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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’impératif de la diversification


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logo journalLa crise qui touche immanquablement les entreprises peut les ragaillardir ou les terrasser. Et la vraie question est de savoir ce qui peut sauver les meubles en cas de coup dur.
Oui, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, le taux de mortalité des entreprises est très élevé. Mauvaise gestion, ambitions démesurées, rareté des opportunités, vols, tous ces facteurs provoquent des faillites parfois retentissantes. Beaucoup de néo-entrepreneurs croient à tort qu’ils peuvent mener grand train aussitôt  les premiers bénéfices engrangés. Ils alignent les voitures de luxe, font la fête dans les boites de nuit, sans compter les femmes qui les aident à dépenser le peu qu’ils ont pu avoir. D’autres, se croyant déjà milliardaires, commencent à afficher du mépris pour leurs clients et leurs agents. Conséquence, ils perdent leurs clients et leurs employés les plus qualifiés s’en vont avec leurs expériences. Plus rapide a été l’ascension, plus rude sera la chute.
Mais l’une des    alternatives qu’utilisent les entrepreneurs intelligents pour prévenir d’éventuelles déstabilisations, consiste à diversifier leurs activités. J’ai vu des entreprises de BTP qui font du pressing et de l’import/export. Il m’est arrivé de rencontrer un milliardaire caché qui fait de la transformation de bois dans une grande usine, mais qui possède une vaste palmeraie dans l’Ouémé et exporte des noix d’anacarde cueillies dans le département des Collines, tout en important des machines agricoles depuis l’Asie.
Si vous pensez que Sébastien Ajavon ne fait que les produits congelés, détrompez-vous. Il s’est diversifié aussi dans l’agro-business, sans compter qu’il a investi énormément dans le sport.
Pour ceux qui ne comprennent pas ce vagabondage des hommes d’affaires, je dirais simplement qu’il est dicté par  l’impératif de la survie dans ce monde particulier où tout peut basculer à tout moment.
Pensez  donc,  dans le secteur des BTP, une bonne partie des entrepreneurs sont obligés de se faire amis aux acteurs politiques dans les mairies pour gagner des marchés. Mais lorsque les municipalités changent de mains, lorsque de nouvelles équipes arrivent, comme c’est le cas actuellement, les entreprises sont menacées. Beaucoup d’entrepreneurs qui avaient déjà payé les fameux 10% sur les marchés des communes, sont aussi sollicités par les nouveaux exécutifs municipaux pour des marchés non encore payés. Aux prises avec ces lourdes commissions occultes à payer, il y en a qui refusent carrément de céder aux chantages de nos élus communaux. Et ils en subissent les contrecoups. « Je n’ai pas eu un seul marché sérieux depuis plus d’un an », m’a dit l’un d’eux il y a quelques jours. En dépit de cela, les charges fixes ne changent pas et doivent être honorées.
Dans ces conditions, avec les fluctuations des affaires, la diversification est carrément une question  de survie. Pour ne l’avoir pas compris assez tôt, pour n’avoir pas su que l’or sur lequel ils roulent aujourd’hui peut devenir du simple charbon demain, trop d’entrepreneurs se font prendre au piège de la vie facile. Ils s’endorment sur leurs lauriers, au lieu d’investir leurs bénéfices dans d’autres secteurs porteurs.
Il n’est que de voir les grandes firmes internationales pour comprendre que ce n’est pas seulement au Bénin que cette diversification est nécessaire. La firme japonaise Honda fabrique des voitures. C’est connu. Mais on sait que Honda produit des moteurs d’avions, des groupes électrogènes ou encore des motos et bien d’autres biens électroniques. Si cette firme presque séculaire, en arrive à ces options, c’est que la diversification n’est pas une faiblesse, mais un élément d’appoint pour optimiser les résultats de l’entreprise dans un contexte volatile ou instable. Il ne faut jamais mettre tous ses œufs dans un seul panier. Tous les entrepreneurs qui l’ont tenté l’ont amèrement regretté.
Mais la diversification comporte évidemment  des risques. La trop grande diversification provoque une dilution des expériences. «Qui trop embrasse, mal étreint », dit-on. Et cet adage est encore plus vrai dans le cadre des affaires. Tout manager qui se diversifie court le risque de négliger son cœur de métier. Ceci débouche parfois sur l’abandon total de ce cœur de métier. Je connais un ancien vulcanisateur   qui a fini par laisser son métier pour devenir transformateur de produits agricoles.
En clair, la diversification est une bonne stratégie pour maintenir l’équilibre d’une entreprise, dans un contexte de crise. Mais elle constitue une arme dangereuse qui peut faire périr vos affaires, si vous ne savez pas gérer plusieurs choses à la fois.

Par Olivier ALLOCHEME

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