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Le triomphe de la vérité

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Protestation contre la tentative d’arrestation de Candide Azannaï: Les dessous du soulèvement populaire


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Après les violences de ce lundi 04 mai 2015 à Cotonou, l’opinion publique se demande légitimement ce qui explique ce mouvement de foule. Car, en réalité, la spontanéité et le caractère massif de l’événement, montrent qu’il y a une colère populaire latente qui a explosé face à une étincelle jaillie de quelque part. Plusieurs facteurs sont ici en jeu.

Un cycle de contestation du pouvoir

Le 27 décembre 2013, des syndicalistes préparant une marche de protestation ont été réprimés dans le sang. C’est le début d’un cycle de contestation ayant mis en face le pouvoir et une frange importante de la population. Cette contestation est passée de son stade syndical au stade politique, avec les marches du  30 octobre et du 11 décembre 2014. Cette dernière manifestation, celle du 11 décembre, reste encore dans les mémoires comme une démonstration de toutes les forces sociales et politiques engagées pour la sauvegarde des acquis de la conférence nationale. Les partis politiques, notamment, de l’opposition, y avaient  trouvé un moyen idoine pour rassembler leurs militants autour d’un idéal commun : la contestation de Boni Yayi et de ses dérives autocratiques. Ce lundi 04 mai, les foules qui ont spontanément assiégé les rues de Cotonou le faisaient pour montrer leur peur de voir périr les acquis de la conférence nationale de 1990.

La police nationale a fui

Ce lundi 04 avril, un constat s’est imposé à tout le monde : les policiers ont laissé faire dans le meilleur des cas, ou ont simplement disparu. Ceci pourrait s’expliquer par les fortes rumeurs faisant état de la dégradation des relations entre le chef de l’Etat et la haute hiérarchie policière. Mais plus concrètement, on remarquera que fin décembre 2014, la mort par balle du jeune Axelle Michodjèhoun et surtout les suites judiciaires qu’elle a eues au sein de la police, ont notoirement affecté la troupe. Le policier auteur de la bavure a été mis aux arrêts et la justice finira par le condamner à des années de prison. Du coup, une bonne partie des  jeunes cadres de la police, sentent qu’ils ne sont plus très protégés, en cas de bavure. Mieux, avec les événements,   chacun d’eux a pu voir qu’en cas de riposte policière inappropriée, il risquait d’y avoir un carnage, un carnage aux conséquences incalculables. Même au sein de l’armée, la plupart des officiers supérieurs ne sont plus prêts à exécuter aveuglément n’importe quel ordre. La fin de règne de Yayi explique largement cette réticence. Si même le chef de l’Etat avait donné l’ordre de tirer à balles réelles sur les manifestants, il est clair qu’il ne serait pas écouté.

Un contexte politique explosif
L’élection législative de ce 26 avril 2015 aura démontré à Cotonou, l’impopularité du chef de l’Etat. Sur neuf députés que donne la ville de Cotonou, son alliance politique, les FCBE, n’a pu en obtenir qu’un  seul. C’est le signe du rejet par la population de la capitale économique, de la politique gouvernementale. Ce rejet est accentué par le discours et les actes du chef de l’Etat, lui-même. Celui-ci, dans l’un de ses discours de campagne, avait traité Candide Azannaï en des termes peu amènes, entrainant la réplique énergique de l’intéressé qui ne l’a guère ménagé. Ces échanges violents pouvaient en rester là si le chef de l’Etat n’avait pas choisi de porter plainte contre le député. Des jeunes gens ont pris d’assaut les rues de Cotonou, à la manière des jeunes révolutionnaires de Ouagadougou en 2014. Ils sont révoltés par le non-respect du droit et par ce qu’ils perçoivent comme une dérive autocratique du pouvoir. Cette éruption de violence peut aussi être perçue comme une manifestation de gens qui veulent psychologiquement régler des comptes à Boni Yayi, en l’occurrence, mais aussi montrer leur capacité à entrer dans l’histoire. Lorsque de petits garçons de treize ou quatorze ans s’en prennent en bandes organisées à des adultes en pleine rue, au nom de leur colère, ils reprennent les frustrations de leurs aînés en y ajoutant une certaine volonté de remise en cause de l’ordre des choses.

La montée en puissance de Candide Azannaï
La figure qui ressort des manifestations de lundi, reste Candide Azannaï. Cet harangueur de  foules perçu comme un « homme de Jonquet », c’est-à-dire un baroudeur  jusqu’au-boutiste, inflige au chef de l’Etat   deux échecs consécutifs. Le premier, c’est lorsqu’il a porté la réplique aux invectives du président de la République, sans avoir été inquiété immédiatement après. Le deuxième, c’est lundi, lorsqu’ayant bravé la convocation de la justice, il contraint le chef de l’Etat, à travers les manifestations spontanées de soutien, à suspendre sa plainte. La conséquence politique qui en découle reste la montée en puissance du baroudeur de Jonquet. Candidat aux prochaines élections communales, il pourrait faire une deuxième démonstration de force dans la ville de Cotonou le 31 mai. En même temps, un véritable discrédit s’abat sur Boni Yayi. Le prestige présidentiel est presque à terre, depuis lundi dernier.

Olivier ALLOCHEME

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