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Le triomphe de la vérité

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Retard dans l’administration publique: L’autre gangrène qui plombe le fonctionnement du service public


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efficacité appelle à l’installation des appareils biométriquesS’il y a des maux qui minent le bon fonctionnement de l’administration publique béninoise, c’est aussi le retard et l’absentéisme enregistrés dans les rangs des travailleurs. Face à cette situation, aucune mesure n’a prospéré. Or, des solutions ne manquent pas.  
« Le retard et l’absentéisme sont actuellement des  tares de notre administration », objecte Ninon Joilleux Ahoudjinou, président de l’Ong œuvrant pour la ponctualité, « Be the Best ». « Suivant  une étude faite il y a une dizaine d’années, le retard  coûte plusieurs milliards de francs et des dizaines de milliers d’emplois. C’est malheureux, mais c’est quelque chose que nous constatons et qui doit être corrigé puisque le temps, c’est de l’argent, comme le disent les anglophones », a-t-il précisé. Mais cette réalité n’est pas aujourd’hui prise en compte dans l’administration publique. Et pour cause, le mal reste une gangrène pour l’administration. Les mesures ont toujours échoué alors que, selon un rapport du Conseil économique et social en 2006, « la perte de temps annuelle dans l’administration publique béninoise occasionne un coût d’opportunité dont l’équivalant en termes d’emplois potentiels varie de 10.000 à 13.000 postes à plein temps et en termes monétaires à 73,2 milliards de francs CFA ». L’une des raisons fondamentales de l’échec du contrôle du retard et de l’absentéisme dans l’administration est le dysfonctionnement noté au niveau de l’appareil biométrique mis à disposition du Ministère de la réforme administrative et institutionnelle (MRAI) et du Ministère de la fonction publique pour une expérience pilote. L’Inspecteur général des services et emplois publics,  Pierre Dossa Houélawonou, sous tutelle du Ministère de la fonction publique,  explique  la situation. A l’en croire, le système  de matériels automatiques de contrôle n’a pas prospéré. « En principe, le MRAI avait identifié son Ministère et la fonction publique où on a implanté des matériels à titre expérimental, et c’était des matériels capables  d’enregistrer l’arrivée et la sortie. Malheureusement, il parait que le matériel a pris feu au niveau du MRAI, or c’est un matériel coûteux. De toutes les façons, le conseil des ministres a donné des instructions au Ministère des finances pour doter tous les Ministères de ce matériel », a-t-il confié.

Absence de statistiques fiables
Si à ce jour, le phénomène perdure et n’est pas maitrisé, c’est également lié à l’absence des chiffres. En réalité, il devait avoir  des statistiques pour mieux apprécier le phénomène, savoir à quel taux  l’administration publique se trouve en matière de présence au poste, d’assiduité ou de ponctualité. Malheureusement, ces statistiques ne sont  pas véritablement tenues. Et si elles sont tenues, c’est partiel. En dehors de ça, il y a les tableaux synoptiques qui ne sont plus de mise dans l’administration publique. Il y a une certaine négligence. Des remarques confirmées par l’Inspecteur général des services et emplois publics,  Pierre Dossa Houélawonou.  La situation s’explique, selon lui, par les conditions de travail de l’inspection. Sans langue de bois, l’inspecteur déclare : « Nous n’avons pas les moyens pour le contrôle. Nous n’avons pas de matériels roulants. Nous avons un seul matériel roulant actuellement en panne alors que nous devons aller sur toute l’étendue du territoire », déplore le porte-parole de l’institution en charge du contrôle de l’administration publique.

Les racines des phénomènes
Comme tout autre phénomène sociétal qui nait, grandit et meurt, les phénomènes du retard et de l’absentéisme ont bien des justificatifs. L’inspecteur général, Pierre Dossa Houélawonou, explique cela par l’inconscience des agents et l’impunité grandissante au sein de l’administration publique. A cela, s’ajoute, précise-t-il, le déclin du pouvoir hiérarchique et du contrôle interne. Le constat révèle que les directeurs n’ont plus le pouvoir qu’ils exercent. Par conséquent, les agents ne respectent plus l’autorité à cause de la politisation de l’administration publique. Ninon Joilleux Ahoudjinou estime que la surveillance ne peut avoir d‘impact que si derrière il y a des sanctions. « On vit dans un système sans sanction ; la ponctualité a disparu et c’est l’administration qui en souffre », dénonce-t-il. Une tare qui suscite plusieurs interrogations.  «  Aujourd’hui, quel est l’intérêt pour l’agent public d’être à l’heure ? Qu’est-ce qu’il craint quand il n’est pas à l’heure ? Quand son responsable est plus en retard que lui ? C’est cela », demande Ninon Joilleux Ahoudjinou.

Tenir rigueur aux mesures de contrôle
Le secrétaire général du rectorat de l’UAC, le Professeur Léon Bani Bio Bigou, explique le système de contrôle de l’administration de l’UAC. Dès l’entrée du rectorat, par exemple, il y a une liste de contrôle et quand l’agent arrive, ce n’est pas lui-même qui s’enregistre mais plutôt l’agent responsabilisé pour cela. C’est dans toutes les directions. Pour lui, « il ne suffit pas de donner des ordres, il faut suivre. C’est pourquoi j’organise des visites inopinées ». L’efficacité des résultats s’explique par les cérémonies de reconnaissance que l’université organise à chaque début d’année pour féliciter les agents les plus ponctuels, exemplaires et assidus. L’inspecteur des sciences et emplois publics, Bernard Allingla estime que, pour le retard, il y a lieu d’appliquer des sanctions. De son niveau d’observateur et de technicien du domaine, il propose des manipulations sur les primes de rendement qui existent aujourd’hui. En réalité, l’Etat a instauré les primes de rendement pour inciter les agents à mieux faire et mieux se comporter. Pour y parvenir, des critères ont été définis pour accompagner  les primes de rendement. Il s’agit de la ponctualité, l’assiduité, la quantité de travail, la qualité et la sérénité dans le travail. Les investigations révèlent qu’au départ, quand les primes ont été administrées dans les années 2006, le suivi était bien. Par la suite, les travailleurs ont cru que c’était un complément de salaire et que  tout le monde peut l’avoir. L’inspecteur Allingla plonge dans l’histoire de l’une des initiatives qui n’a souvent pas prospéré. Il s’agit du système de bonification aux agents. Malheureusement, cette mesure n’est pas appliquée. « Les moyens pour cette bonification arrivent mais sont utilisés autrement au niveau de tous les directeurs des ressources financières et du matériel (Drfm) dans tous les Ministères », a dénoncé l’inspecteur. Il a souhaité la ré instauration d’un système de contrôle avec des machines automatiques.  Les réflexions appellent dès lors à une quantification du travail où l’agent peut être  payé en fonction de son rendement même s’il vient en retard. Et là, l’agent pourrait aussi travailler depuis son domicile, en réseau.

Emmanuel GBETO

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