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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le tournant


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logo journal« Bénin : le « roi du poulet » est-il aussi trafiquant de cocaïne ? » Tel est le titre d’un article du quotidien français Le Monde de ce dimanche 30 octobre 2016. Clairement, notre pays s’est invité dans l’arène médiatique internationale, de fort mauvaise manière. Placer le président du patronat en garde-à-vue pour affaire de drogue est probablement la chose la plus grave à faire par un Etat. Pire, il s’avère que celui-là est un acteur politique de tout premier plan, pour avoir raflé environ 23% des suffrages des Béninois, il y a à peine sept mois. Dans un environnement post-électoral où le nouveau pouvoir cherche une stabilité économique et surtout une assise politique réelle en vue des réformes promises, incarcérer un partenaire de la trempe d’Ajavon est carrément un suicide. Et personne ne semble l’ignorer au sein du régime.
C’est carrément un suicide politique que le gouvernement a opéré ce vendredi. Patrice Talon a impérativement besoin d’Ajavon pour réussir ses réformes, notamment la révision de la constitution. Depuis vendredi, il peut considérer que c’est perdu. En plus de l’ancienne mouvance FCBE qui ne porte pas le régime actuel dans son cœur, il y a désormais les députés proches d’Ajavon qui se ligueront contre le Chef de l’Etat. Ajoutez à ceux-là, les indécis de la RB, et on voit bien que la configuration de la majorité parlementaire va changer dans les semaines à venir. L’effritement de la majorité parlementaire devrait ruiner  la capacité de Patrice Talon à gouverner efficacement ou, à tout le moins, à faire passer le prochain budget. Avec la grogne de certains députés de l’actuelle mouvance frustrés de n’être pas souvent associés aux dossiers sensibles du pays, il faudra une action hardie de resserrement des alliances et surtout le ralliement effectif du PRD, pour sauver le gouvernement de l’impasse où il entre avec ardeur.
Maitre Adrien Houngbédji devrait jouer un rôle central dans cette opération, sinon, Patrice Talon devrait dire adieu à ses idéaux formulés au cours de la campagne.
Mais l’empire Ajavon tiendra-t-il le coup ? Il ne faut pas être naïf. Les affaires de drogue sont très dangereuses pour les opérateurs économiques. Mieux, la garde-à-vue déteint gravement sur l’image du PDG de CAJAF-COMON, au plan politique et commercial. Quelle que puisse être l’issue de l’affaire, Sébastien Ajavon n’aura plus la même gloriole au sein de la communauté des opérateurs économiques, qu’il y a quelques mois. S’il vient à être totalement blanchi, la situation sera plus délicate pour ses propres affaires. Dans l’univers impitoyables des affaires, aller en prison ou faire faillite ne sont pas mal vus. Par contre, l’odeur de drogue fait fuir les partenaires sérieux. Habitué à traiter avec les plus grands à travers le monde, CAJAF-COMON a fort à faire pour revenir à son image d’avant le 28 octobre.  Je n’ose pas imaginer les tourments qu’elle a aujourd’hui avec ses partenaires. Si la crise au Nigeria avait déjà porté des coups très sévères à la trésorerie du groupe, l’affaire de ce vendredi est venue tout bouleverser. Désormais, tout se conjugue en pointillés…
Quant à la situation du Bénin au plan international, le pays a tout à gagner si Sébastien Ajavon s’en sort lavé de tout soupçon. Président du patronat, il risque de laisser une très mauvaise image de la communauté des hommes d’affaires auprès de leurs partenaires étrangers. Si la justice le met hors de cause, nous aurons des raisons de dire que nos opérateurs économiques les plus florissants ne sont pas parrains de la drogue. Mais, dans le cas contraire, il faut craindre les pressions des chancelleries étrangères qui investissent des centaines de milliards dans ce pays. Le cas le plus connu est celui des Etats-Unis qui, à travers le programme du MCA, agissent pour que le Bénin échappe aux circuits de la drogue et du terrorisme. Toute condamnation d’Ajavon serait pour eux comme le signe d’un échec patent.
Objectivement, si la justice mène bien son travail, personne ne peut penser qu’elle aboutira à la condamnation de Sébastien Ajavon. C’est d’ailleurs pour cela que le silence du gouvernement qui s’est gardé de toute ingérence dans le judiciaire,  est le moyen le plus efficace pour le Bénin d’améliorer son image. En montrant l’impartialité  de sa justice, la fermeté de son gouvernement et la vertu de ses hommes d’affaires.

Par Olivier ALLOCHEME

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