par tête d’habitant, les années saines de l’espérance de vie, la confiance et la liberté telle que perçue par les citoyens. Ce rapport était l’œuvre d’un « groupe d’experts indépendants » commissionnés à l’époque par Ban Ki-Moon, alors secrétaire général de l’ONU.  Dans ce rapport, Danemark, Suisse, Islande, Norvège et Finlande apparaissent comme les cinq pays où l’on est le plus heureux au monde.  Les cinq derniers sont le Burundi, la Syrie, le Togo, l’Afghanistan et le Bénin (153ème sur 157 pays).
C’est à ce niveau que l’on voit le drame : les Béninois sont clairement parmi les gens les plus malheureux du monde.
Si vous en doutiez, prenez d’autres indicateurs. Par exemple, l’Indice de développement humain (IDH) publié par le PNUD et  qui existe depuis 1990. En 2016, les indicateurs qu’il a évalués étaient : vivre une vie longue et en bonne santé, acquérir des connaissances et jouir d’un niveau de vie décent. L’IDH est alors la moyenne des indices normalisés pour chacune des trois dimensions. Dans le rapport 2016, le Bénin a été aligné parmi les « pays peu développés ». En Afrique, notre pays est 32ème sur 53 pays et dans le monde, il est 166ème sur 188 pays classés.  Là encore, vous verrez une constante, le Bénin est toujours classé parmi les derniers.
Un autre classement, c’est le «Legatum Prosperity Index», un indice mis en place par le Legatum Institute, un think tank   basé à Londres et qui évalue chaque année le niveau de prospérité des Etats à l’échelle mondiale. Les 9 critères évalués sont l’éducation, la santé, la gouvernance, la sécurité et la sûreté, la «qualité économique», la liberté individuelle, le capital social et l’environnement. Pour sa dixième édition parue en 2016, le «Legatum Prosperity Index» a évalué 149 Etats. Ainsi, la Nouvelle Zélande, la Norvège, la Finlande, la Suisse et le Canada sont considérés comme les nations les plus prospères de la planète. En prenant le cas du Bénin, on voit que notre pays est 128ème mondial, 24ème en Afrique.  Les données du Legatum Institute permettent de remarquer que le pays a réalisé de bonnes performances en ce qui concerne les libertés personnelles et la gouvernance, la confiance des citoyens et  la sécurité. Mais le tiers de la population vit sous le seuil minimal de pauvreté. Pour parvenir à améliorer sa prospérité, le pays devra relever les secteurs de la santé et de l’éducation, à en croire le think tank.
Alors question : pourquoi sommes-nous toujours parmi les derniers quand il s’agit des chiffres du bien-être ? La réponse est claire : le citoyen béninois lui-même ne se soucie pas de son bien-être. Il en laisse le soin aux dirigeants ou à Dieu. Dans ces conditions, l’Etat et la classe politique le soûlent de débats qui n’ont pas de prise directe sur son bonheur : démocratie, liberté, partis politiques… Et personne ne parle du système national de santé, du système éducatif, encore moins de l’industrie ou du commerce. La politique est partout.
Elle fait oublier l’essentiel. Et c’est déjà une victoire pour les hommes politiques, d’avoir réussi à nous faire oublier que leurs prouesses ont fait de nous les peuples les plus malheureux du monde.

Par Olivier ALLOCHEME

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