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Les leaders, députés et autres personnalités membres des Forces Cauris pour un Bénin Emergent(FCBE) tentent en vain de s’unir et de se relancer de façon collective sur la scène politique nationale, depuis le départ de Boni Yayi du pouvoir. Les raisons sont multiples et variées, avec au centre, des calculs politiques fortement nourris.
L’Alliance des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE) constitue-t-elle toujours une force politique homogène et soudée, comme à une certaine époque ? La réponse à cette question est déjà connue depuis les temps où ce regroupement politique a vu partir en cascades un grand nombre de ses influents membres. Le coup de glas est survenu dans la foulée de la présidentielle 2016, où des têtes de ponts comme Mathurin Nago, Rachidi Gbadamassi, Jean Michel Abimbola et autres ont publiquement exprimé leur renonciation à poursuivre l’aventure avec la famille politique de Yayi. Si le choix pour le moins supprenant et très contesté du franco-béninois, Lionel Zinsou débarqué de Paris, 8 mois plus tôt pour porter l’étendard de la mouvance d’alors à la présidentielle 2016, était déjà annonciateur d’une cassure interne plus profonde, ils sont nombreux qui voulaient en finir avec le système Yayi depuis bien longtemps. Depuis les périodes, où des querelles interminables de leadership entretenues par divers clans à la présidence, faisaient rage. Les positionnements confus et disparates des candidats sur les listes électorales aux élections locales, communales, municipales et aux législatives de 2015 avaient fini aussi par sceller le sort d’une FCBE que d’aucuns annonçaient dans le couloir de la mort.
Tout cela est bien fini aujourd’hui. Ils ont perdu le pouvoir. Le système Yayi dans tout son ensemble a été balayé des affaires de l’Etat par les nouveaux gouvernants. Certains avaient alors cru qu’ils se reprendraient la main pour se relancer, côté politique. Erreur. Tout laisse croire aujourd’hui, que la division interne est à jamais plus grande et plus fracassante. Boni Yayi n’a plus toutes les ficelles en main pour dicter ses orientations et ses choix à l’ensemble du groupe. Certains leaders alors très polis et hyper fidèles au président, n’hésitent plus aujourd’hui à le critiquer ouvertement et à exprimer des regrets dans sa gestion. Ils se sont libérés d’un joug qui visiblement leur avait cloué les becs. Et si déjà Yayi n’exerce plus la même influence sur sa famille politique pour maintenir une certaine discipline du groupe, imaginons que les autres responsables de moindre taille, n’en seraient qu’impuissants à tout point de vue.
De fait, l’alliance FCBE laisse refléter aujourd’hui l’image d’une force politique en déconfiture, où chaque membre semble réfléchir plus à son propre avenir politique-pour ceux qui y pensent encore- qu’à celui du groupe. Au parlement, les députés FCBE se défoulent à vau-l’eau. Les uns ne s’emballent plus dans des actions concertées. Les autres multiplient des astuces, stratégies et autres manœuvres pour se rapprocher davantage du nouveau pouvoir. D’aucuns continuent d’avancer la démarche de « l’observance » face à tout nouveau régime. Mais c’est faux. Ils savent ce qu’ils feront désormais et à quoi s’en tenir pour préserver leurs intérêts dans un Bénin où la politique politicienne se fait toujours maitresse de la cité. On annonce déjà plusieurs camps à l’interne. Le camp des « Oui avec Talon », « le camp des Non avec Talon », le camp des « Oui avec Talon, mais… », le camp des « Non avec Talon, mais », le « camp des Talon ou rien », ainsi de suite. Des positions variées et multicolores qui empêchent de voir une alliance politique réunifiée pour de nouveaux défis.
Le congrès bilan annoncé, à l’issue d’une récente sortie d’un groupe des FCBE, serait déjà hypothéqué. Personne ne peut en leur sein certifier aujourd’hui sa tenue à bonne date, tant les avis autour de ces nouvelles assises, seraient divergents.
Du reste, il faut craindre que l’alliance FCBE se fasse de si peu une nouvelle santé politique, même avec ses ténors qui lui sont restés « fidèles »
Christian TCHANOU