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Hyperactivité ! Il n’y a pas d’autre mot pour décrire l’activisme de l’ancien Président de la République. Quatre mois seulement après avoir quitté le pouvoir, l’ex-Chef de l’Etat ne prend aucun repos. Samedi, il était chez son ami le roi Agoli-Agbo, roi d’Abomey, dimanche, on le trouve à Nikki et N’Dali où il s’est même offert un bain de foule. La semaine dernière, il était à l’investiture d’Idriss Déby Itno, le président tchadien. Déjà en avril, Boni Yayi avait dirigé la mission d’observation de l’Union africaine pour la présidentielle en Guinée équatoriale. Il fit observer alors qu’à 64 ans, il était encore en pleine forme et prêt à servir.
C’est donc connu. Cet homme ne compte pas rester inactif à la retraite. Il s’implique même de plus en plus dans la politique nationale. Rencontre avec les députés FCBE, consignes de vote tous azimuts, il a même été aperçu le 1er août dernier lors du défilé militaire. Large sourire, grands gestes de salutation, c’est à peine qu’il se rend compte qu’il n’est plus président.
Qu’a-t-il fait le week-end dernier ? En plus d’avoir rencontré quelques têtes couronnées, il a initié une rencontre avec les conseillers communaux de Parakou afin de jouer un rôle de médiateur pour apaiser les tensions au sein du conseil communal de la ville, avec la perspective de la destitution annoncée du maire Karimou Souradjou. Il s’implique même dans la politique locale ! On retrouve le Yayi des années de feu, celui qui inaugura dans ce pays des ponts de moins de 10m de long, le même Yayi qui montait rapidement à bord d’un camion pour montrer son entrain dans la lutte contre le délestage. On le retrouve encore, ce Yayi hyperprésident incapable de supporter qu’un ministre initie quoi que ce soit sans son aval, ou qui s’offusque de ce qu’un ministre prononce un discours officiel sans appeler son nom à lui un certain nombre de fois. Demi-Dieu, il citait abondamment des versets bibliques assaisonnés de prières lénifiantes. Il sait qu’en définitive, le Béninois est croyant par nature. Que les versets bibliques et les psaumes ont le don d’endormir sa raison. Et qu’il met son cerveau en vacance, sitôt qu’il entend le nom de Jésus et de Marie. L’intelligence de l’ancien président fut d’avoir perçu cette sociologie et de l’avoir utilisée à fond pour saupoudrer ses interlocuteurs. Beaucoup avaient pensé que l’ancien président se mettrait à l’évangélisation, après la Marina. Il avait notamment promis de devenir Pasteur, disant à qui voulait l’entendre qu’il en avait marre des politiciens béninois. Apparemment, c’était aussi une stratégie pour faire croire à tout le monde qu’il allait mener une vie de foi et de sagesse après le pouvoir. On la voit aujourd’hui, cette vie de pasteur !
Nous sommes loin de Mathieu Kérékou en 1991. Feu le général s’était retranché dans sa résidence pendant cinq bonnes années, loin de toute activité politique, avant de surgir en 1996, avec le succès politique que l’on sait. Non, Boni Yayi trouvera des raisons pour ne pas s’éclipser.
Il ressemble à cet égard à Albert Tévoédjrè qui promit mille fois de s’éclipser de la vie publique. Frère Melchior, comme il se fait appeler désormais, est plus que jamais dans les médias, alors même que l’on pensait qu’il allait se reposer dans quelque austère monastère pour prier et attendre sagement l’appel du Seigneur. Non, le bonhomme a même trouvé le moyen d’écrire un ouvrage sur les dernières élections, un livre intitulé « Ici c’est le Bénin ». Il s’est lancé actuellement dans une pétition mondiale pour la paix qu’il appelle « La paix par un autre chemin ». C’est un ardent plaidoyer pour la création d’une structure des Nations Unies en charge du dialogue interreligieux et interculturel pour la paix et le développement, une initiative inaugurée en juillet dernier.
Si donc une personne de cet âge est encore dans l’arène, il faut croire que Boni Yayi a raison de ne pas ranger les crampons si « jeune ». Je plains Patrice Talon et surtout Abdoulaye Bio Tchané. Il travaillera à miner le pouvoir du premier, pour se venger. Et s’activera à empêcher le second d’être le leader naturel du septentrion. La lutte ne fait que commencer.
Par Olivier ALLOCHEME
