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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le printemps des inégalités


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Je suis d’accord avec tous ceux qui ont poussé de grands cris en entendant les résultats du récent rapport d’Oxfam Québec sur les inégalités dans le monde.
En janvier 2015 en effet, l’Organisation non gouvernementale basée à Londres, a tiré la sonnette d’alarme à travers un rapport au titre évocateur : « Insatiable richesse : toujours plus pour ceux qui ont déjà tout.» L’une des affirmations les plus fortes de cette étude est que : « Les 1 % les plus riches possèderont plus que le reste de la population mondiale en 2016. »
Oxfam a ainsi calculé qu’en 2016, le patrimoine cumulé des 1 % les plus riches du monde, dépassera celui des autres 99 % de la population, à moins de freiner la tendance actuelle à l’augmentation des inégalités. L’organisation internationale évoque l’explosion des inégalités qui selon elle, entrave la lutte contre la pauvreté dans le monde, alors qu’une personne sur neuf ne mange pas à sa faim et que plus d’un milliard de personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.
L’étude d’Oxfam, montre que la part du patrimoine mondial détenu par les 1 % les plus riches est passée de 44 % en 2009 à 48 % en 2014, et dépassera les 50 % en 2016. En 2014, les membres de cette élite internationale possédaient en moyenne 2,7 millions de dollars par adulte.
Au lancement du rapport, en janvier dernier, Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International, a indiqué que «si les affaires continuent comme si de rien n’était pour les élites, notre incapacité à réduire les inégalités pourrait retarder la lutte contre la pauvreté de plusieurs dizaines d’années.» Oxfam révèle aujourd’hui que 80 personnes les plus riches au monde possèdent autant que 3,5 milliards de personnes. Entre 2009 et 2014, le patrimoine des 80 personnes les plus riches du monde a doublé.
Pour résorber ces inégalités, il faudra mettre un frein à l’évasion fiscale des entreprises et des grandes fortunes, investir en faveur de la gratuité et l’universalité de services publics comme la santé et l’éducation, répartir équitablement la charge fiscale, œuvrer à un salaire décent pour l’ensemble des travailleurs, instaurer une législation en faveur de l’égalité salariale et promouvoir des politiques économiques assurant le traitement équitable des femmes, mettre en place une protection sociale suffisante pour les plus pauvres, notamment la garantie d’un revenu minimum.
Si l’on ne s’en tient qu’à ces chiffres, il y a lieu de s’inquiéter. Le creusement des inégalités dans nos pays, est une menace pour les minorités satisfaites elles-mêmes. Si dans les pays riches, les richesses s’accumulent par un travail colossal abattu par des milliers de travailleurs au profit de quelques individus seulement, dans des pays comme le Bénin, les minorités satisfaites sont souvent celles qui vivent au crochet de l’Etat. Ce ne sont pas forcément les gens qui travaillent le plus qui sont les plus aisés. Ce sont souvent ceux qui ont su se créer des opportunités dans les arcanes du pouvoir.
Oxfam International et les autres organisations en lutte contre le phénomène nous avertissent des dégâts que ces inégalités peuvent engendrer. En l’an 2000, la communauté internationale a lancé un vaste programme d’endiguement de la pauvreté à travers les objectifs du millénaire pour le développement. En attendant le bilan qui sera fait dans quelques mois, il est clair que les objectifs fixés pour 2015, ne seront pas atteints.
Je fais partie de ceux qui accusent nos Etats de n’avoir pas assez d’énergie et de volonté, non pas seulement pour lutter contre la pauvreté, mais surtout pour contribuer à l’enrichissement de nos pays. Les objectifs du millénaire pour le développement paraissent à cet égard, bien minimalistes. Ils cherchent à focaliser l’attention sur les effets au lieu de s’attarder sur les causes. Et les causes de la pauvreté, c’est que les Etats pauvres oublient trop souvent de lutter d’abord pour leur enrichissement. Non pas l’enrichissement de quelques citoyens seulement, mais la mise en œuvre de politiques suffisamment fortes pour impulser la production et la performance dans les secteurs vitaux.
Oxfam poussera toujours ses hauts cris si nos Etats ne s’enrichissent pas en investissant dans l’industrie, l’agriculture, la recherche scientifique et technique. C’est ce que les autres ont fait pour être riches. Suivons leurs pas si nous ne voulons pas périr.

Par Olivier ALLOCHEME

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