.
.

Le triomphe de la vérité

.

Edito: L’effondrement d’un polichinelle


Visits: 1

logo journalIl y a ceux qui conseillent à Boni Yayi de partir du pays avant que le nouveau Président ne s’installe. Il y a ceux qui lui disent de faire œuvre de patriotisme et de courage en restant contre vents et marées, pour reconstruire  les FCBE en vue d’une nouvelle expérience électorale. Il y a enfin ceux qui, plus réalistes, estiment qu’il doit rester dans le pays, mais sans chercher à jouer un quelconque rôle politique. Parmi toutes ces opinions qui se discutent et s’entrecroisent, une question transversale : Boni Yayi passera-t-il service à Patrice Talon ?
Là-dessus, le droit positif béninois est clair. Il n’est pas obligé de le faire. La constitution béninoise ne le contraint nullement à rencontrer son successeur. En 1996, Nicéphore Soglo avait ostensiblement refusé de rencontrer Mathieu Kérékou. Il est parti sans mot dire. Les services compétents du palais peuvent tout au plus, transférer les dossiers courants à qui de droit. Le premier ministre Lionel Zinsou a même offert ses services au nouveau président de la république, pour le transfert des dossiers courants, en attendant le 06 avril.
Contrairement à ses habitudes de médiatisation outrancière de ses moindres activités, Boni Yayi s’est engoncé dans un silence lourd depuis dimanche. Il ne s’est pas exprimé publiquement sur une élection pour laquelle il s’est battu. Hébété sans doute par le choc, il reviendra progressivement à la dure réalité : son incompétence a servi de tremplin à son pire ennemi pour s’emparer de son fauteuil. Y a-t-il pire humiliation pour un Chef d’Etat en exercice? Assurément non. Mais pour éviter d’en arriver là, il aura tout fait : insultes contre les opposants, menaces, intimidations, remaniements ministériels incompréhensibles, ridicules inaugurations de gazons synthétiques, contrôle ubuesque de la télévision nationale comme des transferts d’argent via les opérateurs GSM…Boni Yayi est allé au sommet de l’avilissement du pouvoir présidentiel en le couvrant de boue jusqu’au bout. De toutes les avanies qu’il a déversées sur le fauteuil présidentiel ces dernières semaines, il en est pourtant une qui dépasse tout entendement : les injures.
C’était déjà inadmissible qu’un élu de la nation, président de la République par-dessus le marché, se mette à inaugurer tous les gazons synthétiques du pays. Ce n’était déjà pas supportable de le voir occuper les médias publics à temps et à contretemps, défiant toutes les lois de la communication. Mais il a fallu se rendre à l’évidence : le président de la république élu par nous organise des séances d’injures publiques qu’il appelle meetings pour salir ses adversaires. A ce second tour, il s’est comporté comme un chiffonnier indigne de notre respect. Et l’on se demande si nous avons fait du bien à Boni Yayi en l’élisant en 2006. Si nous n’avons pas perturbé son égo en le couvrant de tant d’éloges surfaits auxquels il croyait réellement, alors que les racailles hypocrites qui l’entourent, ne cherchaient que leur pain. Ces basses flatteries ont eu pour effet de faire de Yayi un demi-dieu, y compris lorsqu’il commet les pires erreurs…Il avait perdu le contrôle de l’Assemblée du fait d’une erreur d’écolier, il perd le contrôle du  pays tout court. Il sait désormais    à quoi s’en tenir : le peuple béninois comprend très vite qui abuse de son pacifisme. Et la sanction, pour le moins sévère, est tombée dimanche comme un couperet. Je ne souhaite pas être à la place de Boni Yayi pour vivre ses cauchemars qui vont durer tout un quinquennat.
Au surplus, tous les Béninois étaient convaincus que le Chef de l’Etat s’apprêtait à « faire quelque chose » pour perturber la période postélectorale. Le soulagement énorme de tout le monde, c’est lorsque Lionel Zinsou a coupé court à toutes les manœuvres en appelant son challenger pour le féliciter et reconnaitre son échec. Désormais, plus aucune manœuvre n’est possible.  Et désormais aussi Yayi a perdu le dernier outil de blocage et de confusion qu’il pouvait encore détenir. Personne ne se moquera de  la démocratie béninoise du fait d’un président godillot. Le Bénin a évité avec brio le chaos qu’annonçaient les oiseaux de mauvais augure. Il se hisse même sur le toit de l’Afrique et peut donner des leçons de sagesse à tous les autres pays.
Ce qui se passe aujourd’hui, c’est que nous nous sommes levés fiers et altiers, prêts à toiser le monde. Après des années d’obscurantisme et une fin de règne marquée de ridicule, le Bénin  relève la tête et respire l’air doucereux du nouveau départ.

Par Oliver ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page