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Le triomphe de la vérité

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Edito du 30 mars 2015 : Le nouveau Nago


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Le nouveau Nago est arrivé. Depuis quelques mois, il ne rate plus aucune occasion pour tirer sur son ancien mentor, Boni Yayi. L’émission Zone Franche d’hier marque simplement le franchissement d’un cap pour un Nago qui n’avait presque jamais donné d’interview à la presse nationale, en dehors de ses obligations protocolaires. Et l’exercice de tir aura  servi à régler quelques comptes. Sur le tard.

        Oui, la cure médiatique du Président de l’Assemblée nationale vient après tant de péripéties qu’il est difficile de l’absoudre des crimes du changement.  Tant de compromissions et de silences coupables qu’il est moralement comptable du bilan du changement. Qui niera que Nago est resté muet sur la corruption galopante, le règne de la propagande mensongère ou du régionalisme borné  tant que ces déviances ne concernaient que les autres ?  Qui jamais pourra soutenir qu’il a pu lever le plus petit doigt pour protester contre l’acharnement contre l’opposition ou encore le harcèlement des opérateurs économiques nationaux ? La vérité, c’est que le Président de l’Assemblée nationale a choisi de fermer les yeux sur tout cela. Collaborateur du Chef de l’Etat à ses heures, on avait fini par croire que son institution n’était qu’un appendice mou du pouvoir qu’il servait avec dévouement et zèle.

        Et pourtant, dans la logique de la politique véritable qui est en fin de compte l’exacerbation du service aux autres portée à un niveau communautaire voire national, il avait tous les arguments et toutes les armes pour faire plier le pouvoir et l’empêcher de prendre les directions hasardeuses qu’on a vues. En l’entendant hier, il n’a manifesté aucune contrition face à ce mal fait au peuple béninois. Voilà ce qui peut même révolter les victimes du changement, tous ceux-là  qui ont subi les affres d’un pouvoir solitaire, transformé en bateau ivre, sans bride ni gouvernail, prêt à écraser tous ceux qui avaient le culot de penser qu’une autre politique était possible. Nago n’avait jamais levé le plus petit doigt.

        Il est donc surprenant d’entendre hier qu’il avait pu se faire entendre d’une certaine manière au sein des cercles du pouvoir.  Mais sa voix, portée depuis la tribune de l’Assemblée nationale, ne se fit jamais  entendre. Elle ne fut tout au plus que murmure au sein des grands initiés du palais. Le Président Nago a pu expliquer hier qu’au nom de l’amitié et du partenariat existant entre lui et le pouvoir, il ne pouvait guère ruer dans les brancards comme l’exigeait la situation. On parle de la destruction d’un pays et celui qui aspire à nous diriger parle d’amitié  et de partenariat ! On parle de la dilapidation du patrimoine national et la deuxième personnalité du pays évoque ses liens d’amitié et son partenariat avec le Chef de l’Etat.

        Voilà  le prototype de l’homme politique béninois. Sa réflexion et son engagement ne s’arrêtent qu’au seuil de ses intérêts du moment. Et effectivement, si en 2014, le problème de Bopa, ville natale de Nago, n’avait pas surgi, et si Yayi n’avait pas voulu en user pour le déstabiliser, le réveil du Président de notre parlement n’aurait jamais eu lieu.  Bel exemple de patriotisme, n’est-ce pas ?

        Néanmoins, rendons à César ce qui est à César. Il y a un courage à attaquer Yayi, à lui résister et à lui dire la vérité. Les représailles sans nombre qu’essuie actuellement l’homme de Bopa, ne sont que la portion personnelle qu’il lui a été donné de vivre. Beaucoup d’autres avant lui, et dans des positions moins confortables, ont été écrasés sans pitié. La plupart ont préféré se retirer ou se taire, au moment où la nation  a encore besoin d’eux. Le nouveau Nago veut se donner une nouvelle virginité pour apparaître conforme aux exigences de son électorat.

        Ayant reçu le soutien du maire de Lokossa, il pourra retrouver son siège de député, en se positionnant comme une victime expiatoire du pouvoir. Mais s’il entend gouverner ce Bénin de nos rêves, il lui faudra inventer une nouvelle mystique du pouvoir. Pour le moment du moins, l’image qu’il incarne est celle d’un opportuniste qui a fait le niais pour avoir le foin, durant neuf ans.

Par Olivier ALLOCHEME

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