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Le triomphe de la vérité

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Edito : Sossouhounto et son strapontin


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logo journalChristian Sossouhounto va peut-être démissionner aujourd’hui. Les injonctions de son parti qui le presse de claquer la porte du gouvernement ne l’ont pas convaincu jusqu’ici. Elles ne le convaincront peut-être jamais, lui qui se trouve déjà trop engagé au cœur du pouvoir pour respecter les dernières volontés de son mentor, Léhady Soglo.

         Non, Sossouhounto pourra certainement faire ce qu’il voudra, mais le peu d’empressement qu’il montre à sortir du gouvernement est déjà en soi une marque de résistance. S’il lui arrivait d’aller planter sa démission au nez du chef de l’Etat, ce ne serait qu’à contrecœur. Et je me demande quelles promesses lui ont été faites pour qu’il affiche autant d’outrecuidance, quelles assurances lui ont été fournies pour qu’il montre autant d’aplomb devant son maître à penser d’hier. Il est vrai, Christian Sossouhounto n’est pas la seule hirondelle de la RB dans l’appareil d’Etat. D’autres cadres RB, soit qu’il a nommés dans son ministère ou qui ont été nommés ailleurs, bénéficient abondamment du partenariat entre le gouvernement et le parti.  On ne parlera pas seulement   de Myriam Kamara, la propre épouse de Léhady Soglo, nommée le 31 juillet 2014 à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), ni de  Noëllie Apithy, actuelle secrétaire exécutive de la commission électorale nationale autonome (CENA) nommée depuis le Conseil des ministres du 27 novembre 2014. On évoquera tous ces cadres positionnés au cabinet du ministre et qui doivent, en toute logique, plier bagage pour respecter la décision de leur parti. Sans ce signal fort, Sossouhounto pourrait avoir l’impression d’un coup monté pour lui enlever un fauteuil qui le rendait réellement visible aux côtés du chef de l’Etat. Les grands chantiers que pilote son département, le mettent déjà bien en vedette, au point de concurrencer sérieusement son mentor en termes de visibilité.

         Il n’est pas exclu non plus qu’ayant fait leur enquête interne, les responsables  de la RB aient perçu la montée du mercure chez les Cotonois. Ceux-ci supportent de moins en moins le régime Yayi. Se démarquer du régime, permet des repositionnements intéressants dans une opinion publique réellement dégoûtée de la politique actuelle.

         Mais en fait, c’est un énorme risque que prend le ministre en se mettant ostensiblement en marge de son parti. S’il s’en va avec fracas, il perd toute possibilité de revenir sur la scène politique, surtout dans une ville de Cotonou dont il connait très bien l’ancrage RB. L’autre inconnu sérieux aujourd’hui, c’est le sort qui serait le sien une fois hors du gouvernement. La résistance actuelle de Sossouhounto montre que  le ministre doute clairement du positionnement qui lui a été promis pour les législatives. Il est fort probable qu’après l’avoir généreusement sorti du gouvernement, il serve de leçon aux autres « rebelles ». Il pourrait finir dans les profondeurs  de la liste RB et passer le reste de sa vie  au bout de l’humiliation historique. C’eût été le comble du cynisme.

Mais la RB, non plus, ne saurait rester indemne dans cette bataille. Il est vrai, dans le combat qui s’engage pour le contrôle de la ville, le parti des Soglo a réussi à faire liguer contre lui presque toutes les forces politiques de Cotonou. C’est sans doute pour briser cet isolement qu’elle entreprend actuellement une alliance avec Restaurer l’Espoir (RE), le parti du virevoltant Candide Azannaï, un transfuge RB. Cette alliance stratégique pourra-t-elle sauver le parti ? Du côté des Soglo, on veut bien y croire, mais il est évident qu’Azannaï seul reste insuffisant pour la cause. Parce que le camp présidentiel, lui-même, prépare ses hommes et ne rate aucune occasion pour peindre en noir la gestion de Nicéphore Soglo. Il ne lui reste plus qu’à pactiser avec le PRD pour atteindre son objectif. Et c’est précisément là où il faudra plus que les paroles vertueuses. Le problème, ce sont les querelles incessantes entre le PRD et la RB.

         Il ne dépendra que des deux partis de transcender leurs querelles pour empêcher l’imposture. Car c’est sur le limon fertile de ces rancœurs du passé que se cultiveront, les prochains mois, les fruits de la victoire  fatale du camp présidentiel.

Par Olivier ALLOCHEME

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