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Le triomphe de la vérité

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Professeur Bio Bigou, acteur de la Conférence nationale: «Après 27 ans, on doit aller vers le scrutin uninominal »


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Léon Bani Bio BigouAncien député à l’Assemblée nationale, le Professeur Léon Bani Bio Bigou est l’invité de notre rubrique hebdomadaire, INVITE DU LUNDI. Avec lui, on a parlé des acquis et insuffisances la conférence nationale.  Regrettant le système électoral actuel au Bénin, il a souhaité un scrutin uninominal. Lisez plutôt…


L’EVENEMENT PRECIS : Votre lecture de l’état de la Nation, 27 ans après

Prof. Léon Bio Bigou : J’observe les choses à deux niveaux. Il s’agit des acquis de la Nation et les éléments d’insuffisances et de faiblesses. Les vrais acquis sont les acquis démocratiques, les libertés. Car, tout le monde savait la condition dans laquelle on était en ce moment. Mais je dis aussi par rapport à cet élément, le système partisan est à revoir, au regard de mon observation. A ce sujet, on est passé d’un extrême à un autre. On n’a pas suffisamment réfléchi. On n’a pas pris les précautions. On est passé d’un parti unique à un parti tout vent. Pour moi, cela cause de problème, puisqu’on ne fait pas la politique dans le sens vertueux mais vicieux. Aujourd’hui, c’est vrai qu’avec le système démocratique, personne ne peut aller contre la liberté de son prochain. Mais, on oublie que la liberté a aussi des exigences.  Et ces exigences, de mon point de vue, ne sont pas respectées. Si vous pensez que vous êtes libre de faire tout ce que vous voulez, sachez aussi que votre liberté s’arrête là où commence celle des autres. Et par rapport au partisan, aujourd’hui, nous sommes à près de 250 partis politiques. Quand on sait qu’un parti politique n’a pas plusieurs objectifs, mais un seul. Celui de la conquête du pouvoir d’Etat, seul ou en alliance. Quand on fait la lecture, au fur et à mesure qu’on  crée les partis politiques, lorsque les échéances arrivent, il suffit de faire le point du nombre de partis qui participent réellement aux élections. Prenez les dernières élections. Sur plus de 200 partis politiques, il y en a combien aux législatives, aux présidentielles et aux locales ? Il suffit de faire le point pour montrer qu’il y a de problème là. Autre chose, on parle au sein de ces organisations, en termes d’individu et non de parti politique. Donc, pas par rapport à l’idéologie et les objectifs qu’on assigne au pays mais aux individus. On dira qu’on est de tel ou tel homme politique. A ce niveau, j’ai quelques inquiétudes. Aujourd’hui, il ne faut pas dissocier ce que nous condamnons avec les comportements défiants. L’impunité est grandissante dans le système. Les gens mettent de frein à la résolution des crises. C’est là que se pose le problème de formations des militants. On doit les former par rapport à l’éthique et la morale.

Mais la nouvelle conscience est en vogue  dans le pays depuis quelques mois. Vous ne croyez pas à cette initiative ?
Oui. Je suis d’abord, car c’est un élément très bien. Mais quand on voit par rapport aux militants, on doit ajouter d’autres choses. On m’a fait l’honneur de m’inviter à plusieurs reprises aux rencontres que j’apprécie. Mais je parle en analysant un peu l’ensemble. Combien y adhère ? Et par rapport à la nouvelle conscience, quand on analyse, cela veut dire qu’il y a encore un travail à faire. La classe politique doit pouvoir s’assoir, faire  son examen de conscience pour revoir les insuffisances si nous voulons que le pays puisse bien se porter pour qu’on laisse un bon héritage à nos descendants.

Il y a déjà 23 partis qui ont engagé leur fusion. Êtes-vous informé ? Si oui, quelle est votre lecture ?
Je suis bien informé. C’est une bonne chose.  Ce sont les initiatives du genre qu’on veut. Je suis non seulement informé, mais j’ai des amis qui m’ont fait l’amitié de m’inviter pour avoir mon point de vue. Mais mon point de vue a été  conceptuel et intellectuel. Je me demande si nous avons 250 idéologies, projets de sociétés totalement différents pour diriger notre pays. C’est à cela que nous devons répondre. C’est ce qui nous interpelle. Les grandes Nations ne fonctionnement pas comme cela. En réalité, notre idéologie en Afrique est fondée sur quelle base culturelle ? Quand nous entendons parler de Gauche et de la Droite, ailleurs, nous cherchons à importer. Nous engageons la jeunesse sur quelle voie par rapport à nos errements ? Voulons-nous qu’elle soit meilleure à la génération actuelle ou non ?

Mais vous avez toujours pensez qu’il y a conflit de génération à un niveau
Bien sûr ! Par rapport à la conférence nationale, il y a quelque part où il s’agit d’un conflit de génération, par rapport à la question d’âge.  A la base de quel élément objectif, on a retenu que  c’est à 40 ans qu’on a toutes les qualités pour être un bon dirigeant ?  Où après 70 ans, on n’est plus valable ? C’était taillé sur mesure pour écarter une génération. Mais au moment où cela se faisait, ceux-là ne savaient pas que le même sort leur sera infligé. C’est maintenant que c’est arrivé qu’ils ont commencé à  faire du bruit. Voilà pourquoi, nous assistons à cette tendance de tripatouiller la loi fondamentale pour se maintenir au pouvoir. C’est malheureusement les questions qui nous interpellent 27 ans après. Sinon que la conférence nationale a des acquis à sauvegarder par un cadrage.

La place de l’argent ne doit-elle pas être revue dans le processus  selon vous?
Aujourd’hui, au sein des partis politiques, c’est celui qui donne de plus d’argent qui est positionné.  Est-ce parce qu’on a d’argent qu’on est un bon dirigeant? Ce sont les questions de fonds. Est-ce que celui qui n’a pas d’argent, n’a pas autre chose à donner ? Quand on pense que pour limiter le nombre de candidat, il faut rehausser la caution. Ce n’est pas la meilleure solution.  Je regrette. Dans le même temps, les vraies compétences sont limitées. Aujourd’hui, tout le monde cherche l’argent. Mais pour en faire quoi ? Les gens poseront tous les actes pour déposer leur caution. Quand, c’est fait, on attend récupérer ça autrement, une fois élu. Nous devons sauvegarder les valeurs en pensant autrement. La conférence nationale nous a sauvé du K.O et il faut sauvegarder les valeurs.

Combien de partis souhaitez-vous au pays ?
C’est un débat d’idée. Je pense que si au Bénin, on peut avoir trois à cinq partis, on peut faire des débats de qualité.

Vous condamnez donc le système électoral ?
C’est un système injuste.

Pourquoi ?
On parle de député de la Nation. Mais pendant la campagne, combien d’eux connaissent les réalités des populations ? Prenez l’exemple de la bagarre de la tête de liste. Ce sont les autres qui travaillent pour vous. Les gens sont prêts à payer pour être tête de liste. Ailleurs, c’est celui qui a apporté plus de voix, qui passe en tête. Puisqu’il s’agit d’une question de visibilité et de représentativité. Voilà pourquoi je plaiderais pour une élection uninominale. On a vu ce que l’expérience de scrutin de liste nous a offert. On a vu les déviances que cela a produites. Si la personne apporte plus de voix, et n’est pas élue, il ne doit pas être content. J’en connais élu avec 4000 voix alors qu’il leur faut 10.000 voix. Ils ont profité des autres. C’est dommage pour le système. Les uns profitent des autres. Et c’est ce qui cause les instabilités au sein des partis politiques. Mais si on allait vers le scrutin uninominal, vous devrez parcourir tout le territoire. Une fois arrivé à l’Assemblée nationale, le langage doit pouvoir changer. On triche parce que, vous restez dans votre localité pour devenir député de la nation. Chaque pays a ses réalités et les textes doivent cadrer avec les réalités du pays. C’est mon point de vue. Et ce n’est pas demain que cela sortira de ma tête. Il est temps qu’on ait des écrits sur les faits. A un moment, on doit faire le bilan pour la progéniture. L’affaire de mandat unique nous cause problème. Quand il s’agit de faire un mandat, on pense au second mandat. Et quand on tend vers la fin, on cherche à tripatouiller les textes. C’est le pays qui paie en termes de comportement.  Si le président Talon ne disait pas un mandat, pensez-vous qu’il serait en train de prendre ses décisions courageuses ? Il faut être sincère. Après 27 ans, il est temps qu’on corrige des choses.

Réalisé par Emmanuel GBETO

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