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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le sursaut nigérian


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logo journalLe Nigeria a effectivement mis en application l’interdiction de l’importation des véhicules par voie terrestre. Cette mesure prise en décembre 2016, avait été accueillie pourtant comme une douche froide par l’ensemble des importateurs nigérians et par une bonne partie de la classe politique nigériane. Pas plus tard que ce mercredi, le sénat a demandé à Muhammadu Buhari, le président nigérian, de surseoir à sa décision jugée trop brutale.
Mais l’on sait que la motion adoptée par les législateurs  n’a aucune force exécutoire.  Et, probablement, le gouvernement fédéral n’écoutera pas les cris des sénateurs dont beaucoup ont des intérêts importants dans le secteur. 500.000 emplois sont menacés ont-ils affirmé, demandant que l’exécutif pense d’abord à des mesures de reconversion de tout ce monde avant de prendre sa décision. Malgré tout ceci, et malgré le fait que la population nigériane elle-même n’ait pas les moyens d’acheter des véhicules neufs qui devraient coûter entre 4 et 5 millions de FCFA minimum, le gouvernement nigérian est décidé à rester ferme. Il ne lèvera probablement pas cette mesure qui a même commencé à être appliquée plusieurs heures avant le 1er janvier. C’est dire.
Buhari ne reculera probablement pas parce que son discours économique est centré sur le bannissement des importations. Il en est conscient, et la plupart des cadres de son administration aussi, le mal du pays a été et reste la monoproduction pétrolière. Le Nigeria est dépendant du pétrole pour 90% de ses recettes d’exportation et  70%  de ses recettes fiscales. C’est dire que tout choc pétrolier propulse le pays dans le gouffre, comme on l’a vu en 2016. Depuis au moins deux décennies, le Nigeria n’a pas connu la récession qu’elle a enregistrée l’année dernière. Selon le dernier rapport de la Banque Mondiale portant sur les perspectives économiques mondiales pour le compte de cette année 2017, l’économie du Nigeria a connu une contraction d’environ 2,26% de son produit intérieur brut (PIB) dans le troisième  trimestre de l’année 2016, contre -2,06% au second trimestre, et -0,36% au premier. Techniquement, le pays traverse une récession. Cependant, la Banque Mondiale attend pour 2017 une croissance de 1% pour le pays contre 2,9% pour l’Afrique subsaharienne. Le Bénin, quant à lui, attend pour cette année, une croissance d’environ 6%, contre 5% en 2016.
Le choix d’Abuja d’interdire les véhicules d’occasion par voie terrestre participe à un vaste plan d’industrialisation et de diversification de l’économie du pays. Plus de 30 agréments ont été accordés à des sociétés nationales comme internationales pour produire et monter des voitures dans le pays. Actuellement, une bonne partie des gouverneurs du Nigeria, font la cour aux investisseurs pour qu’ils implantent ne serait-ce que des usines de montage dans leur Etat. Montée des classes moyennes, perspectives  encourageantes dues surtout à un héritage de croissance de ces dernières années, forte poussée démographique (les derniers chiffres faisant état d’une population de 193,3%…), le pays attire effectivement les investisseurs. Mais la situation sécuritaire et la culture éthique quelque peu étiolée dans ce pays, restent les goulots d’étranglement les plus importants dans ce sillage. Après avoir relevé son agriculture grâce à la vision  de Akinwumi  Adésina, actuel directeur général  de la BAD, lorsqu’il était ministre de l’agriculture, le pays est désormais décidé à relever le défi industriel, en s’attaquant d’abord aux importations qui nuisent à la compétitivité de ses propres produits industriels. Il n’y a pas de gouverneur qui ne parle d’accorder désormais la priorité à l’industrie pour créer des emplois et renflouer les caisses.  A cet égard, les importations, y compris celles provenant de la CEDEAO, sont considérées comme des menaces. Le pays a commencé aujourd’hui, ce que la rationalité économique lui imposait depuis des décennies. Et le président Muhammadu Buhari est visiblement prêt à tendre  vers cette rationalité.
On comprend donc que la guerre de l’automobile n’est que la première partie d’une longue cavalcade destinée à rendre au pays son lustre d’antan. Et le Bénin dans tout cela ?
Le développement du Nigeria constitue un facteur d’embellie  pour le Bénin. L’industrie nigériane est à contrario un facteur de dépendance pour nous : ses produits viendront envahir nos marchés, sans aucune possibilité pour nous d’y échapper, sauf à instaurer une politique nationale d’industrialisation agressive et visionnaire.  Nous n’en sommes pas à la veille.

Par Olivier ALLOCHEME

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