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Le triomphe de la vérité

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Edito: La crise et la victoire


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logo journalAvec la victoire d’hier, Anjorin Moucharafou et le gouvernement ont gagné en sympathie dans le cœur du public sportif béninois. On oubliera vite l’imposture qui a permis l’élection ce vendredi de  la nouvelle équipe du comité exécutif de  la FBF. Depuis hier, tout le monde a sorti les calculettes pour mesurer les chances de qualification du Onze national. On ne parle plus d’imposture, ni de violation d’une décision de justice. La Fédération béninoise de football nage pourtant dans une eau boueuse.

A bien voir de près, la situation est très embarrassante pour le gouvernement. C’est bien le candidat Patrice talon qui a vertement tancé son challenger Lionel Zinsou, lors de leur fameux face-à-face, sur le sujet du respect des décisions de justice, quelles qu’elles puissent être. «  Vous admettez que l’Etat se refuse de respecter une décision judiciaire. Mais c’est où alors la sécurité juridique?
Pour un pays que vous songez gouverner, vous ne pouvez pas dire des aberrations de ce genre », avait affirmé l’actuel Président de la République. Deux mois plus tard, le voilà face à une décision de justice terriblement difficile à appliquer. Soit il l’applique intégralement et le Bénin est disqualifié d’office pour la CAN 2017 et suspendu pour bien longtemps encore des arcanes du football. Ou il refuse de l’appliquer et Michel Adjaka, l’UNAMAB  et tous les magistrats le vouent aux gémonies. De toutes ces options, la moins périlleuse à court terme, reste bien la deuxième qui permet de jouer le match, malgré la levée de bouclier au sein des magistrats. Nous ne sommes pas dupes. Le gouvernement a dû bluffer tout le monde en jouant les légalistes tout en obtenant que le match de dimanche se joue. C’est un manège d’équilibriste dont les plus rusés stratèges peuvent reconnaitre la pertinence. Car, le gouvernement Talon n’entend pas apparaitre comme fossoyeur de la jeunesse, étant entendu la valeur hautement symbolique du football pour la jeunesse. En ce début de mandat, c’eût été forcément interprété comme une preuve d’incapacité. Mais en même temps, il n’a pas voulu heurter les sensibilités de l’UNAMAB. Puisque précisément, c’est bien la gendarmerie qui a accompagné l’huissier de justice venu faire exécuter la décision du tribunal de première instance de Porto-Novo, décision interdisant l’assemblée générale élective. Précipitamment, on a vu le président du Comité de normalisation (Conor) proclamer les résultats avant même que le vote proprement dit ne s’achève. Mais il a eu le temps de proclamer Anjorin élu, avant que l’huissier ne fasse son travail. Du coup, la FIFA et la CAF ont félicité le nouveau comité exécutif  de la FBF, signe s’il en est, de la reconnaissance effective de la nouvelle équipe.

Le problème juridique reste entier : le juge peut-il valablement invalider une élection que la FIFA  et la CAF  ont validée ? Qu’on le veuille ou non, il y aura une plainte pour invalider le nouvel exécutif du football béninois. Et si la justice donne raison aux requérants éventuels,  peut-on penser aujourd’hui que la FIFA  et la CAF se dédiront pour reconnaitre un nouveau comité exécutif ?

Toutes ces questions montrent clairement qu’une nouvelle crise n’est pas bien loin, bien que la FIFA et la CAF aient déjà choisi leur camp. Mais le problème juridique ne doit pas occulter les chances de qualification du pays. Le Bénin doit impérativement battre le Mali en septembre prochain à Bamako pour espérer aller au Gabon en 2017. Cet impératif est clairement LE challenge de l’équipe actuelle de la FBF et même celui du ministre des sports, puisque le Mali reste la bête noire des Ecureuils depuis plusieurs années. S’ils réussissent à passer, le public sportif oubliera définitivement les difficultés actuelles, malgré la crise judiciaire.

Puisque les juges, pour marquer leur territoire, ne pourront pas laisser impuni le crime de lèse-majesté ayant consisté à passer outre la décision du tribunal de première instance de Porto-Novo. Ils se heurteront à la FIFA/CAF. Et alors, la position du gouvernement, ambiguë aujourd’hui, sera claire.  Nous ne sommes donc pas encore sortis de l’auberge. Car les juges n’ont pas encore dit leur dernier mot.

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