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Le triomphe de la vérité

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Edito: Dilemme de compétence


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logo journalPatrice Talon a lui-même lancé la guerre de la compétence. La gagnera-t-il ?
Guerre de compétence ? Oui, c’est le défi que s’est indirectement lancé le Chef de l’Etat en soulevant la polémique du « désert de compétences ». Il lui faut dès lors chasser et trouver les compétences requises, coûte que coûte. Cette chasse fera des victimes. Ce sera tous ceux qui l’ont aidé dans son ascension vers le palais de la Marina. Tous ces gens qui ont œuvré, parfois au sacrifice de leur quiétude et de leurs affaires, sont les premiers soldats du Nouveau Départ. Ils s’attendent naturellement à être récompensés au prorata de leur engagement. Ce sont des centaines voire des milliers de responsables à la base ayant travaillé dans les quartiers et les villages à la victoire de leur leader. Fonctionnaires attendant une promotion incertaine, opérateurs économiques misant sur des marchés publics à venir, politiciens espérant quelques strapontins dans les cabinets ministériels, chacun a placé ses espoirs sur la victoire du Nouveau Départ. Et la question se pose de savoir comment satisfaire tout ce monde enfiévré qui croit fermement qu’il a droit à « quelque chose », alors que pour bon nombre d’entre eux, les militants les plus enfiévrés ne sont jamais des diplômés, encore moins des experts.
Les petites mains qui ont aidé au nouveau départ ne sont pas des « compétences » techniques pour la plupart. S’ils réclament aujourd’hui à être positionnés « quelque part », la question se posera : où ? Où les mettre surtout maintenant que le Chef de l’Etat lui-même a posé la barre très haute en indiquant que la compétence sera le critère premier des choix à opérer dans l’administration publique ? Où donc maintenant que même les postes politiques dans les ministères sont en pleine réforme pour privilégier les compétences avérées?
Au vrai, la réponse à toutes ces questions se trouve dans les affirmations péremptoires de Paris : qui que vous soyez, le système Talon ne vous acceptera pas si vous n’êtes pas un as dans votre domaine. A l’étape actuelle de la gouvernance sous le régime du Nouveau Départ, le monde des sans-qualifications-réelles, celui des diplômés sans carrière réelle risque d’être déçu.
Comment peut-il en être autrement, quand on sait que les entreprises de l’ancien homme d’affaires Patrice talon ont généralement fonctionné sur la base des compétences. C’est du moins sur cette base que le personnel est recruté et formé. Il ne faut pas penser que, une fois président, il dérogerait à cette règle.
Au demeurant, il faut ajouter que tous les militants à la base savent que Patrice Talon a soigneusement payé tous les responsables locaux de son action politique. A l’origine donc, il ne doit plus rien à personne…Il se sent donc libre de tout engagement vis-à-vis de la base. De plus, toute sa base sait qu’il s’est engagé à faire un seul mandat. Et que pour cela, il n’aura aucun état d’âme pour agir. Le mandat unique, argument principal qui a facilité tous les ralliements au second tour, pourrait devenir la clé de voûte de l’action pour une réelle rupture en vue d’une administration débarrassée de ses tares.
Car, favoriser la perpétuation du clientélisme politique de ces dernières années, reviendrait à plomber le projet de société du Chef de l’Etat. Le mandat de transition constitue en soi une aubaine pour rompre avec les récompenses politiques, tout en créant un électrochoc au sein du personnel politique. Mais qui choisit de choquer le personnel politique, doit dès lors s’attendre à des représailles, notamment à l’Assemblée nationale.
L’autre goulot d’étranglement, ce sont les présidentiables au sein du gouvernement de la rupture. Ils subissent des pressions énormes de leurs militants qui les harcèlent pour obtenir des postes. Ayant mené leur action de ces dernières années sur la base de promesses à leurs ouailles, les voilà dans une position où le Chef de l’Etat est aux antipodes de ces impératifs politiques. De sorte qu’on peut dire que la survie politique des présidentiables du régime Talon est de satisfaire leurs lieutenants ou de prendre ostensiblement leurs distances dans les deux prochaines années. A ce niveau, la position extrême serait pour eux de claquer la porte, avec des risques évidents au sein de l’establishment.
En clair, en gardant les yeux sur sa mandature unique, Patrice Talon remportera parfaitement la guerre de la compétence. Même s’il lui faudra affronter le personnel politique et faire des concessions aux principes de la rupture.

 Par Olivier ALLOCHEME

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