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Les lumières se sont éteintes depuis hier sur la XXXIème édition des jeux olympiques de l’ère moderne, qui s’est tenue durant deux semaines à Rio, au Brésil. Au total, l’Afrique a réuni 45 médailles (10 or, 17 argent, 18 bronze). Tout le continent réuni, soit un milliard d’individus, n’atteint même pas les 56 médailles de la Russie (4ème), les 70 de la Chine 3ème ou les 67 de la Grande Bretagne (2ème au classement), encore moins les 121 des Etats-Unis (1er ). Ce nombre n’est pas loin des 42 médailles de la France et de l’Allemagne ou même des 41 du seul Japon. Il représente près du tiers de la performance des Etats-Unis. Autrement dit, les jeux olympiques sont pris en otage par les pays développés.
On devrait se demander si l’article premier de la déclaration universelle des droits de l’homme disant que « tous les hommes naissent égaux en droit et en dignité », ne devrait pas porter la mention «à condition de naître dans certains pays ». En ne prenant que la Grande Bretagne par exemple, on remarque qu’elle couvre 243,610 km2 pour 65 millions d’habitants. Et pourtant, la voilà qui décroche 67 médailles dont 27 en or. Comparons cette performance avec celle de l’Afrique toute entière. Alors que le continent noir est le deuxième continent le plus vaste et le plus peuplé de la planète avec 30,2 millions de km2 et plus d’un milliard d’habitants, l’Afrique n’a réuni que 45 médailles. Même avec cette performance, il dépasse les 31 médailles qu’il a obtenues à Londres en 2012.
Depuis les jeux olympiques de Rome en 1960, au cours desquels le coureur aux pieds nus Abébé Bikila originaire d’Ethiopie a décroché la première médaille d’or du continent durant le marathon masculin, l’Afrique n’a affiché que de faibles performances. Ceci est en grande partie dû à la pauvreté. Celle-ci n’est pas seulement monétaire mais concerne aussi l’insuffisance d’eau potable, de nourriture, de logement, les insuffisances du système éducatif, ou du système de santé ainsi que des loisirs. Le plus remarquable ici, c’est le manque criard d’équipements sportifs qui touche la majorité du continent. Ce n’est pas le cas des pays développés. Chacun d’eux a investi des milliards de FCFA pour soutenir ses sportifs en leur offrant les meilleures conditions de préparation et de vie.
La plupart de ces pays développés commenceront à se préparer aux JO de Tokyo 2020 dès que les lumières se seront éteintes sur Rio. Pendant ce temps, la plupart des athlètes africains, commenceront d’abord une lutte pour la survie la plus élémentaire. Certains prendront la route de l’exil pour l’Europe, l’Amérique ou l’Asie où ils espèrent de meilleures conditions de vie et de sécurité. D’autres, comme les Kényans Ruth Jebet et Eunice Jepkuri, ainsi que l’Ethiopien Bontu Rebitu ont dû changer leurs nationalités et monnaient désormais leurs talents au Bahreïn. On se demande si, face à ces inégalités, il ne faudra pas désormais diviser les jeux olympiques en deux: les uns pour les pays développés et les autres pour les plus pauvres. Mais ceci serait inopérant sans la mise en place de meilleures infrastructures et de meilleures conditions de vie pour les sportifs.
On le voit à travers notre championne nationale du 800 m féminin, Noelie Yarigo, qui a amélioré son propre records à Rio, en allant jusqu’en demi-finale, alors qu’elle n’a pu participer aux jeux africains de Brazzaville l’année dernière, pour cause d’insuffisance de ressources financières. En exhibant chaque année cet argument, on instaure le clientélisme dans la préparation de nos ambassadeurs sportifs au moment où les autres pays mettent tous les moyens à la disposition de leurs athlètes.
Pour changer les choses, il faudra réellement agir sur le système éducatif. La première mesure consistera à réaménager les horaires scolaires, de manière à créer des plages horaires appropriées à la pratique sportive dans notre pays. Avec cette disposition, apparaîtra une pépinière aguerrie pour le sport de haut niveau. Cependant, l’Etat a le devoir de créer un centre des sports d’élite, réunissant tous les équipements nécessaires à une pratique sportive de haut niveau, afin d’entrainer en permanence nos athlètes dans les conditions optimales.
Ce ne sera pas une solution, mais LA solution pour que notre participation aux JO et aux grands rendez-vous sportifs ne soit pas trop souvent ridicule ou de l’ordre du symbolique.
Par Olivier ALLOCHEME