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Le triomphe de la vérité

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Edito: Cinq idées reçues sur Lionel Zinsou


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1- C’est le dauphin de Yayi. Tout porte à  croire que oui. Même si l’intéressé a formellement démenti  tout agenda électoral caché. Le tollé soulevé par sa nomination est en grande partie lié à ce dauphinat annoncé depuis le séjour parisien du chef de l’Etat. Les Béninois ont l’impression que Boni Yayi  voudrait bien leur imposer un dauphin, comme il a voulu faire de Komi Koutché un président de l’Assemblée nationale, envers et contre tous. Comme pour Komi Koutché, ce parachutage est dangereux à plus d’un titre. L’homme ne connait pas grand-chose des leviers politiques du Bénin réel. Les réseaux d’influence qui font le pouvoir au Bénin, lui échappent et il ne faut pas compter sur Boni Yayi pour les lui montrer. Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’accession de Yayi au pouvoir en 2006, est le fruit d’un long et patient travail de proximité. Il a lui-même construit ses réseaux auprès de la classe politique, des syndicats, des associations de producteurs ainsi que des organisations de la société civile. Les Béninois n’ont découvert le pot-aux-roses que bien plus tard. Le parachutage de jeudi laisse ouvert un jeu dont l’efficacité dépend de la discrétion. Pire encore, le contexte électoral et de fin de règne s’y prête mal. Même au sein des FCBE, la pilule est amère à avaler.

2- C’est un bon technocrate. C’est vrai. Toute proportion gardée, Lionel Zinsou est pour les finances, ce qu’Angélique Kidjo est pour la musique. C’est un économiste de renommée mondiale au carnet d’adresses impressionnant. Il a toutes les qualités pour réussir. Malheureusement,  le régime Yayi est un parfait mouroir pour les cadres, quelles que puissent être leurs origines professionnelles et identitaires. Adepte de la directivité managériale et du culte de la personnalité, c’est un dictateur dans l’âme. Il n’a jamais laissé les coudées franches à aucun ministre pour diriger quoi que ce soit. On en vient même à prier pour qu’il n’intervienne pas dans certains secteurs sensibles du pays, tant ses réflexes politiques sont dévastateurs. C’est pourquoi, la plupart des Béninois peinent à citer un seul projet concrétisé avec succès en neuf ans, avec l’intervention de Boni Yayi.

3- Il ne connait pas les réalités béninoises. C’est vrai et je dirais même qu’il ne connait pas vraiment Boni Yayi. Lionel Zinsou n’a pratiquement jamais fait un mois d’affilée au Bénin. Son éducation et ses références sont dans l’hexagone.   Ceux qui prétendent que le Bénin n’a pas un problème d’homme, mais de leadership, vont encore trouver à dire : le nouveau premier ministre aura tendance à importer les solutions toutes prêtes de Paris. Evidemment, ce serait fatal.

4- Il amènera les investissements étrangers au Bénin. C’est faux. Il ne faut pas prendre les bailleurs de fonds pour des imbéciles. Si tant est qu’on les pousse à injecter leurs deniers au Bénin, ils passeront le temps à faire trainer les procédures, en attendant la fin du mandat en cours. Il est connu que toute fin de mandat est une zone de turbulence au cœur de laquelle les investisseurs ne se hasardent qu’à coup de précautions méticuleuses. Les miroirs aux alouettes de Paris, ont duré le temps des illusions. Un an après la grand-messe, on attend toujours les milliards annoncés, précisément parce que la gouvernance Yayi est émaillée de scandales. Croire que les bailleurs de fonds injecteront leurs avoirs dans cet engrenage, serait une erreur monumentale. Mieux (ou pire), le nouveau premier ministre est obligé de gouverner à court terme, si on lui en laisse la main. Aucun projet structurant véritablement nouveau ne saurait se conclure en neuf mois. L’ambiance de fin de règne, fera de l’administration une machine au service des chapelles politiques en compétition pour 2016. Par conséquent, son efficacité va s’en trouver d’autant plus réduite.  Personne ne s’attend à des miracles.

5- C’est un suppôt de l’impérialisme français. C’est faux ! Lionel Zinsou n’est pas moins béninois qu’Adrien Houngbédji, Nicéphore Soglo ou encore Joseph Gnonlonfoun. Ce sont pourtant des personnalités politiques dotées de la double nationalité et qui n’ont jamais été soupçonnées de brader les intérêts du Bénin au profit de leur seconde nationalité. La Fondation Zinsou qu’il a créée depuis une décennie, montre en plus une fibre patriotique  et panafricaine indiscutable. L’idée d’un Zinsou apatride est incongrue, si l’on s’en tient au fait qu’il  ne s’est jamais départi de sa nationalité béninoise.
Par Olivier ALLOCHEME

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