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L’étendue des prérogatives et structures dont le ministre d’Etat Pascal Irénée Koupaki a la charge prend de l’ampleur, au fil des jours. La dernière trouvaille est la création à la présidence de la République d’une « cellule d’analyse et d’enregistrement des projets d’arrêtés ministériels et préfectoraux ». Le ministre d’Etat, Pascal Koupaki, secrétaire général de la présidence, a rendu publique la nouvelle, à l’issue du conseil des ministres de ce mercredi. C’est une innovation en matière de gouvernance au sommet de l’Etat , à l’actif du régime de la rupture. A ses dires et selon le gouvernement, « les actes règlementaires pris dans les ministères et les préfectures devront être en harmonie avec la politique de la nation dans tous les secteurs pour lesquels ces actes sont pris. Ces actes doivent aussi être en harmonie avec les plans, les programmes et les projets de développement approuvés par le gouvernement. Lesdits actes devront également traduire la volonté d’une cohésion gouvernementale à toute épreuve. ». D’où la création de cette cellule, qui vient comme pour siffler la fin de la récréation.
Il reste que dans le fond, cette mesure semble bien renforcer le pouvoir de Pascal Koupaki, au détriment du second ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané, également en charge du plan et du développement. En mettant en place, une telle structure à la présidence de la République dont Koupaki est aujourd’hui l’incontestable maître d’oeuvre, Patrice Talon laisse déduire que tous les actes que poseront désormais les ministres et préfets doivent être préalablement soumis à ce dernier. Et en insistant sur le terme « projets d’arrêtés », il est ainsi indiqué à ceux-ci qu’aucune décision définitive en la matière ne doit relever de leur propre autorité. Ces projets feront d’abord objet d’analyse et sans doute de validation à un niveau plus élevé, sous l’autorité incontournable du chef d’orchestre de la présidence, Pascal Koupaki, avant leur signature et mise en œuvre par les initiateurs. Or, lors de sa récente interview du 1er août, le Chef de l’Etat a clairement laissé entendre que Abdoulaye Bio Tchané est le numéro 2 du gouvernement. Dans cet entretien avec la presse et la société civile, à l’occasion de la fête de l’indépendance, il avait réaffirmé cette place de choix accordée au leader des «Tabati Taba » qui le remplace valablement, quand il est absent du territoire national. Un décret avait même été pris dans ce sens dès les premières heures de la Rupture. Il est donc aisé de constater que cette nouvelle mesure vient affaiblir le pouvoir de Bio Tchané, qui, ironie du sort, devrait, lui aussi, soumettre ses projets d’arrêtés à la même cellule. D’aucuns craignent déjà que cela ne dégrade davantage le climat entre les deux ministres d’Etat, même s’ils continuent d’afficher publiquement, la « bonne entente ».
Christian TCHANOU