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Le triomphe de la vérité

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Edito du mercredi 12 octobre 2016: Voyez ce que l’Amérique fait de la démocratie


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logo journalSelon un sondage Reuters/Ipsos rendu public ce mardi nuit, Hillary Clinton devance désormais Donald Trump de 8 points d’écart après le débat agressif de lundi matin. Même si l’ex-première dame gagne la compétition, les Etats-Unis en sortiront marqués à jamais, avec un avenir en pointillés. Le violent débat qui a eu lieu ce lundi entre les deux candidats, a révélé la perversion de la démocratie aux Etats-Unis. Ils n’ont pas atteint le niveau de politesse qui a permis à Lionel Zinsou et Patrice Talon de faire un débat exemplaire le 17 mars dernier, à la veille du second tour de la présidentielle qui a eu lieu le 20 mars. Nous avons des leçons de courtoisie à donner à l’Amérique mal éduquée de Trump et consorts.
Le candidat républicain à la Maison Blanche s’est montré d’une incroyable virulence verbale, allant jusqu’à menacer son adversaire de prison, si jamais il venait à être élu. Il n’a pas manqué, quelques heures avant le débat, de faire parler des femmes, prétendues victimes de viol de Bill Clinton, au moment où celui-ci était encore président des Etats-Unis. Les témoignages montés en épingle devaient servir à affaiblir la candidate et à démonter la vidéo qui, ce vendredi, le montrait tenant des propos d’une rare bassesse sur les femmes. Pour sa part, la candidate démocrate n’a pas manqué de se défendre en insinuant que son challenger vit plutôt dans une réalité parallèle. Mensonges, attaques personnelles, injures de Trump traitant Hillary Clinton de diable, c’était le débat prétendument démocratique de lundi.
Ce qui aura marqué les esprits, c’est la capacité du milliardaire à tirer profit de sa vulgarité légendaire. De tempérament bouillonnant, Trump est resté de bout en bout, un personnage narcissique et outrageusement primaire. Insultant les femmes et les migrants, dénigrant les musulmans et les arabes, menaçant même de fermer les frontières par endroits pour limiter les clandestins qui s’introduisent dans le pays, le candidat démocrate est resté loin des codes d’éthique élémentaire de la politique. Comment a-t-il pu, malgré ses tares, en arriver jusque-là ?
C’est que Donald Trump a su s’accaparer du vote populaire, celui des racistes et des hommes de peu de culture qui se vantent d’être hors des appareils politiques traditionnels du pays. Il s’appuie sur les petites gens débonnaires qui croient en la force et en la ruse. Ils pensent qu’un Chef d’Etat devrait être l’incarnation même de l’arrogance et du mensonge. Alors, leur champion ment sans compter. Il se félicite d’avoir trompé l’Etat en ayant réussi à échapper aux impôts sur près de deux décennies et s’en prend à tout le système politique. Voilà un homme qui veut gouverner la première puissance militaire du globe, qui aura en main le bouton nucléaire, et qui se félicite d’être un fraudeur…
Bien sûr, il se fout bien de l’image délétère que laisse son pays dans le monde entier. Il se fout aussi de l’éducation qu’il laisse aux plus jeunes qui le regardent et qui peuvent le prendre en modèle. Et c’est pourquoi environ 40% des Américains, pensant comme Trump, voteront pour lui. C’est aussi pourquoi, ses «camarades» du parti républicain ne le contrôlent plus. Ils sont une cinquantaine d’élus à l’avoir lâché ces derniers jours, chacun préférant se concentrer sur sa propre campagne , pour les élections à la Chambre des Représentants et au sénat où la majorité menace de basculer dans le camp démocrate. On ne peut que revenir à cet ouvrage presque prémonitoire publié en 2015 par Peter Pomerantsev et intitulé à juste titre : Nothing is True and Everything Is Possible (Rien n’est vrai et tout est possible). L’auteur y déclare notamment que nous sommes désormais dans un monde « où les gangsters deviennent des artistes, où des chercheurs d’or sont capables de citer Pouchkine et où des anges fous peuvent se transformer en saints ». Tout est désormais possible. Ce qui se passe aux Etats-Unis repousse loin les frontières de la vulgarité en démocratie. Bientôt les gens de la rue prendront le pouvoir. Le prestige de la démocratie américaine est à terre.
Imaginons un seul instant que la furia Trump parvienne à la tête de la Maison Blanche ce 8 novembre.  Le monde basculera assurément dans une nouvelle guerre mondiale. Quand la démocratie se délite, il n’y a plus rien pour empêcher l’anarchie.

Olivier ALLOCHEME

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