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Le triomphe de la vérité

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Edito: Réformes à gogo


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logo journalBrutales, violentes, à la limite anarchiques. Les réformes entamées par le gouvernement sapent le moral à tous ceux qui sont pris au milieu de la tourmente. Tandis que le peuple de ceux qui n’en sont pas frappés les salue avec componction, les victimes sont amères. Pour tout ce monde, la Rupture est un coup de poignard dans le dos.
Des femmes de Dantokpa déguerpies sans ménagement des alentours du CEG Dantokpa, aux victimes d’annulation de concours réputés frauduleux, en passant par les élèves ayant échoué aux différents examens de fin d’année, on se plaint de la trop forte rigueur du régime Talon. Et au ministère du cadre de vie, une autre réforme d’envergure s’annonce, celle du contrôle des gaz d’échappement. Avec un parc automobile constitué d’un minimum de 95% de véhicules d’occasion utilisant pour la plupart l’essence de contrebande, cette mesure sera au centre de toutes les polémiques dans les prochaines semaines. D’autant d’ailleurs que le ministre a prévenu que les contrôles seront des « mesures coercitives » mises en œuvre dès le 07 novembre, prochain, c’est-à-dire dans trois semaines. La mise en œuvre de cette mesure, suffit en elle-même pour créer un électrochoc dans les habitudes de consommation d’hydrocarbure et de  véhicules d’occasion au Bénin. Sauf s’il venait à manquer d’agents de contrôle sur tout le territoire national.
Dans les ministères, c’est la suppression de certaines primes qui engendre les mécontentements. Cette mesure rognera les salaires et pèsera sur les fins de mois. Ici, même les émoluments des ministres sont touchés.  On ajoutera à tout ce cocktail, la vague des autres suspensions et annulations faites sans ménagement, au nom de la Rupture. Le peuple a pu supporter jusqu’ici, en admettant de façon indulgente que l’ancien régime avait pu instaurer une telle permissivité que la dérive  était devenue la règle. Avec indulgence, les Béninois comprennent que la rigueur est devenue obligatoire, face au désordre d’antan. Ceux qui sont les plus touchés sanglotent sans comprendre. Les déguerpis de Dantokpa ne comprendront jamais. Beaucoup ne pardonneront jamais.
La Rupture a un goût amer.
Tout cela aurait pu être moins dur s’il y avait une embellie sur le plan économique. Frappé de plein fouet par la crise économique au Nigéria, le Béninois est comme pris à la gorge par  un faisceau de maux aussi dangereux les uns que les autres. L’annulation de certaines gratuités scolaires et académiques peut avoir des effets directs sur la solarisation des filles, notamment au sein des couches les plus défavorisées. Que l’on m’entende bien ! Je ne suis pas en train de soutenir qu’en raison des coûts sociaux, les réformes devraient être abandonnées. Je suis en train de soutenir qu’en raison des contrecoups sociaux qui sont  douloureux, les réformes doivent être expliquées aux populations avant leur mise en application.
La pédagogie des réformes en matière publique interdit les opérations improvisées que l’on tente de camoufler sous l’épais nuage de la répression policière. Un seul exemple : le marché Dantokpa. La police a usé de toute la force nécessaire pour déguerpir les femmes installées aux alentours du collège, mais sitôt qu’elle est partie, les activités y ont repris de plus bel. Il en est de même pour les mesures visant la circulation dans le marché. Elles ne sont pas comprises et font l’objet d’une grande résistance.  Si on refaisait l’élection présidentielle  aujourd’hui, Patrice Talon serait battue à plate couture à Dantokpa. Même s’il n’est pas certain que les sensibilisations puissent endiguer tout mécontentement dans ce genre d’opération, l’autorité est  comme légitimée à faire usage de la force publique dès lors qu’elle a observé une période raisonnable pour communiquer autour de ses intentions, avant de passer à l’acte. Ne pas le faire, c’est méconnaître les causes d’échec  de toutes les réformes et qui sont : l’absence de consensus, l’absence ou l’insuffisance de sensibilisation et une mise en œuvre mal pensée.
Objectivement, un peuple qui a faim est un danger pour le gouvernant lui-même. Dans la situation de crise économique qui frappe de plein fouet les couches les plus défavorisées de notre pays, les réformes sont potentiellement menacées par la colère populaire qu’elles pourraient engendrer. Et c’est bien pour cela qu’il ne faut pas s’amuser avec la colère d’un peuple affamé mais qui est soumis à mille réformes à la fois.

Par Olivier ALLOCHEME

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