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Le triomphe de la vérité

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Edito: La fascination du fric


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logo journalLes Béninois ont un penchant avéré pour l’argent facile. Ce qui est vrai pour les petites gens l’est encore davantage pour les élites qui semblent chercher toutes les occasions pour s’en mettre plein les poches, surtout dans l’arène politique. Regardez bien la mobilisation (ou pseudo-mobilisation) qui a eu lieu pendant l’affaire Ajavon. Si quelques-uns des  leaders syndicaux, politiques ou du monde sportif présents au tribunal ce vendredi, étaient vraiment sincères dans leur soutien à Sébastien Ajavon, beaucoup, par contre, ne visaient qu’une chose : prendre leur part du gâteau. Quel gâteau ? L’argent d’Ajavon ! Que ce soient la kyrielle d’avocats (26 au total), la meute des militants accourus de toutes parts ou encore la foule des parlementaires et des leaders de la société civile, chacun voulait montrer « son » soutien à l’homme d’affaires, mais avec l’espoir d’avoir été suffisamment bruyant pour attirer son attention pour les prochains jours. Cet aspect, qui a l’air d’être banal, est pourtant la source même de l’engagement factice de certains de ces hommes et femmes.  Cela devient moins anecdotique lorsque certains journalistes, et surtout certains activistes des réseaux sociaux, s’en mêlent. C’est à peine qu’ils n’ont pas dit que Sébastien Ajavon est un ange et Patrice Talon un démon. L’avilissement a pris des accents tragiques chez certains de mes confrères qui avaient reniflé du gras et tenaient à manger de la volaille. Personne ne serait surpris si, acculé par tant de louanges médiatiques, le magnat de la volaille sortait son carnet de chèques. Et personne ne serait surpris si même les milieux judiciaires étaient pris en compte par sa légendaire générosité.
L’argent facile, qu’il soit issu de la drogue, des milieux du crime organisé, de la cybercriminalité ou de la grande corruption, fascine les Béninois. Il suffit de voir comment sont adulés dans nos quartiers les cybercriminels. La plupart mènent grand train et deviennent rapidement les stars de leur famille. Les actions sociales qu’ils font pour blanchir leur argent sale, en ajoutent à leur célébrité. Il en est de même des milieux du crime. Il fut un temps dans ce pays où les grands bandits opérant sur le territoire nigérian, étaient notoirement adulés par les populations. Leurs apparitions étaient célébrées comme des moments exceptionnels de réjouissance populaire. Et nos vedettes de la chanson composaient des chansons hagiographiques en leur honneur. Il fut aussi un temps où le chef même de la pègre  opérant à Cotonou, était devenu une célébrité intouchable dans la ville. Il en fallut de peu pour qu’il entre en politique, tellement il était adulé par les populations. Alors même que tout ce monde savait bien d’où il tirait ses revenus colossaux, il faisait l’objet de demandes diverses d’aide, de patronage…
Il n’est que de voir comment les querelles d’argent ont déchiré les campagnes lors des dernières élections présidentielles. Non pas que les personnes concernées manquent aussi cruellement d’argent. Mais en réalité, chacun espère pouvoir profiter de la manne du moment. Que ce soit en rase-campagne ou en pleine ville, grands intellectuels ou simples badauds,  j’en ai vu qui étaient prêts à tout pour tromper les candidats. Dans la tête des populations, les périodes électorales sont celles où leur part d’argent facile leur coule sur la langue. D’où  les kermesses auxquelles elles se livrent pendant ces périodes. Le Bénin est probablement le seul pays au monde où les mêmes personnes peuvent  participer aux meetings de  plusieurs candidats dans une même journée. Il suffit pour cela de changer les tee-shirts, et le tour est joué !
Ne parlons  même pas de certaines candidatures de complaisance, lors des élections présidentielles. Elles n’existaient que parce que les grands leaders ont besoin de candidats fantoches, pour attirer les ralliements qui font effet sur la population au second tour. Ces candidats fantoches eux-mêmes ont besoin de liquidité pour régler leurs propres problèmes quotidiens. D’où les contrats qu’ils signent pour participer à la « fête » de la démocratie qui n’est en fait que la fête de leur poche.
L’argent étant réputé sans odeur, la fascination pour  l’argent facile renvoie de notre société, une image douloureuse : elle peut basculer à tout moment. Il suffit pour cela qu’un homme déterminé et riche décide d’utiliser sa fortune pour acheter des armes. …

Par Olivier ALLOCHEME

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