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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’épiphanie de l’unité


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logo journalL’avez-vous remarqué ? Il y a un an à peine l’unité nationale était encore une préoccupation centrale de la classe politique. Aujourd’hui, elle reste presque marginale. On ne parle que très peu des concours frauduleux destinés à faire réussir les diplômés de telle ou telle région. On ne parle que très peu des propos incendiaires du Chef de l’Etat désireux il y a quelques années de faire affronter les siens du « Bénin profond » avec ceux qui osent le critiquer. On a presque oublié les sanctions sélectives des hauts fonctionnaires, quand ils sont impliqués dans des actes de mauvaise gouvernance. Aujourd’hui, l’heure est au match Zinsou-anti-Zinsou. Quel changement !
Les changements intervenus sont si brutaux que le thème naguère si répandu de l’unité nationale a cédé place à des actions autrement plus rassembleurs. C’est Sébastien Ajavon qui est adoubé à Ouaké, Parakou ou Natitingou par de grands noms de la politique. C’est Patrice talon qui est porté à Kérou, Péhunco comme à Agbangnizoun ou Ouidah. C’est Bio Tchané qui réussit un géant meeting presque jamais vu à Porto-Novo qui n’est pourtant pas son fief. C’est Pascal Irénée Koupaki qui s’en va ériger son logo même sur les hauteurs de l’Atacora, à Cotiakou. Tout se passe comme si tous les candidats avaient conscience qu’il nous faut à tout prix poser des actes forts pour sauvegarder l’unité nationale.
Le choix de Lionel Zinsou par Boni Yayi réputé d’un régionalisme primaire est tout à fait révélateur de cette tendance subite. On appelle encore le candidat de la mouvance présidentielle, candidat du consensus. Même s’il ne s’agit que d’un consensus de façade issu d’arrangements et de compromissions historiques, on voit des leaders originaires de tous les pôles régionaux du pays s’exprimer ouvertement en sa faveur et ce avant même le second tour.
Tous ces éléments empiriques mettent en évidence le caractère si singulier de l’élection présidentielle au Bénin. Cette élection est en effet la seule qui oblige le candidat désireux de l’emporter, à avoir son ancrage dans au moins deux régions du pays. Ainsi, nul ne peut gagner une présidentielle au Bénin s’il n’est populaire dans au moins deux régions, s’il ne peut écraser son challenger le plus immédiat dans ces deux régions. Jusqu’ici, la région des Collines a permis à un ressortissant du septentrion de l’emporter, à condition d’avoir des voix dans la partie méridionale. C’est en comprenant ce rôle moteur que les leaders des Collines ont coalisé ce week-end pour former un front unique, à l’exclusion notable de quelques têtes de pont de la commune de Dassa. Pour gagner en février prochain tout en contournant cette coalition, il faudra que tout candidat faisant le plein des voix dans le septentrion, fasse aussi des incursions suffisantes plus au sud. C’est un impératif géostratégique pour tout candidat arrivé en tête dans la partie méridionale du pays, de ne pas se laisser distancer trop fortement soit dans les Collines soit plus au nord.
Dans chacun de ces cas, on retiendra que la géopolitique électorale impose l’unité nationale aux prétendants au fauteuil présidentiel. Le choix des leaders ou des partis de soutenir des personnalités qui ne sont pas forcément originaires de leurs zones d’influence constitue en soi un risque. Aujourd’hui la question régionaliste semble avoir été transcendée de fort belle manière.
Mais d’une façon plus pragmatique, il faut y voir également le rôle central de l’argent dans l’arène politique béninoise. Sur le mercato qui fait rage actuellement, chaque leader, chaque député, maire ou conseiller monnaie son soutien à coup de millions voire de milliards. L’argent étant sans odeur par nature, peu importe son origine. On pourra alors dire que la marchandisation de l’arène politique est en train de bousculer les anciennes barrières. Le phénomène du fils du terroir ne sera plus opérationnel.
Seulement, toute conclusion risque d’être hâtive avant le 28 février. C’est à cette échéance qu’on mesurera réellement l’impact de cette unité retrouvée. Mais en attendant, on peut se réjouir de ce que des causes régionalistes ne pourront pas être à la base d’affrontements identitaires en février prochain. …

Par Olivier ALLOCHEME

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