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Le triomphe de la vérité

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Déclaration de la Directrice Exécutive du Centre de commerce international, Arancha Gonzalvez :« Nous voulons faire de la filière ananas un label »


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Arancha Gonzalvez 000En visite de travail au Bénin, la Directrice Exécutive du Centre de commerce international, Arancha Gonzalvez, procède ce jour, vendredi 29 juillet 2016, au lancement du label de qualité, « Ananas du Bénin ». Au détour d’un entretien, elle expose le bien-fondé de ce label qui permettra au Bénin de booster la filière ananas et d’en faire une marque déposée afin d’amener le consommateur à reconnaitre la qualité de l’ananas béninois. C’est également une approche du CCI pour rendre cette filière agricole du Bénin plus compétitive sur le marché international. « L’ananas béninois est de bonne qualité. Il faut pouvoir le vendre comme un produit à haute valeur ajoutée », a-t-elle soutenu.

L’Evénement Précis : Abuja, Nairobi, Monrovia et puis Cotonou. Le mois de juillet a été suffisamment chargé pour la Directrice. Qu’est-ce qui vous fait si tant courir sur le continent africain ?

Arancha Gonzalvez : Au sein de l’organisation, mon engagement est de faire en sorte que 80% de nos activités s’exécutent dans des pays prioritaires. L’Afrique est  un continent prioritaire pour le Centre de commerce international. Je ne fais que respecter les engagements que je prends. Le pourcentage que je m’étais donné, l’année dernière , était de 70% mais on est passé à près de 80%. Cette année, nous allons atteindre 80%.

En quoi est- ce que l’Afrique est-elle prioritaire ?

L’Afrique est prioritaire parce que notre Centre a pour objectif d’aider les petites et moyennes entreprises et d’aider aussi les pays en voie de développement à participer plus au commerce international. En Afrique, c’est là où il y a le plus grand potentiel pour que les PME participent au commerce international et régional. C’est aussi là où il y a pas mal d’entraves. Les opportunités sont là mais il faut identifier les entraves. Il faut aider le gouvernement mais surtout le secteur privé. C’est le sens de ma visite à Cotonou. C’est aussi dans ce cadre que nous avons lancé au Kenya et au Nigéria, une initiative pour l’autonomisation économique de la femme qui s’appelle « She is tread ». Dans les actions du Centre de commerce international, un accent particulier a été mis sur l’agriculture, pour passer d’une agriculture de subsistance à l’industrialisation du secteur agricole. Cela nécessite des efforts comme on le fait au Bénin et dans d’autres pays africains.

Vous avez choisi d’investir dans le secteur touristique au Libéria alors qu’au Bénin, comme d’ailleurs au Nigéria et au Kénya, vous concentrez votre énergie sur l’agriculture. Qu’est ce qui explique cela ?

Nous venons de lancer avec le gouvernement du Libéria, une stratégie nationale de développement du secteur touristique mais qui s’ajoute à un travail qui avait déjà été fait, il y a un an et demi. Il s’agit de développer plusieurs filières agricoles comme le manioc, le riz et autres. Il y a une démarche qui consiste à exploiter les atouts que les pays ont, en matière commerciale et les exploiter le plus possible. Les atouts varient d’un pays à un autre. Dans certains pays, il y a des atouts agricoles. Dans d’autres, il y a, soit l’industrie manufacturière, soit  des secteurs comme le tourisme.

Quels sont les domaines d’intervention du CCI dans les pays africains ?

Le CCI intervient dans le domaine du commerce ; ceci, selon les atouts de chaque pays. A  l’Ile Maurice, par exemple, le gouvernement a beaucoup misé sur les TIC (Technologies de l’information et de la communication) et le tourisme. En Ethiopie, des efforts ont été faits dans le domaine du cuir. On vient de lancer une campagne de chaussure avec une grande marque de chaussure espagnole, Camper. Tous les pays ont des atouts pour pouvoir participer au commerce international.

Au Bénin, vous avez décidé d’intervenir dans la filière ananas alors que tout le monde sait que les produits de rente du pays sont le coton et le cajou. Qu’est- ce qui explique ce choix du CCI ?

Nous ne choisissons pas le secteur dans lequel nous intervenons. C’est plutôt le pays qui nous demande de l’aide et nous l’accompagnons. Au Bénin, il y a quatre filières agricoles que sont, l’ananas, la noix de cajou, le maïs et le riz. De ces quatre filières, le Centre de commerce international a des connaissances qu’il peut apporter pour améliorer la valeur ajoutée de la filière ananas.   Il s’agit d’améliorer la qualité, la productivité de manière à ce que le producteur béninois de l’ananas puisse capturer une partie importante de la rente.

Vous voulez dire que l’intervention du CCI permettra au Bénin d’amasser des expériences pouvant lui permettre de développer la filière ananas ?

Laissez-moi vous dire que les interventions nécessitent parfois de gros investissements. Si vous voulez désenclaver les mares et construire des infrastructures, cela coûtera une importante somme d’argent. Si vous voulez améliorer l’énergie, vous ferez de gros investissements. Si vous voulez valoriser l’ananas au Bénin, vous pouvez le labéliser pour que le nom « Ananas Bénin » soit quelque chose de spécial pour le consommateur. Ce qui l’amènera à payer un montant supérieur pour l’ananas béninois que pour  celui de la Côte d’Ivoire ou du Togo. C’est dans cette démarche que nous sommes arrivés au Bénin et nous allons procéder, ce 29 juillet 2016, au lancement de cette initiative qui a nécessité un travail avec les acteurs de la filière. Cela permettra de labéliser l’ananas béninois et amener le consommateur d’y reconnaitre quelque chose de spécifique. C’est ce label qui doit être appliqué dans une démarche qualité chez les producteurs. Il faut bien que les producteurs s’assurent que ce label est accompagné d’une démarche pour assurer la qualité de l’ananas. Il doit respecter les normes sanitaires et phytosanitaires pour permettre aux producteurs d’avoir le même ananas mais à un prix plus élevé.

Si le CCI choisit les priorités dans les pays en fonction des orientations politiques, pensez-vous que le choix de l’ancien gouvernement est le même que celui de l’actuel gouvernement ?

Sur la filière de l’ananas, il y a une continuité parce que la filière est demandeur d’une intervention. Je crois que tout gouvernement est sensible sur une filière  où il y a un grand potentiel d’exportation mais aussi  des possibilités de création d’emplois, d’amélioration des conditions de vie et de réduction de la pauvreté. La filière ananas répond à cela.

La devise du CNUCED est de passer des  décisions aux actions. Pouvons-nous savoir les retombées en termes d’actions que nous pouvons espérer au terme de ce périple que vous êtes en train d’achever ?

Le thème de la conférence qui vient de s’achever à Nairobi était « De la parole aux actes ». Il s’avère que le Centre de commerce international est particulièrement bien positionné pour parler des actes parce que nous ne sommes pas une agence de discussions, de débats. Mais une agence pour transformer les accords commerciaux en actes pour qu’ils puissent au mieux participer au commerce international. Quand on a lancé l’initiative pour l’autonomisation des femmes au Kenya, cela a entrainé un partenariat international entre le Centre de commerce et la Barclay’s bank qui a ouvert une ligne de crédit de 50 millions de dollars pour que les femmes soient bien formées à l’entrepreneuriat afin de pouvoir bénéficier d’une aide financière de la banque. Un engagement qui a permis à 10.000 femmes de se connecter au marché international. Dans le cas du Nigéria, il s’agit d’un partenariat entre le CCI et une Fondation, HS Bank et Fidelity Bank, pour inclure les femmes dans les crédits et procéder à la formation des femmes entrepreneurs. Ce qui a entrainé un nombre important de 100.000 femmes connectées au marché pour 2020. C’est du concret. Ici, il s’agit d’un label de qualité lancé pour toute la filière qui va permettre aux producteurs d’ananas béninois de pouvoir passer de l’exportation à faible valeur à l’exportation à haute valeur ajoutée, auprès des consommateurs de classe moyenne. Il permettra à la filière de passer du marché nigérian au marché marocain qui apprécie l’ananas du Bénin, et pourquoi pas au marché européen qui est strict en matière des normes de qualité et intéressé aux produits ayant un label de qualité particulier.

Dans quel ordre peut-on classer votre intervention ?

Notre intervention n’est pas de même nature qu’une subvention mais elle est plutôt logique. L’ananas béninois est de bonne qualité. Il faut pouvoir le vendre comme un produit à haute valeur ajoutée. On veut vendre un ananas qui représente pour le consommateur un fruit beaucoup plus spécial.

Vous optez donc pour une structuration de la filière ?

Absolument. C’est une montée en grade de la filière ananas. La même expérience a été faite au Zanzibar avec les épices. Le label « Epice de Zanzibar » a fait rêver puisqu’il a monté en qualité en donnant dix fois plus que le prix d’une épice. Ici, il y a un moment que nous travaillons pour l’amélioration de la qualité de l’ananas et pour le respect des normes sanitaires et phytosanitaires. Nous travaillons aussi à mettre en place un système de veille de manière à ce qu’on connecte mieux l’offre à la demande, que les producteurs sachent le marché vers lequel aller pour avoir des revenus et les raisons pour lesquelles il faudra acheter l’ananas béninois.

Comment s’articule votre séjour au Bénin ?

Mon séjour au Bénin s’articule en trois étapes. Une première étape qui prend en compte des discussions avec les membres du gouvernement dont, le ministre de l’agriculture, du tourisme, du plan et du développement. La démarche principale est de rencontrer les autorités béninoises. Je suis là pour accompagner les priorités du gouvernement et c’est un privilège pour moi de discuter de cela avec les autorités. La seconde étape concerne les discussions avec le secteur privé sur beaucoup de filières dont l’ananas. Je vais aussi avoir des entretiens avec les femmes entrepreneurs. Le troisième volet concerne une discussion avec mes confrères des Nations Unies, les bailleurs de fonds, les partenaires techniques et financiers de manière à mieux aider le Bénin.

Visiblement vous avez un amour pour le Bénin ?

Je dirai qu’il n’y a pas beaucoup de pays dans lesquels je suis passée  deux fois en l’espace de deux ans mais le Bénin en fait partie. Notre mission est d’aider mais il faut que le gouvernement, le secteur privé et les investisseurs prennent le pouls des activités. Ce qui se fait ici. Quand dans un pays il y a une stratégie claire du gouvernement et un secteur privé actif, notre soutien est plus fructueux que là où il faut pousser alors qu’il y a un manque d’énergie.

Les nouvelles autorités béninoises vous ont marqué leur intérêt à la diversification de la filière ?

Nous travaillons, main dans la main, avec les nouvelles autorités depuis qu’elles sont arrivées. Notre mission, c’est d’aider les PME béninoises. Il faut prendre en compte les couleurs spécifiques qu’apporte le gouvernement.

Quelles sont ces couleurs ?

Dans le domaine du commerce, il s’agit d’améliorer la compétitivité des petites et moyennes entreprises pour qu’elles s’intéressent au commerce international, qu’elles se focalisent sur des filières porteuses comme le riz, l’ananas, la noix de cajou, le maïs, et sur des domaines comme les TIC et le tourisme qui collent beaucoup avec les priorités du Centre de commerce international.

Que direz-vous pour conclure cet entretien ?

Je constate qu’il y a un grand potentiel au Bénin. Je remarque que le gouvernement a compris qu’il faut passer à la vitesse supérieure et le Centre de commerce international sera là pour les aider.

Entretien réalisé par Gérard Agognon

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