.
.

Le triomphe de la vérité

.

Interview de Dieudonné Lokossou (SG CSA-Bénin): «L’Etat encourage l’incivisme et la délinquance civile »


Visits: 25

Le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), Dieudonné Lokossou a dans une interview apporté d’éclairage sur un certain nombre de situation qui agite aujourd’hui les sociétés d’Etat au Bénin. Dans l’ensemble, il a déploré le traitement des travailleurs des entreprises publiques telles que l’Asecna, la plate-forme portuaire, de l’Ocbn et récemment du secteur eau. Rassurant de ce que les pourparlers sont en cours de tous les côtés pour faire respecter les propositions des travailleurs, il n’a pas manqué d’aborder le dossier qu’on pouvait désormais appeler, « scandale eau ». il déplore la décision devant contraindre les sociétés d’Etat à contribuer à la mobilisation des fonds devant désormais favoriser la réalisation des forages d’eau.

L’Evénement Précis : Qu’est qui se passe exactement à l’Ocbn aujourd’hui ?

SG/CSA-Bénin/Dieudonné Lokossou : A l’OCBN, vous savez que l’Etat est dans la réforme. C’est une société en rénovation de concert avec la République du Niger. Donc, c’est le Bénin et le Niger qui détiennent le capital social à 100%. Alors l’OCBN qui a servi pendant longtemps les deux pays et qui a porté des plus-values à l’essor économique dans les deux pays est dans un état comateux depuis des années. Mais il faut comprendre que nous ne sommes pas contre les réformes, mais plutôt, pour celles qui doivent avoir des conséquences positives sur le quotidien des travailleurs. Toute réforme qui ne doit pas prendre en compte le fait social n’est pas acceptable.

Il paraît que les travailleurs sont en difficulté. Certains auraient été renvoyés
Par rapport à nos travailleurs, j’aurais appris qu’on les aurait tous suspendus pour en sélectionner d’autres. Mais lorsque le secrétaire général du SYNCOBENI s’est rapproché de moi, il y a eu quelques nuances. Donc, il y a eu des exagérations. Mais je pense qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Si Bolloré qui est l’actionnaire principal au détriment du Bénin pense faire des réformes, il doit penser aux travailleurs de la maison. C’est une tradition qui a forgé l’OCBN. Il faut comprendre que ce sont ces travailleurs qui ont fait les moments de gloires de l’OCBN. Ils ne sont pas à mettre à l’écart dans la mise en place d’une quelconque réforme.
Pour dire non au bradage des entreprises publiques, vous étiez également aux côtés de la Plate-forme portuaire lors de leur dernière assemblée générale extraordinaire.

Que retenir de la situation que traverse le poumon de l’économie nationale ?
Nous, nous sommes des syndicalistes et défendons toutes les causes. Le syndicat du Port qui nous a informés n’est pas affilié à la CSA-Bénin. Mais l’esprit de solidarité nous a conduits d’abord à leur assemblée générale extraordinaire. Pour aborder la situation, je dois dire aux autorités que toute réforme doit tenir compte des travailleurs qui apportent leur force. Le capital seul ne peut rien faire. Le souci de transparence appelle que les employés soient impliqués. C’est donc dire qu’aucune réforme dans les sociétés ne doit mettre à l’écart les travailleurs. Le port autonome est-il rentable dans son état actuel ? Oui ou non ? Et si je dois écouter le discours du directeur général du port, il avait dit qu’il était passé d’un tonnage minime à un tonnage supérieur. Donc, on doit les associer pour que le volet social ne soit pas perturbé. Je pense qu’il a été dit que la communication contenait une erreur qui sera corrigée. Et on attend de voir la suite.

L’Asecna qui est sous votre tutelle souffre, elle aussi, de liquidation de son espace aérien. Est-ce qu’on peut croire que le Bénin n’a plus sous sa gestion son espace aérien ?
J’ai reçu une motion de grève de leur part. Le problème concerne l’exploitation de leur espace. Il paraîtrait que le Bénin et le Togo auraient offert, sur un plateau d’or, l’exploitation de l’espace au Ghana alors que l’Asecna est une association regroupant un certain nombre de pays. Et c’est à cette société qu’on a confié cela. Nous nous demandons si les clauses de cet acte sont respectées. Donc, je n’ai pas tellement compris les motifs pour lesquels nos gouvernements veulent offrir leurs espaces à un tiers. Est-ce que l’exploitation que le Ghana fait est déjà très bien pour qu’on lui ajoute la part du Togo et du Bénin ? Donc les collègues syndicalistes du Togo et du Bénin ont adressé une motion aux dirigeants. Mais, au dernier moment, ils m’ont confié que la grève est suspendue. Je pense qu’ils ont choisi la voie du dialogue.
On ne pourra pas occulter le scandale de l’eau avec la démission du ministre de l’eau, Barthélémy Kassa. Quelle lecture en fait le syndicaliste que vous êtes ?
Je dirai que c’est la première fois qu’un ministre en exercice démissionne pour se mettre au service de la justice.

L’a-t-il fait volontairement ou sous pression ?
Quelle que soit la forme, on ne peut que le féliciter. C’est cette pratique que nous devons cultiver à tous les niveaux, même au parlement. Pour revenir à Kassa, je pense que ce n’est qu’une démission partielle. Il aurait eu mes félicitations s’il prenait sur lui la responsabilité de ne pas aller au Parlement parce qu’il a un suppléant. Mais je ne sais pas ce que les textes disent au Parlement. Est-ce que le député qui a des ennuis avec la justice peut se faire en attendant remplacer par son suppléant et quand il serait blanchi, reprendre ses fonctions ? C’est de cela qu’il est question. Si ce point est clarifié, donc Kassa n’a pas à se juger lui-même. A partir du moment où il a démissionné, c’est la justice qui doit dire le droit.

Des sociétés d’Etat sont justement mises à contribution pour la compensation des fonds dilapidés et vous n’en dites rien. Pourquoi ?
Si les syndicalistes des sociétés concernées ne se soulèvent pas, cela fait leur problème. Les sociétés ont d’ailleurs des difficultés et je ne vois pas la raison pour laquelle on va les contraindre à contribuer. Les sociétés payent leurs impôts, par conséquent, je veux savoir les critères sur lesquels on s’est basé pour faire cette répartition. A partir du moment où les soupçons pèsent sur des gens, ce n’est pas aux sociétés de rembourser ces fonds qui doivent servir à réaliser les forages. C’est une démarche qui ne participe pas de la bonne gouvernance. Cela veut dire qu’on pouvait mettre les sociétés à contribution pour payer les citoyens grugés dans l’affaire ICC-Services. L’Etat développe l’injustice sociale. Alors que l’affaire est pendante devant la justice, on doit commanditer des audits. L’Etat encourage l’incivisme et la délinquance civile.

Propos recueillis par Emmanuel GBETO

Reviews

  • Total Score 0%



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page