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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec le ministre des Affaires étrangères, Nassirou Bako Arifari: « Des efforts sont consentis pour améliorer l’état des lieux »


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À l’occasion de l’édition 2015 de l’examen du projet général de budget de l’Etat, les ministres sont conviés à honorer un exercice de routine. Passer devant la commission budgétaire de l’Assemblée nationale en vue d’expliquer aux parlementaires l’allocation budgétaire de leur département. Le ministre en charge des Affaires étrangères, Nassirou Bako Arifari a déjà pris part à cette séance, et à la fin, il est intervenu sur la radio parlementaire pour exposer le contenu des débats.

Radio Hémicycle: Parlez-nous des caractéristiques de l’allocation budgétaire de votre département pour l’exercice budgétaire de l’année 2015 ?

Nassirou Bako Arifari : Je vous remercie, cher ami journaliste, pour cette opportunité que vous m’offrez à nouveau de dire quelques mots sur les échanges que nous avons eus avec la commission budgétaire de l’Assemblée nationale sur le budget 2015 du Ministère en charge des Affaires étrangères. Nous avons un département ministériel qui est un Ministère de souveraineté donc avec des dépenses qui relèvent du secteur régalien. Cette année, ce qu’on peut remarquer, c’est qu’il y a une certaine augmentation.

Jusqu’à quelle hauteur ?
L’année dernière, nous étions à 25 milliards de francs Cfa. Cette année, nous sommes passés à 31 milliards 500 millions. Je crois donc qu’il y a une relative augmentation d’un peu plus de six milliards. Ceci découle d’un certain nombre de réformes et aussi d’un certain nombre de choix en termes d’amélioration des conditions de vie et de travail des diplomates à l’étranger et il y a un nouveau décret qui a été pris pour revaloriser les traitements salariaux, les indemnités des diplomates. Il y a également une option qui a été faite en termes d’acquisition d’immeubles, donc d’infrastructures administratives pour abriter nos chancelleries, nos missions diplomatiques. Il s’agit grosso modo de la construction des chancelleries ; ce sont les bureaux où travaillent les ambassadeurs ainsi que les résidences des ambassadeurs à l’étranger. Ceci pour réduire les loyers qui pèsent un peu plus sur le budget national. Et là, on est passé d’un milliard quatre cent millions en 2014, à trois milliards deux cent millions en 2015. Nous avons également mis en place un mécanisme pour doter toutes les missions diplomatiques de matériels roulants nécessaires pour, surtout, l’accueil des différentes délégations de notre pays qui passent dans les différents pays. Il y a aussi des initiatives que nous prenons en rapport avec le placement des cadres dans les organisations internationales et dans d’autres positions sur le plan africain ou autre.

Alors, Monsieur le ministre, est-ce que cela veut dire que la vétusté ou la précarité des conditions de travail dans nos missions diplomatiques est conjuguée au passé ?
Nous ne pouvons pas dire que tout est conjugué au passé. Mais des efforts énormes sont en train d’être consentis pour améliorer l’état des lieux que vous connaissez, et donc pour aller à une situation nettement meilleure.

Alors, le cas du Ghana a longtemps beaucoup préoccupé les députés. C’est le cas aussi dans d’autres pays d’Afrique centrale. Qu’est-ce que vous leur avez répondu ?
En ce qui concerne le cas de notre ambassade au Ghana, je précise que le Gouvernement ghanéen a mis à la disposition de notre pays un domaine pour la construction d’une ambassade. Et bien, nous sommes donc obligés de programmer cela. Nous ne pouvons pas réaliser toutes les infrastructures au même moment. Donc, premièrement, il y a un entrepreneur privé qui avait voulu occuper l’espace pour installer des machines.

Parce que l’Etat était absent ?
Pas que l’Etat était absent, mais à côté de notre domaine, il y avait un immeuble qui devrait être construit, l’entrepreneur a sollicité donc le domaine pour installer ses machines. En contrepartie, nous avons donc demandé à l’entreprise de faire la clôture. La clôture a donc été faite, ce qui est un acquis. En dehors de cela, il y a la résidence de l’ambassadeur. Un entrepreneur a été mandaté pour réfectionner un certain nombre de choses. Malheureusement, il n’a pas respecté son engagement et le dossier est devant la justice ici au Bénin. L’agence judiciaire du trésor est en train de suivre le dossier normalement.

Vous avez promis à la représentation nationale l’année dernière la mise sur pied d’un institut qui permettrait de faire la veille en matière de diplomatie, des affaires et de la coopération. Aujourd’hui, est-ce qu’on peut dire que le Bénin a cet outil d’action au plan de la diplomatie ?
Je pense que l’IRIES (l’institut des relations internationales et d’études stratégiques) travaille sur le sujet et, sur papier, tout est prêt.

Il y a longtemps que c’est sur papier ?
Peut-être oui. Mais vous savez, il y a des questions d’ordre budgétaire. L’année dernière, malgré toute notre bonne volonté, nous n’avions disposé, pour cet organisme sous tutelle, que d’un budget d’environ trois virgule cinq cent millions de francs Cfa.

Pourtant, c’est vous qui définissez les priorités de votre département ministériel ?
Malheureusement, les organismes qui sont sous tutelle sont régis. Vous connaissez la loi sur les offices à caractère social, scientifique et consorts, et donc le Ministère des Finances n’accepte pas d’octroyer des sommes importantes. On considère que ces organismes vont générer des ressources. C’est pour cela, ce que nous avons fait au cours de l’année 2014, c’est de commanditer une étude, donc une expertise, avec le PNUD qui nous a soutenus dans ce sens, pour voir dans quelle condition réorganiser, relancer l’institut et ce travail est déjà fait. Et je pense que c’est ce que nous avons réussi à faire au cours de l’année 2014. Nous avons déjà proposé la nomination d’un directeur général. Ça ne devrait pas tarder et donc l’institut pourrait démarrer.

Est-ce que le retard que connait l’institut justifie les contre-performances de notre diplomatie ? Le dernier cas, c’est l’échec de notre ministre de la santé pour sa candidature au poste de directrice régionale d’Afrique de l’OMS
C’est une question de perception si vous parlez de contre-performance. Peut-être que nous avons connu un échec. Dans une opération de candidature, on y va pour gagner ou pour échouer. Mais on va a priori pour gagner. Je dois dire ceci. Vous voyez, si nous prenons l’Afrique de l’Ouest, l’espace UEMOA, trois pays de l’UEMOA, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Bénin ont présenté chacun une candidate.
 
Parait-il que le Bénin ne devrait pas présenter de candidature parce qu’il abrite l’assemblée générale?
Ce n’est pas écrit. Le Bénin peut présenter de candidature. La seule différence, peut-être que le Bénin ne s’est pas pris suffisamment à temps parce que la candidature de la Botswanaise, c’est plus de deux ans, pour l’Ivoirienne, depuis quinze mois. La Malienne depuis douze mois. Mais notre compatriote s’est manifestée au mois de mars, avril 2014, soit quatre mois avant l’ouverture de la session de l’assemblée générale initialement prévue pour septembre 2014.

Elle s’est manifestée ou le Gouvernement a eu à la positionner parce qu’on a eu à l’entendre sur ce sujet déjà ?
Non, la candidature est d’abord une décision personnelle. Et c’est lorsque vous l’exprimez que le Gouvernement s’engage. Et je pense qu’au moment où elle a pris effectivement la décision, le Gouvernement l’a accompagnée et nous avons fait ce que nous devrions faire comme démarche. Ce qui s’est passé est que nous aurions dû réussir une négociation au niveau de la sous-région ouest africaine. Et là, à ce niveau, je dois dire, ni la Côte d’Ivoire, ni le Mali, ni le Bénin, aucun n’a voulu faire de concession à l’autre. Et là, cela nous a joué un très mauvais tour. Et donc, notre échec, je dirai que c’est un échec collectif de l’ensemble de la sous-région ouest africaine. Imaginez qu’au premier tour, les voix que le Bénin, le Mali et la Côte d’Ivoire ont engrangées, 23 voix, il fallait 24 voix pour être élu.

Ce n’est pas la première fois que cela arrive dans la sous-région. Le Bénin aurait dû en tenir compte ?
Malheureusement, le Bénin y a pensé. Et comme c’est le pays qui abrite la conférence, les autres pays allaient comprendre et se retirer au profit du Bénin. Malgré tous les efforts pour les convaincre dans ce sens, en termes de contrepartie, par exemple le Bénin a offert de soutenir la candidature du Mali à la Banque islamique de développement où le Mali a un candidat qui veut être le président de la BID, mais nous avons mené toutes les négociations possibles. Malheureusement, le Mali, au dernier moment, n’a pas retiré sa candidature. La Côte d’Ivoire non plus, et donc, on s’est retrouvé dans une situation où nous avons organisé la conférence chez nous, mais nous sommes partis avec des handicaps parce que nos voisins ne nous ont pas soutenus dans le sens qu’on a souhaité.

Monsieur le ministre, une polémique à laquelle s’est mêlé votre Ministère, c’est l’établissement du passeport pour les citoyens béninois. Quel est le problème très exactement ?
Je voudrais sur cette question faire une distinction claire.

Laquelle ?
Il y a les passeports ordinaires qui relèvent de la compétence du Ministère de l’Intérieur. Il y a les passeports diplomatiques et de service qui relèvent de la compétence du Ministère des Affaires étrangères. Cher ami journaliste, à ce jour, nul ne s’est plaint d’une cessation quelconque de délivrance de passeport diplomatique et de service au Bénin. Les Affaires étrangères s’acquittent jusqu’à nouvel ordre de leur mission. Du côté du Ministère de l’Intérieur, en ce qui concerne la question des passeports ordinaires, il est prévu que nous passions à la biométrie d’ici novembre 2015. Je pense qu’un certain nombre de négociations ont été faites au niveau du Ministère de l’intérieur avec un opérateur technologique privé, un avenant avait été signé dans des conditions que le conseil des ministres avait dévoilées à un moment donné et qui n’étaient pas orthodoxes.

Comment vous l’expliquez ?
Là, ceux qui ont signé savent mieux expliquer le dossier entre eux. Mais le Ministère des Affaires étrangères n’a absolument rien à voir dans ce dossier. La seule chose est que nous devons présenter une communication conjointe en conseil des ministres avec le Ministère de l’Intérieur sur la question des passeports puisque nous n’avons pas été signataire d’un avenant quelconque avec un opérateur économique privé, nous ne pouvons pas signer une communication conjointe sans un certain détail. Et là, nous sommes allés devant le conseil des ministres et une commission interministérielle a été mise sur pied pour évaluer la nature de l’avenant qui a été signé. Ce ne sont pas les Affaires étrangères qui président, c’est le ministre d’Etat qui préside la commission.

Autrement dit, il est question de financement ou la procédure pose problème. Mais l’autre aspect de la question, c’est la sécurité des Béninois. Il s’agit des données des Béninois que vous voudriez envoyer à l’étranger, notamment, en France pour qu’elle nous aide au même moment. Est-ce que vous pensez que ça pose problème ?
Je regrette. Je pense que vous n’avez pas du tout compris la question. Il n’a jamais été question d’envoyer les données des Béninois à l’extérieur. Bien au contraire, le Ministère des Affaires étrangères, dans le cadre du passage à la biométrie, est en relation avec l’imprimerie nationale de France. C’est un dossier qui date de 2010, avant que je ne sois ministre des Affaires étrangères. Nous sommes venus, nous avons poursuivi le dossier et nous sommes à la finalisation. Je vous dis, l’imprimerie nationale nous installe tous les équipements dont nous avons besoin pour le passage à la biométrie et au numérique. A moins d’un million d’Euro, c’est-à-dire, à moins de six cent soixante millions de francs Cfa. De l’autre côté, on nous a dit qu’on a déjà fait des investissements de l’ordre de trente-deux milliards. Il n’y a pas de commune mesure, puisque nous ne sommes pas experts.

Oui, mais le Gouvernement aurait créé l’urgence en demandant à l’opérateur d’anticiper en faisant l’investissement ?
Je n’en suis pas convaincu. Je suis membre du Gouvernement. A aucun moment, le conseil des ministres n’a connu de ce dossier et n’a instruit un ministre de signer un quelconque avenant. Maintenant, ce que je voulais, le conseil des ministres a autorisé le Ministère de l’Intérieur à prendre toutes les dispositions pour la délivrance sans discontinuité des passeports à nos compatriotes de l’intérieur comme de l’extérieur. Et normalement, s’il n’y a pas de dilatoire quelconque, les Béninois doivent avoir leurs passeports à chaque fois qu’ils en font la demande. Et dans les mêmes conditions.

Monsieur le ministre, est-ce que vous avez un pincement au cœur aujourd’hui par rapport à toutes les difficultés que nous avons pour actualiser la Lépi que vous avez contribué à réaliser?
Ce qui me désole, c’est le mensonge distillé dans le peuple à propos de cet instrument dans lequel chacun se présente comme expert de quelque chose qu’il ne comprend pas. Mais du fait de ma position et des obligations de réserves que j’ai, je me réserve. Mais ce que je peux vous dire, si tant est qu’il y a telle ou telle difficulté, nous sommes aujourd’hui devant la représentation nationale. L’Assemblée nationale a un instrument formidable. C’est la commission d’enquête parlementaire.

Or, vous connaissez le sort des commissions au Bénin ?
Alors, il faut monter une commission pour investiguer le fichier électoral s’il y avait des problèmes. Mais ce que nous voudrons aujourd’hui, il y a effectivement besoin d’actualisation de la Lépi. Le Gouvernement a essayé de jouer sa partition, nous essayons de l’accompagner parce que nombre de ce qui est en train de se faire aujourd’hui découle des recommandations que nous avons faites à la fin de l’opération initiale. Et donc, nous sommes de cœur avec le Cos-Lépi. Mais que les uns et les autres ne se fassent pas tous experts et parlent de choses qu’ils ne comprennent pas. De toutes les façons, dès que nous aurons l’occasion d’avoir un plateau pour parler exclusivement de ce dossier, je ne me déroberai point car il y a trop de mensonges, je dirai même des fantasmes sur le sujet.

Interview réalisée par Dieudonné Mintonnou, journaliste à la Radio Hémicycle 

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