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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le plat de la vengeance


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logo journalMême s’il ne s’agit pas d’une revanche, cela y ressemble beaucoup. L’élection, ce lundi 03 octobre, de Charles Toko à la tête de la mairie de Parakou, est le dernier d’une série d’actes marquant la vengeance de Talon contre son ancien adversaire. Le cas de cette mairie est emblématique de ce que le nouveau régime tente de réduire Boni Yayi à néant en lui prenant les principaux leviers de son influence politique. A l’encontre du maire sorti Karimou Souradjou, il ne pouvait y avoir que des broutilles : des soupçons de manipulation fiscale par-ci, des coups de griffe contre sa gestion par là, quelques critiques vaseuses et vagues contre son efficacité…et pan ! On le destitue. Il n’y avait rien à se mettre sous la dent. On avait besoin de l’accabler pour lui arracher un fauteuil gênant, du moment où sa coloration FCBE constitue une menace pour le président, au septentrion. Parakou, la première métropole du Nord, sort du giron FCBE, et c’est un énorme coup dur pour l’ancien président qui aura tout tenté pour qu’il n’en soit pas ainsi. Menaces, intimidations, réunions secrètes…Rien. Ce sont les conseillers FCBE eux-mêmes qui ont désigné Charles Toko pour remplacer un FCBE. On est à la limite de l’illégalité. La majorité écrasante (23 conseillers sur 24) obtenue pour la désignation de l’ancien journaliste, ennemi juré de Yayi, peut même laisser songeur. Comment a-t-on pu changer aussi radicalement le conseil communal en moins d’un an ?
Il y a moins d’un an, les mêmes élus FCBE étaient des adversaires résolus du même Charles Toko. La belle unanimité avec laquelle ils ont renoncé à leur idole d’antan parait pour le moins, méchant. Ils ont lâché Yayi au pire moment, au moment même où il leur demandait avec insistance de soutenir Karimou Souradjou. Il en est de même (à quelques nuances près) à Djougou, la deuxième métropole du septentrion. L’ancien maire Michaël Bachabi Djarra a été renversé par un proche de ABT. Bien qu’étant FCBE, le maire Alassane Zoumarou, n’était déjà pas un béni-oui-oui du yayisme. Son élection marque la fin des FCBE dans la ville. D’autant que le député de Djougou Bida Nuhum, fin limier FCBE de la commune, a cessé de faire de l’agitation pro-Yayi. On ne l’entend plus en parler, un peu comme si l’ancien président était subitement devenu un paria infréquentable.
La troisième métropole du septentrion, Natitingou, n’était déjà pas FCBE. Elle s’enfonce de plus bel du côté du Nouveau Départ. Et le compte est bon. A la base, les griffes de l’ancien président ont été soigneusement limées. Il ne pourra que grogner, il ne pourra plus griffer. Mais Boni Yayi peut-il encore mordre au parlement ?
Pour le moment, les échos qui nous parviennent de l’hémicycle ne sont pas bons pour l’ancien président. Ils sont de plus en plus rares, les députés FCBE qui, comme Valentin Djènontin Agossou , il y a quelques semaines sur la question du PVI, osent porter la contradiction au pouvoir. Ce que l’on entend, ce sont les critiques ampoulées contre Yayi lui-même. Ce qu’on a vu, c’est le soutien déguisé des députés FCBE au régime Talon, lors de leur conclave de Grand-Popo en juillet dernier. Boni Yayi voulait quelque chose de plus virulent, c’est à peine qu’ils n’ont pas déclaré leur entrée dans la nouvelle mouvance. L’isolement de Yayi est désormais total. Pour longtemps encore, il sera un paria et tous ceux qui tenteront de le fréquenter seront fuis. Exactement ce que lui-même a réussi à faire aux opposants réels ou imaginaires de son régime lorsqu’il était aux affaires.
Au plan économique, la vengeance est totale. La filière coton est entièrement remise entre les mains du privé à travers l’Association Interprofessionnelle du Coton (AIC). Les dettes dues aux producteurs et aux égreneurs sont en cours d’apurement. Mieux, au niveau du secteur portuaire, les sociétés du groupe Talon sont de retour : le PVI qui reprend probablement le 15 octobre prochain, le port sec d’Allada qui a repris service, la STTB qui est démantelée et la SEGUB elle-même qui risque de pâtir des récents scandales. C’est probablement ici qu’on aura le gros lot contre Yayi. Les rapports d’audits sur la gestion du secteur révèlent des choses qui risquent d’éclabousser l’ancien président. Talon tient peut-être là son principal instrument de chantage contre son prédécesseur. De quoi le faire taire pour de bon ? Wait and see.

Par Olivier ALLOCHEME

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