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Le triomphe de la vérité

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Professeur Philippe Noudjènoumè sous ‘’l’Arbre à palabres’’ de l’Evénement Précis : « L’argent a drogué la population au point où le père ne reconnait plus le fils »


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NoudjènoumèVotre rubrique atypique, “Sous l’Arbre à palabres” a reçu un universitaire pas comme les autres. Il s’agit du professeur de droit, Philippe Noudjènoumè. 93ème invité du journal, il  s’est ouvert aux journalistes de la rédaction.  Comme plats de résistance de ces échanges à bâtons rompus, les sujets brûlants de l’actualité et la vie du Parti communiste du Bénin dont il est le secrétaire général. De son regard de réformateur, l’homme voit la « démocratie béninoise en danger » et « confisquée ». Plusieurs fois candidat malheureux aux élections présidentielles, Philippe Noudjènoumè fait des dénonciations. Pour lui, l’argent et la fraude sont devenus des facteurs déterminants pour l’élection des dirigeants béninois. Et pour sortir le Bénin de cette situation qu’il dénonce, il fait quelques propositions qu’il compte d’ailleurs soumettre aux populations pour l’élection présidentielle de 2016 à laquelle il se porte déjà candidat.

 

Monsieur le Professeur, quelles sont vos impressions d’être sous l’arbre à palabre ?

Mes impressions, mes chers journalistes, merci de m’avoir fait honneur  de m’inviterpour cette interview qu’on peut appeler grand  angle. C’est un plaisir pour moi de me prêter à toutes les questions qu’il vous plaira de poser à ma modeste  personne.

Quelle lecture faites-vous des résultats des deux  dernières élections  législatives et communales?

Les deux dernières  élections législatives,  communales et locales  ont révélé une chose très importante : c’est que notre système politique est  malade. De quoi ? Il se fait que la classe politique dirigeante est consciente qu’elle ne peut pas faire passer un message unanimement accepté par la population sans recourir aux méthodes les plus infestes de la démocratie, abondance de corruption, l’argent versé par-ci, par-là, pour s’acheter des suffrages et arracher le suffrage du peuple. Deuxième  situation, c’est la fraude de bout en bout, depuis la création du Cos-Lépi  jusqu’aux opérations électorales, le jour même des élections, jusqu’après y compris au niveau des structures chargées d’organiser les élections, il y a fraude. Il y a fraude, il y a manipulation des données sorties des urnes. Tout cela pour que nous ayons des représentants. Si bien qu’aujourd’hui, sont représentants à ces deux niveaux, à la fois députés et maires. Mais pas tous, bien sûr, des gens qui ont mis la main sur la richesse nationale et se sont faitde l’argent avec lequel ils peuvent corrompre et se faire élire. Autrement dit, on a des mal élus pour l’essentiel et qui sont illégitimes.

Est-ce que vous estimez que c’est du fait du règne de l’argent que votre alliance ANG n’a obtenu ni député ni conseiller ?

Non. Essentiellement, c’est le rôle de l’argent. Parce que si vous voyez bien, au niveau de l’ensemble des listes qui se sont présentées aux législatives et aux locales, nous sommes la seule alliance à avoir un programme déployé partout. Un programme qui a reçu des acteurs, des accueils enthousiastes dans les villes et les campagnes. Mais à la fin, l’argent a tout déjoué. Des éléments, même vomis, même décriés par les populations, à cause de l’argent, se sont fait élire aux législatives. Deux choses nous ont défavorisés. C’est le rôle massif de l’argent et ensuite la fraude.

Mais si les populations acceptent volontairement d’être corrompues par l’argent,ça veut dire que le niveau de conscience n’est pas adapté au processus démocratique?

Oui et non.Oui parce que, jusqu’à demain, qu’on le veuille ou non, il y a des gens, c’est eux qui mettent les bulletins dans les urnes. Non, parce qu’il y a eu des situations antérieures. C’est comme une bête sauvage qu’on enferme affamée dans une cage et qu’on sort. Elle ne raisonne plus. L’argent a drogué notre population, puisque j’ai vu moi-même sur le terrain. L’argent a drogué la population au point où le père ne reconnait plus le fils, la sœur, le frère. L’argent a tout drogué parce que la population a faim. Un pays où l’individu vit avec en moyenne un (01) dollar par jour à qui on déverse brutalement 1.000 francs, 2.000 francs, il ne raisonne plus, il préfère mourir en prenant ça qu’à ne rien faire.

Est-ceque, dans ces conditions, la démocratie a de l’avenir ?

Notre démocratie est en danger, notre démocratie a été confisquée entièrement par une classe dirigeante, vorace, illégitime depuis 1990 qui conduit le pays au chaos. Nous, en tant que personne physique, nous sommes vieux. Vous, vous êtes assez jeunes et vous aurez le temps de voir.

Mr le Professeur, on note aujourd’hui que le PCB est en chute libre, il ne parvient plus à faire adhérer la masse à ses idéaux. Est-ce qu’on peut conclure que votre parti n’apparait plus crédible aux yeux des populations ? 

Non. Ce sont vos prémisses qui ne sont pas exactes. Le PCB n’est pas en chute libre. Non.

Mais vous n’avez pas de député

 Je vous ai déjà dit les conditions dans lesquelles se déroulent les élections. Donc, il ne faut pas me parler de vos prémisses qui ne sont pas justes. Les prémisses qui conduisent à des  conclusions erronées. Nous ne sommes pas en situation de crise et aujourd’hui, nous avons, après les élections, beaucoup des manifestations ! Vous savez, il y a des volontés qui se battent pour venir au parti. D’ailleurs, je vous signale que notre parti est alliance avec deux autres partis, à savoir, le PSB-Bélier et le CDP et ensuite avec plusieurs organisations révolutionnaires de syndicats comme la FESYNTRA-FINANCES, la CSTB de Iko et autres. Avec des jeunes aussi, on est en alliance. Ils sont partis sur le terrain et ils ont vu ce que c’est que la gangrène qui est, n’est-ce pas, la corruption et la fraude.

Mais est-ceque c’est normal que des organisations syndicales soient affiliéesà une organisation politique ?

Absolument normal, parce que lorsque je suis un syndicat que je fais des revendications, je veux qu’à un moment donné, un gouvernement soit amené à donner satisfaction. Partout, c’est comme ça. C’est au Bénin que je vois des syndicalistes se raconter n’importe quoi. Ça  me fait même mal des fois de  voir n’importe quoi. Un syndicat doit faire de la politique pour que ces exigences soient prises en compte par un Gouvernement qu’il désire porter au pouvoir absolument.

Je voudrais avoir votre avis sur l’organisation pratique de ces élections.

J’ai déjà un peu parlé de ça au début. J’ai parlé des conditions chaotiques dans lesquelles ont été organisées les élections au Bénin. On était à la veille et on dit qu’il faut aller aux élections alors que le COS-LEPI n’avait pas encore tout fini et il y a encore un système qui est que le COS-LEPI où les membres sont en même temps candidats et ils fabriquent des listes pour les autres. C’est un scandale ! C’est déjà en fait, des conditions de fraudes manifestes ! Parce qu’ils sont à la fois juges et partie, c’est chaotique.

Vous  avez des noms?

Le président de COS-LEPI,Sacca Lafia. Il est candidat sur la liste de l’alliance Soleil ; il y a d’autres éléments comme le président de la Fédération béninoise de football,Ahouanvoébla. Il est membre du COS-LEPI, il est député aussi ! C’est la fraude manifeste. Il ne faut pas permettre aux gens de faire du scandale.

Mr le Professeur, bientôt Yayi Boni va boucler  ses deux mandats à la tête du pays. Mais quel bilan faites-vous de sa gestion ?

Pour faire le bilan de la gestion du président Boni Yayi, on peut écrire des tomes. Alors, si vous voulez qu’on fasse son bilan, on peut, en un mot, dire que c’est la faillite du système néocolonial, c’est un avatar du pacte colonial. En 1960, nos Etats n’ont pas assisté réellement à l’indépendance. La France, comme il n’y a rien eu dans notre pays, a dit il n’y a pas guerre chez nous. On n’a aucune souveraineté  et depuis lors, ça continue jusqu’aujourd’hui. Sauf  quelques petits éléments qui ont changé entre 1972 et 1989 avec le PRPB.  Le système comprend une langue française  qui est la langue de l’enseignement dans le monde et en Afrique, nous autres, nos enfants et nous-mêmes pratiquons la science en langue étrangère. Souvent en anglais, en français.Yayi Boni a échoué. Il a échoué. Je parle du système, lui-même. Ensuite, il y a le franc CFA qui est une arnaque mondiale où votre argent est laissé quelque part. Par exemple, en 2010, les réserves même du Bénin ont été évaluées à peu près à 710.000.000.000FCFA auprès du trésor français que la France garde par devers elle. La Côte d’Ivoire a au moins 4500.000.000.000 FCFA, que la France emprunte maintenant par des banques privées à nos pays avec intérêt. C’est une arnaque. Ça fait deuxième système: la langue, la monnaie et autre chose maintenant, c’est toute l’administration qui est là. Les entreprises, n’est-ce pas, disons françaises, on peut citer Bolloré. Après tout, nous sommes pratiquement une colonie dahoméenne, devenue Bénin. Bolloré prend tout en charge. Voilà un système et Yayi Boni n’est qu’un membre du système. Il n’est arrivé que par ça. C’est ainsi qu’en 2003, il a été décoré par Chirac et c’est après qu’on le propulse à la tête de l’Etat béninois. Il exécute exactement ce que veut la France. Donc,Yayi Boni n’est qu’un élément du système où l’éducation est à terre. Regardez le BEPC. C’est l’échec de l’école française au Bénin. Avec le BEPC extraverti. Yayi Boni, c’est un échec. Mais c’est le système, non pas d’un individu, mais le système entier. Le système autour duquel on va s’agenouiller, s’il vous plait, et les autres qu’ils soient de l’UN ou de la RB. Il n’ya pas de différence. En termes de gestion financière et politique, il a excellé parce qu’il a donné une caractéristique particulière aux diplômes. Yayi Boni a excellé dans la destruction du tissu économique, même élémentaire, dans la destruction des fonds publics, dans la négation de ce qui a été acquis en 1990 comme liberté. Lui, il a détruit tout ça. C’est tout. Mais, c’est le système qui est là.

N’est-ce pas parce qu’on ne vous associe pas à la gestion que vous peignez tout en noir ?

Je vous fais une confidence. S’il vous plait, c’est la première fois que des offres de participation aux systèmes sont présentées. Nous ne sommes pas des négationnistes. Si un pouvoir dit aujourd’hui je veux telle situation comme l’instruction  dans nos langues maternelles, mon parti participera à cette décision. Ce n’est pas parce que mon parti ne participe pas. Est-ce que réellement vous voyez ce qui est bon ?Tant mieux pour vous. Dans ce pays où les jeunes sont au chômage, un concours où on met en jeu 5 à 10 places, il faut au moins  10.000 candidats. Il faut savoir que c’est un échec.Je vais vous faire une confession. En 2006, au moment des élections présidentielles, mon chef était  Pascal Fantondji. On a retenu en ce temps quand on parlait de changement (ça peut changer, ça doit changer), on l’a appelé. Surtout au deuxième tour où les deux sont apparus, Houngbedji  et Yayi, pour lui dire qu’on veut le rencontrer. On sait qu’il faut rencontrer les deux pour savoir ce qu’ils veulent faire après. Au départ, Houngbedji a répondu à l’appel, Yayi Boni aussi. En ce moment, il était en campagne. Il nous envoie son acolyte, Issa et j’ai appelé Boco qui était chef de la campagne de Yayi à l’époque-là. Il a répondu d’accord et dit que monsieur le Président est en voyage et il a envoyé quelqu’un; on lui a exposé  tout ce que nous voulons.Ça a eu lieu le 12 mars 2006, c’est-à-dire, entre les deux tours. Le 19 mars, Yayi a été élu. Après, il nous a reçu dans notre siège de 10h à 12h30mn et on ne s’est pas entendu sur un point essentiel, l’impact de nos enfants, les langues maternelles. Il a expliqué pourquoi il dit non. Comme on ne s’est pas entendu, il a fini par lâcher. Je vais informer les candidats et s’il y a lieu, la semaine prochaine, on verra ce qu’on va faire. On lui a envoyé un dossier composé de notre programme à nous dans lequel il est mentionné comment nous voulons qu’on gère le pays parce que là-dedans, il y a l’inscription, il ya la question pour mettre fin à la corruption et la révocabilité des directeurs techniques.

Voilà les éléments essentiels que nous voulons voir exécuter par le gouvernement. Evidemment, nous ne l’avons pas obtenu.

C’est pourquoi quand il est élu, vous ne vous êtes plus approchés de lui ?

Si. Il a été élu le 19 mars 2006.  On amène un dossier en avril et en septembre.

Je parle de gestion du pouvoir…

Non. Quand on lui a envoyé les dossiers et qu’il n’a pas répondu,  on va faire quoi ? Quand on lui a envoyé le dossier, c’est parce qu’on voulait le rencontrer simplement.

Voilà, une autre échéance se rapproche,  en 2016. Est-ce que vous aurez un candidat ?

Nous avons fait une expérience, les élections dernières. Ces élections ont révélé que notre système électoral politique est malade et qu’il faut une réforme globale. On n’a pas obtenu et nous allons encore vers une autre échéance électorale. Nous avons été candidat en 2011, mais invalidé par la Cour constitutionnelle. Il n’y a pas de raison qu’en 2016 nous ne soyons pas candidat.

Donc Philippe Noudjènoumè sera candidat en 2016.

Je crois que oui. Sauf empêchement de dernière minute.  Je le répète, il n’y a pas, pour le moment, de raison que nous ne soyons pas candidat sur la liste des partants pour 2016.

Est-ce que ce ne serait pas une anomalie ? Vous n’avez ni député, ni conseiller, et pourtant vous voulez vous lancer dans une aventure pareille ? 

Ecoutez. Je dis bien, jusqu’à nouvel ordre. Je serai candidat. On tire toujours des leçons dans une élection. C’est vrai qu’on n’a pas des députés, on ne dira pas qu’on n’a pas d’élus conseillers, mais les leçons seront tirées à partir de ces élections.

Pensez-vous que votre programme adressé au chef de l’Etat n’a vraiment pas de failles ? Ou bien, c’est le chef de l’Etat qui est contre votre parti ?

Mais c’est évident. Nous avons eu droit à un rejet absolu du programme et des organisations qui le proposent. Donc, c’est un rejet par Yayi Boni. On a vu après tout ce qu’il y a. Les mensonges, la mauvaise gestion, la livraison de notre pays à l’étranger avec la présence de Bolloré et autres.

Vous avez, un peu plus tôt, cité les partis qui sont en alliance avec vous. Dites-nous si c’est le PCB qui va se présenter uniquement ou si vous irez en alliance?

Pour le moment, nous sommes partis en alliance pour les législatives. L’alliance ANG (Alliance pour la nouvelle gouvernance). Cette alliance, au niveau communal, a pris plusieurs noms. Au niveau de Comè, c’est l’alliance démocratie à la base. Là, nous avons eu quelques conseillers élus. Cette alliance est allée aux élections législatives, ira aussi aux prochaines élections. Elle peut s’élargir à d’autres alliances qui acceptent un minimum de notre plate-forme. Notre idéologie actuelle, c’est qu’il faut aimer passionnément ce pays. Etre prêt à mourir pour lui. Ne pas laisser les enfants souffrir. Ne pas chasser les fils du pays, protéger ses investisseurs. Voilà  où nous en sommes. Quiconque est d’accord, nous sommes prêts pour l’accompagner.

Quels seront les grands axes du projet de société que vous allez proposer au peuple ?

 C’est le patriotisme. 1-La promotion de la production nationale par la protection des producteurs nationaux contre l’envahissement de l’étranger, 2-L’instruction dans les langues nationales, 3- l’élection et la révocabilité de nos dirigeants techniques à des postes où il y a de l’argent, 4-Les assises sur nos valeurs traditionnelles. Pour être chef à l’extérieur, il faut l’avoir été chez soi. Il faut compter sur notre tradition. Ne pas les écraser sous couvert de la mondialisation qui n’a pas de nom. C’est cela notre projet de société.

Et s’il vous était demandé de faire un bilan de votre passage à la tête du PCB. Vous diriez quoi ?

Le bilan ne se fait pas dans une communication.

Qu’avez-vous réussi à faire jusque-là en tant que secrétaire général ?

Nous avons beaucoup fait, mon équipe et moi.

Exemple…

Ecoutez, si vous voulez, la plateforme qui a empêché Boni Yayi de réviser la constitution, on était un des éléments moteurs. Demandez aux gens de l’UN, ils vous le diront. Les marches de terrain, ce sont nos éléments qui venaient. On a empêché absolument que cette révision de la constitution ait lieu. Quand le projet de révision de la constitution a été fait par l’équipe de Boni yayi, c’est ma modeste personne qui a fait la critique du programme de Boni Yayi, pour pouvoir détruire cela en même temps. C’est moi qui ai démonté le projet  de constitution du président, parlant des arguments qu’il ne connait lui-même.  J’ai démontré qu’il voulait créer une nouvelle république pour pouvoir se maintenir au pouvoir. Il y a plein de choses qu’on a réussi à faire.

Vous êtes professeur à l’université, par conséquent,  concerné par la grève qui secoue depuis quelques mois l’UAC. Alors, comment appréciez-vous cette situation que cette université traverse ?

C’est déplorable. Cette crise a des causes.

Lesquelles ?

C’est que notre pays et ses gouvernements agissent dans l’improvisation et dans le mépris du peuple. Voyez-vous ? Nous étions là quand le conseil de l’Uemoa, en 2007, a décidé que tous les pays membres de l’union adhèrent au système LMD. Et sans prendre précaution, sans évaluer le niveau de chaque pays pour savoir s’il peut pratiquer ou non le LMD, on balance le LMD par un décret  en 2010. On se met à le faire. Alors que les conditions élémentaires ne sont pas remplies. Il faut minimum un ratio d’enseignants-étudiants de 1 pour 25 ou 30 étudiants. Or, aujourd’hui, dans nos universités au Bénin, tu vois des amphithéâtres de 5.000 voire 6000 étudiants. Avec cela, il est impossible de faire LMD. Autre chose,  et là c’est malheureux. Ce ne sont pas nécessairement les gouvernants. Il y a mes propres collègues enseignants qui font preuve d’une voracité bizarre. Ce sont eux qui veulent privatiser les universités.

Vos collègues ?

Bien sûr. Ce n’est pas possible. Comment vous pouvez accepter que pour étudier au campus d’Abomey-Calavi dans les facultés classiques de 1ère en 3ème année, que les études soient gratuites et qu’à partir du Master, ce sont des centaines de milliers que vous devez débourser ? Et c’est par une note signée du recteur, s’il vous plait. Note N°260-13 UAC du 31 octobre 2013 signée du recteur Sinsin qui fixe les montants à payer par les étudiants en Master au Bénin. Les frais d’inscription annuelle à la formation du Master et l’accès au doctorat s’élèvent à 51.500f pour les étudiants réguliers et à 100.000 f pour les étudiants étrangers. Les frais de formation des Béninois, à l’inscription, sont entre 250.000 francs CFA et 500.000f Cfa au maximum pour les masters professionnels. Entre 250.000 et 600.000 fcfa au maximum pour les masters de recherche et pour les doctorats.  Les tarifs sur les subventionnés n’incluent pas les frais de recherche en formation doctorale. C’est grave. Une étude faite par le Conseil national de l’éducation dit ceci : « L’étudiant en DEA et doctorat à la Flash à l’UAC paye 452 200f par an s’il est Béninois, et 710 000 f s’il est étranger. Les Béninois inscrits pour un master en examen de la science de la vie spécialité production végétale à la Fast payent 451.200 f par an et ceux du doctorat en science de la vie payent 651.200f par an à l’UAC. Les étudiants inscrits en Master à la Haute école régionale de commerce international  (EHERCI) de l’UAC payent 600 000 f par an. 150 000f pour l’anglais obligatoire et 30.000f pour l’inscription, soit au total  780.000f CFA. L’étudiant béninois en DEA et doctorat de la Fadesp- régime ordinaire- paye 351 200f par an  ».  L’étudiant de Master en droit de l’homme et démocratie de la Chaire Unesco paye 651 200f par an. À titre de comparaison, on notera que l’inscription en doctorat à l’université Cheik AntaDiop de Dakar coûtait 150.000f par an jusqu’à l’année dernière et cela vient d’être ramenée à 75.000f pour compter de l’année 2015-2016. » Pourquoi le Bénin va t-il exceller dans la négativité ?

Quels sont vos reproches alors ?

Mais, les frais sont élevés. Pour un pays dont le salaire minimum est un dollar par jour, c’est grave. Cela veut dire qu’on exclut les fils des pauvres de l’accès au doctorat et au Master. Mais, ils sont  combien au master et en doctorat ? Si vous voulez, 1ère année et 2ème année, il y a des étudiants. Le reste on ne voit plus rien. Il y a des facultés classiques qui sont déjà privatisées comme la Faseg où même en seconde année on paye. Par exemple, pour la filière gestion en seconde année à la Faseg, on paye 100. 000 f et en économie, on paye 100.000f déjà au premier cycle. On va où avec cela ?

Cela veut dire que vous soutenez le combat des étudiants ?

Entièrement. Jele dis souvent à mes collègues. Ils déconnent.

C’est vous qui les encouragez à casser leurs propres infrastructures ?

Attention. Je dis ce qui est vrai. Ce sont les aînés qui créent les conditions de violences à l’université. Quand vous faites les trucs de ces genres-là, vous donnez des raisons aux gens qui font des casses. Quand vous appelez les flics qui font des casses aux étudiants, que voulez-vous ?

Vous avez les preuves ? Avez-vous vu des flics casser des choses ?

Quand ils sont venus sur le campus, ils ont cassé plus de 60 motos appartenant aux étudiants. Vous ne savez pas cela ? Allez vous renseigner, vous saurez. Ils ont blessé des filles qui étaient dans leurs cabines. C’est l’autorité rectorale qui fait violence en faisant appel à tout moment aux flics. Je le dis haut et je le défends partout. Je m’en fou des voix des professeurs qui ne partagent pas le même avis que moi. Si ce qu’ils disent est erroné, je dois le dire. J’ai fait un point de presse pour ça, le 12 juillet dernier.

Quelle est, selon vous, la porte de sortie ?

Il faut mettre fin à l’application du LMD. Faire le bilan du LMD, mettre à terre ces frais exorbitants qu’on fait payer aux étudiants.

Vous paraissez ignorer que le Bénin, en se mettant hors du LMD, accuse du retard

C’est quoi hors du LMD ? Pourquoi me parlez vous de hors de LMD ? Nous avons un système pédagogique négatif qui ne correspond pas à nos réalités. Pire encore, tous les syndicats d’enseignants de l’UEMOA, que ce soit au Burkina Faso, en Côte d’ivoire, au Sénégal sont tous contre le LMD. Ils disent que les conditions ne sont pas réunies pour appliquer ce système comme il faut.

Mais les syndicats n’ont pas rejeté ça

Ils ont tort.

Comment appréciez-vous la qualité des étudiants béninois que nous avons aujourd’hui ?

Nous avons la qualité médiocre que nous fabriquons nous mêmes. Ce sont mes éléments. Lorsque tu arrives sur le campus, moi je fais ce qu’on appelle la mutualisation des infrastructures pour les étudiants. Et le cour que je fais en un semestre, je peux le faire en 4 jours. On les assomme de notions, de concepts, et on s’en va. Moi, j’ai fait les universités européennes et africaines. Je n’ai jamais vu un tel système comme au Bénin aujourd’hui où ils sont 2000 dans un amphi. Et c’est ceux-là qu’il faut évaluer. Et pire encore, la plupart des gens sont affamés, ne savent pas là où loger. C’est nous qui fabriquons les élèves et les étudiants de demain. S’il y a violence, ce sont les professeurs et le Gouvernement qui sont les responsables.

C’est la qualité de l’enseignement qui fait échouer les étudiants ?

La qualité de l’enseignement est à terre.

Vous dites une phrase terrible

Absolument et je l’assume

Mais vous-même, vous lâchez le public et vous attaquez le privé. Ne pensez-vous pas que c’est une des raisons de l’échec ?

Non

Mais vous avez une école

J’ai créé une école expérimentale. Mais c’est moi qui paie. C’est à Klouékanmè et c’est moi qui paie cette école. L’école est à terre. C’est l’école française qui est à terre au Bénin. Nous n’avons pas encore une école béninoise au Bénin mais une école française.

Comment appréciez-vous alors les résultats des examens de fin d’année ?

C’est encore une fois la preuve de l’échec de notre école au Bénin. Parce qu’on nous dit qu’il y a grève et on assomme les enseignants de tous les péchés d’Israël. Cette année, il n’y a pas eu grève, et pourtant. Les NPE surtout ont tué l’école au Bénin. Comment voulez-vous qu’on applique le LMD sans faire l’évaluation des conditions d’application de notre système. C’est un échec pour les NPE comme pour le LMD

Mais on n’a pas les mêmes soucis dans les universités privées

Je ne sais pas puisque je n’ai pas fait une étude détaillée là-dessus.

C’est pourtant le même système qui est appliqué dans le privé

Si vous voulez faire le LMD aujourd’hui, pour la FLASH qui regorge de 45.OOO étudiants, il faut 300 à 400 enseignants au moins. Combien sont-ils ? Il faut que le Gouvernement recrute massivement les enseignants et les paie justement.

Autrement dit, ce n’est pas le système LMD qui souffre ?

Pour cet effectif, il faut au moins 100 amphis et salles de cours. Je ne voudrais pas remettre en cause le système qui est en vigueur dans ce pays contrairement aux pays comme le Nigéria ou la Russie où ça marche. Simplement que les conditions ne sont pas réunies pour que ça marche au Bénin à l’heure actuelle.

Vous hébergez la CSTB qui ne se soucie pas de la formation des enseignants mais plutôt des questions de primes, d’augmentation de salaires et autres.

Je n’héberge pas la CSTB. La CSTB est une organisation amie sœur. Ce n’est pas moi qui héberge.

Elle est avec le PCB ?

Non. Nous avons contribué en 1982 à la création de la CSTB au Nigéria. Depuis lors, ils sont autonomes

Nous allons toujours rester dans la mouvance éducative. Il y a quelques temps vous avez créé une école où on enseigne la langue Adja. Pourquoi cette option ?

Vous savez, un peuple n’accepte la science que dans sa langue. L’anomalie coloniale a fait que seul le continent africain accepte la science dans la langue d’autrui,  en français, en anglais, en portugais, en espagnol.C’est pourquoi on parle de déperdition scolaire. L’enfant, dans le ventre de sa mère, entend sa voix. C’est déjà démontré scientifiquement. Quand il sort, il suit avec toutes ces langues. Or, chez nous, c’est le contraire. L’Unesco a dit depuis 2005 qu’il faut que toutes les langues aient accès à la science et à l’internet. Toutes les langues maternelles peuvent être des supports au dernier cri. C’est ça la question. Pour ça, feu Pascal Fantondji et moi avions créé l’Institut national de formation en recherche pour dire qu’il faut œuvrer à ce que les langues soient des langues de science. Or, il n’y a de science que lorsqu’on est dans une école. J’ai essayé de mettre en œuvre une pratique qui est en cours. Il y a deux ans, j’ai essayé avec un collègue de l’INREF.

Quel est le nom exact ?

« Adja tchoudédé » qui veut dire le peuple est debout.

Pourquoi cette option pour la langue Adja ?

C’est un hasard. On pourrait penser que c’est parce que je suis adja mais non. Je voulais le faire ailleurs comme à Covè ou Abomey, mais ça n’a pas réussi. On a pensé le faire en milieu Hwéda mais ça a marché en milieu Adja, à Klouékanmè. Comment ? Il y avait déjà un lieu d’hébergement naturel, un orphelinat parce que la question la plus difficile est celle-ci. Quel parent vous donne ses enfants en cobaye ? Il faut avoir une grande confiance pour aller dans une école qui n’est pas formelle.

Ne risquez-vous pas de tomber dans l’illégalité ?

Heureusement pour nous, les parents ont envoyé leurs enfants et ils sont à l’aise.

Mais, c’est illégal

Il y a des écoles privées qui enseignent uniquement l’arabe. C’est comme ça qu’on évolue et les enfants sont à l’aise et on enseigne les mathématiques, l’histoire, la géographie en langue nationale adja. Mon ami et professeur Guédou est actuellement en train de faire quelque chose du genre à Avogbanan dans le Zou. Il n’aime pas ce que je fais. Pour lui, on commence en fongbé et au fur et à mesure qu’on évolue, la proportion du fon diminue. J’ai dit non. Pour notre expérience, tout se fera en adja. Le français sera comme langue enseignée à partir du parler adja. Et ça va commencer l’année prochaine. Vous verrez qu’ils vont rattraper ceux qui sont au CM2, qu’ils vont passer le Cep et réussir.

Qui sont les professeurs qui s’occupent de l’enseignement ?

Ce sont des maitres puisque c’est le cours primaire.

Comment ont-ils été formés ?

Au départ, ce n’était pas facile parce qu’il fallait trouver un maitre qui, à la fois, maitrise la pédagogie et la langue ancestrale que ce soit adja, yoruba, puisque je veux que ça se développe dans le pays. Il faut qu’il maitrise à la fois la pédagogie et la langue. Ça n’a pas été aisé. On a pu trouver deux. Pour le premier, ça a été un tâtonnement, mais il s’est vite mis à la tâche. C’était d’abord un enseignant du privé de l’école française qui a été aussi alphabétisé en adja. La seconde est une femme qui a fait une école d’instituteurs où elle a eu le CAP, dans l’école française et qui maitrise aussi la langue adja.

Est-ce que vous êtes déjà reconnu par l’Etat ?

C’est en train d’être fait

Comment les enfants vont composer pour le CEP?

Le français intervient à partir du CE2. Pour l’heure, il évolue en adja du CI jusqu’en troisième année. Nous garantissons que l’enfant ira au CEP et réussira en français mieux que les français.

Comment ça se passe avec la scolarité ?

C’est moi qui la prends en charge. J’appelle tout le peuple à payer cette école afin qu’elle soit une expérience riche et réussie pour le bonheur de la nation

Quelles sont vos sources de financement ?

C’est nous qui payons

Et les soutiens extérieurs ?

Il n’y en a même pas.

Ne faudrait-il pas mettre un bon système en place parce qu’aujourd’hui il y a l’anglais qui prend de l’envergure. C’est important pour ces enfants d’apprendre cette langue. Mais n’y aura-t-il pas des difficultés à pouvoir s’en sortir ?

Une personne qui maitrise sa langue nationale maitrise facilement la langue étrangère. Moi, j’ai été un exemple. Mon père est un paysan et ne maitrisait pas le français. J’ai appris très tôt le français. L’enfant qui est là aujourd’hui au CE1 ou au CE2 va très vite évoluer en français. A partir de la sixième, il va exceller en anglais.

Y a-t-il un sujet que vous auriez voulu aborder avant la fin de ces échanges ? 

Oui. Il y a un aspect me concernant. C’est que je suis aussi écrivain. Mais la politique prenant le dessus a offusqué ce talent qui est en moi. J’ai écrit  des poèmes.  J’ai participé à un concours à l’agora français, c’était un concours théâtral et deux de mes écris ont été retenus et produits sur scène. Mais la politique m’a caché ce talent.

Qu’est-ce qui vous a le plus motivé à faire carrière dans la politique ?

Je suis révolté par la pauvreté. Je suis d’un milieu populaire, pas de riche, non. J’ai dit qu’il faut lutter contre la pauvreté. J’ai vu des parents pourchassés, ligotés pour l’impôt. Ça m’a révolté et j’ai dit qu’il faut mettre fin à ça. C’est le ‘’ZinsouTakouè’’ en question.

 

Que direz-vous en conclusion à cet entretien ?

Je voudrais réitérer mes sincères remerciements à toute l’équipe de ‘’L’Evénement Précis’’ pour m’avoir invité et accueilli à cet entretien. Je voudrais souhaiter longue vie à la rubrique et au journal et que le peuple se lève pour éviter certaines choses. Que le peuple se lève contre les traquenards et libère notre tissu économique qui est vicié par la corruption, l’argent. Il faut protéger notre patrimoine. Le peuple n’a qu’à se lever et être vigilant car les hommes passent, mais le pays reste.

CARTE D’IDENTITE

Un engagement politique et professionnel

Deux traits de caractère transparaissent chez le professeur Noudjènoumè ; deux traits qui peuvent se réunir sous une seule appellation : l’engagement. Il y a d’abord sa fouge politique qui l’a amené de prison en prison sans que jamais elle ne s’éteigne. Arrêté le 26 juin 1979, soit quatre mois après sa première prise de service en tant qu’enseignant à l’université, il passe cinq années derrière les barreaux. De Cotonou où il fut d’abord conduit à la prison civile de  Porto-Novo d’où il parvient enfin à s’échapper, il passe cinq années d’enfer dans les geôles du PRPB. Philippe Noudjènoumè avait pourtant tout pour réussir sans histoire dans le Bénin révolutionnaire. Né en septembre 1948, il parcourt d’une traite l’école primaire et le cours secondaire, avec des résultats brillants. Bénéficiaire en 1961d’une bourse pour faire le Collège  Aupiais, c’est dans ce réservoir d’intelligences qu’il évolue jusqu’à décrocher son baccalauréat en  1968. Baccalauréat série Philosophie (série littéraire d’aujourd’hui), il est le deuxième du Dahomey, cette année-là, le premier étant Ismaël Tidjani-Serpos. Sur ces entrefaites, Philippe Noudjènoumè débarque à Dakar, en plein cœur des grèves estudiantines. La répression le touche, lui et ses camarades dahoméens, évacués manu militari sur Brazzaville par les autorités sénégalaises. On était en 1970. Après trois ans au Centre d’éducation supérieure de Brazzaville, il part pour Caen, en France et ensuite à la Sorbonne pour faire le droit. Mais le brillant étudiant ne fait pas que le droit : il décroche aussi une maîtrise d’histoire. En 1979, c’est le diplôme d’études supérieures (DES), l’équivalent du DEA ou du master d’aujourd’hui, avec lequel il rentre au pays pour enseigner. Mais c’était sans compter avec sa fougue qui le mêle aux mouvements d’humeurs en cours sous le régime révolutionnaire.  Quatre mois seulement après son retour au bercail, il doit faire la prison et y rester jusqu’en 1984.  Avec une dizaine de prisonniers d’opinions comme lui, il profite du relâchement de la surveillance pour s’évader. Trois fugitifs de la bande seront repris avant de s’évader à nouveau.  Famille brisée, carrière en lambeaux, le voilà qui entre en clandestinité. Car, la libération des détenus politiques des suites de l’amnistie de 1984 n’aura guère émoussé la hargne antirévolutionnaire de Philippe Noudjènoumè. Il rentre en 1990, à la faveur de la conférence nationale qu’il dénonce aujourd’hui avec la même virulence.  « Notre démocratie n’a pas été octroyée par Kérékou mais arrachée par notre sueur, notre sang », dit-il avant d’ajouter : « Ceux qui ont combattu pour la démocratie ont été exclus de la conférence nationale. C’est pourquoi, aujourd’hui, les choses se passent comme ça. Ceux qui se sont battus pour la démocratie sont là et ce sont les profiteurs qui sont là, aujourd’hui, à faire les gros bras, les dodus. Ils n’ont pas souffert pour la démocratie car la plupart de ceux qui l’ont fait sont morts, ceux qui ont fait la prison, ceux qui ont vu leurs familles se disloquer. C’est à ceux-là que nous devons notre démocratie ». Membre fondateur du Parti Communiste du Dahomey, il est aujourd’hui le premier responsable du PCB. Mais, derrière ce parcours politique, se cache un autre parcours, celui professionnel qui n’est pas moins hardi. Philippe fait partie des rares enseignants à avoir refusé délibérément de s’inscrire au Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES). Car, selon lui, « le système CAMES est un système  organisé  par la Francophonie qui évalue    selon les normes et canon  français ».  Il refuse de s’y soumettre. Avec son doctorat décroché en 1995 sur le thème « Démocratie au Bénin, bilan et perspectives de 1985 à 1993 », il dispense des cours de sciences politiques à l’université d’Abomey-Calavi jusqu’en 2009, année de son admission à la retraite. Auteur de plusieurs ouvrages de droit et de sciences politiques, il est aussi expert en gestion des frontières.

INTIMITE

Intellectuel  et frugal

Philippe Noudjènoumè est père de sept enfants de différents mariages. Mais, il reste monogame et apprécie  chez la femme sa tendresse et sa sincérité. A table, le communiste aime les plats béninois : gombo, légume par exemple accompagné de la pâte de maïs ou encore l’igname pilée avec de la bonne sauce arachide. Boisson ? Non, rien que de l’eau. Sa passion reste le football, même s’il considère que  « la politique a détruit notre football ».

 La Rédaction

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