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Le triomphe de la vérité

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Edito: Une monnaie en sursis


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logo journalL’avenir du FCFA est aujourd’hui en débat. Avec la conférence des ministres des finances de la zone CFA tenue à Yaoundé le 09 avril 2016, la question est plus que jamais d’actualité. Parce que la baisse tendancielle des prix des matières premières, notamment, ceux du pétrole depuis bientôt deux ans, met en difficulté les exportations de la zone. L’on se rend compte que l’alignement de  notre monnaie sur une monnaie forte comme l’Euro, constitue un terrible handicap pour les économies de la zone. Ce qui est en cause, ce n’est pas forcément l’alignement, mais la rigidité de cet arrimage qui fait que le taux de change du fCFA est resté le même depuis des décennies, alors que partout dans le monde, les monnaies fluctuent compte tenu de la situation économique du moment. Le fait est que la politique monétaire des Etats de la zone CFA ne leur appartient pas. La monnaie est frappée en France et les réserves de change sont logées au Trésor français. C’est une colonisation monétaire qui perdure 71 ans après la création de cette monnaie. Et pourtant, ce samedi 9 avril 2016, Michel Sapin, ministre français des finances, a assuré à Yaoundé que les pays africains sont libres de  choisir : « La France est entièrement ouverte à toutes les discussions, affirme-t-il. Tous les pays membres de cette zone monétaire sont libres et indépendants ».

Pourquoi les Africains ont-ils peur de quitter la tutelle monétaire de la France ?
Toute la question est là. Les mécanismes de coopération monétaire qui s’effectuaient sur la base d’une rétention de 100% du produit des exportations africaines dans les livres de la Banque de France, avant de passer à 65 puis 50% sont décriés par de nombreux économistes du continent.   C’est pourquoi, le franc CFA  est accusé par certains économistes d’être un frein à la croissance africaine.  Les  partisans du statu quo soutiennent que le taux de change fixe lié à l’Euro, ainsi que la garantie de la France, donnent aux économies de la zone CFA une stabilité profitable. Pour Lionel Zinsou, président de la fondation Africa France et ex-Premier ministre du Bénin, « le franc CFA est une monnaie d’intégration », ce qui serait « très important pour développer des grands marchés intérieurs ». Le ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey indique, pour sa part, qu’« aucune structure monétaire n’est parfaite, nous en sommes conscients. Mais le franc CFA a fait ses preuves en termes de stabilité monétaire ». Dans ce même sillage, l’ivoirien Tiemoko Meyliet Koné, gouverneur de la BCEAO, estime que l’accord monétaire de la zone Franc a fait ses preuves.  « Quand un accord dure, c’est que tout le monde y trouve son compte…Si nous ne trouvions pas notre intérêt à cet accord de coopération, nous n’aurions aucune raison d’y rester », dit-il. Cependant, les détracteurs du franc CFA mettent en avant la garantie en France de 50% des réserves de change des 15 pays de la zone. En 2015, cette garantie  représentait la somme de 14 milliards d’euros, soit environ 9.183 milliards de FCFA, déposés auprès du Trésor français.  Le président tchadien, Idriss Déby, déclarait lors de la célébration des 55 ans d’indépendance de son pays : « Cette monnaie, elle est africaine. Il faut maintenant que, réellement, dans les faits, cette monnaie soit la nôtre. (…) Il y a des clauses qui sont dépassées. Il faudra les revoir dans l’intérêt de l’Afrique et dans l’intérêt aussi de la France. Ces clauses tirent l’économie de l’Afrique vers le bas. ».

Les réserves de change baissent
Ce qui est certain, c’est que du fait de la sévère baisse des cours,  les Etats de la zone ont de moins en moins de réserves de change. L’on redoute une spirale  d’endettement alors que le Fonds monétaire international (FMI) tire la sonnette d’alarme, notamment au niveau des pays de la CEMAC. Ceux-ci apparaissent comme les plus menacés par la baisse des cours et pourraient enregistrer un déficit de leurs comptes courants de 8 % du PIB (Produit intérieur brut) en 2016, alors qu’ils se trouvaient dans une situation de quasi-équilibre en 2013. Une situation qui a poussé certains à contracter des emprunts auprès des marchés internationaux, à des taux frôlant parfois les 10 %. Il est clair qu’avec la dégradation de la situation des matières premières, les Etats africains seront obligés de prendre leur responsabilité pour gérer leur monnaie par eux-mêmes, selon les règles internationalement admises.

Par Olivier ALLOCHEME

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