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Le triomphe de la vérité

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Edito: La guerre des chefs-lieux


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logo journalPensez-donc ! Patrice Talon a fait une partie de ses études à Savalou et a de la famille dans la localité. Comment peut-il oser dire que la ville historique de Soha ne sera pas chef-lieu du département des Collines ? Les populations de la localité sont encore descendues dans les rues hier pour crier leur mécontentement et réclamer ce qui leur revient « de droit ». Donner à Dieu ce qui est à Dieu, à Savalou ce qui est à Savalou.

        Il n’en fallait pas plus pour que le député de la localité, Valère Tchobo, se pique d’un communiqué en ces termes: « Je tiens à rappeler en effet, que les différentes commissions qui ont travaillé sur ce dossier, depuis l’adoption des textes relatifs à la reforme de l’administration territoriale ont classé Savalou comme étant la commune remplissant au mieux les critères fixés. » Au vrai, la dernière commission ayant travaillé sur la question incendiaire des chefs-lieux, la commission dite Adjaho, avait proposé en 2009 de transformer simplement le département des Collines en trois départements distincts : celui des Collines avec pour chef-lieu  Dassa et comprenant Dassa et Glazoué, celui des Monts comprenant Bantè et Savalou avec comme chef-lieu Savalou et le département de l’Okpara comprenant Savè et Ouèssè avec pour chef-lieu Savè. Cette alternative avait été trouvée pour contourner un obstacle fondamental. Il s’agit de l’opposition historique et socio-ethnique entre Savalou et Dassa-Zounmè. Les vieilles rancœurs du temps de l’esclavage, soigneusement conservées dans les mémoires remontent en surface. Elles charrient toujours les souffrances du passé, racontant aux descendants d’aujourd’hui les massacres mémorables, les fuites à travers champ, les humiliations et les razzias.  On exalte les déchirures du passé pour réveiller les fureurs. La colère gronde et les acteurs politiques tirent les ficelles dans l’ombre.

Savalou continue de manifester depuis samedi, mais à Ouidah, les rengaines sont d’un tout autre ordre. Au quadruple plan historique, intellectuel, mémoriel et religieux, les partisans de la ville historique ne comprennent pas le choix d’Allada comme chef-lieu de l’Atlantique. Les sages de la ville, à travers Léopold Fakambi avertissent que si les revenants ne sont pas sortis pour manifester leur mécontentement, cela est bien dû à la diplomatie des personnalités de la ville qui usent de tous les moyens pour calmer les tensions sur place. « Le silence de Ouidah est le signe d’une grande considération pour le Chef de l’Etat et non pas un accord tacite avec sa décision », avertit-il avant de réclamer « un statut à part » pour la vieille ville. A mon avis, il s’agit d’une position médiane bien plus intelligente que celle des manifestations bruyantes de Savalou. Les manifestants de la cité de Soha ne veulent rien entendre, le chef-lieu ou rien. Ils n’ont pas vraiment regardé Porto-Novo qui, tout capitale qu’elle soit, n’a pas pu être développée. La ville aurait été plus minable s’il n’y avait eu une sorte de sursaut d’orgueil national pour sauver la face.

        Mais la levée de bouclier de Savalou ne montre pas seulement la sensibilité du sujet. Elle traduit le fait que les décisions concernant les chefs-lieux sont des facteurs de mécontentement et sont porteurs de divisions.

        On comprend donc que le Chef de l’Etat ait pris lui-même son bâton de pèlerin pour sensibiliser les responsables locaux avant que la grande décision ne soit prise. Mais le cas des Collines est comme un baril de poudre. Les conflits frontaliers entre Dassa et Savalou au niveau de Logozohè aggravent encore les malentendus. De sorte qu’il faut se demander si le gouvernement n’a pas fait fausse route en choisissant là où il eût été judicieux de ne pas choisir.

        Il ne fallait pas choisir entre deux communes aussi frontalement rivales. Un choix stratégique durable serait Glazoué qui se trouve réellement au centre du département avec une facilité d’accès pour toutes les autres communes, sauf Bantè. Glazoué servirait ainsi à départager les deux communes afin d’éviter de donner l’impression d’envenimer la situation. Car, il est presque sûr  que les contestations ne s’éteindront jamais à Savalou.

Par Olivier ALLOCHEME

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