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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le monologue politique


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La « première journée » du dialogue politique a donné lieu à un monologue au sein de la mouvance. En lieu et place de deux parties antagonistes, la séance a mis en présence Yayi et ses sbires de tous les jours, auxquels s’est ajouté un intrus visiblement déboussolé, Séverin Adjovi. Le maire de Ouidah qui avait déjà démissionné de l’Union fait la Nation, en a d’ailleurs profité pour marquer sa différence. Il n’y a pas eu dialogue, mais une concertation ordinaire devant lancer les prochains préparatifs du vrai dialogue entre l’opposition politique et la mouvance.
Une seule hirondelle  ne saurait faire le printemps.  Mais à l’arrivée, l’idée qui a été propagée est de montrer que l’opposition qui a réclamé cette séance, à cor et à cri, a  fait la politique de la chaise vide, preuve, s’il en est, de son irresponsabilité. Voilà le message véhiculé par le maintien du « dialogue » à la date et au palais de la présidence, malgré les observations  de l’opposition désireuse de mener un combat de réhabilitation de la démocratie  et de l’économe béninoise. Si l’on ne prend que le lieu de cette séance, une question se pose : l’opposition pouvait-elle accepter d’aller faire le fameux dialogue à la présidence, en terrain si peu neutre ? A l’évidence, non. De même, en tant qu’initiateur, le chef de l’Etat ne pouvait-il pas accepter de laisser une autre institution gérer le dialogue, de façon à ce qu’une autorité morale parvienne à réaliser le consensus attendu ? C’est une question qui se pose d’autant plus que le Haut Commissariat à la gouvernance concertée est aujourd’hui désœuvré. Bercé par l’ennui et les chrysanthèmes auxquels on l’invite sans fin, le Haut-commissaire, lui-même, doit se demander pourquoi le chef de l’Etat l’a snobé, là même où il devrait donner sens à  sa mission dans l’architecture institutionnelle d’aujourd’hui.   On ne voit même pas comment Moïse Mensah a pu être écarté de la direction de ce dialogue, si tant est que le Gouvernement tenait à sa réussite.
Mieux, tout le monde a vu l’absence de Mathurin Nago. Le président de l’Assemblée nationale, définitivement en rupture de ban, ne peut donc plus faire semblant d’être dans le camp présidentiel. Son silence sur le sujet n’en est d’ailleurs que plus sonore. La présence de Nago aurait servi tout au moins à accréditer la thèse d’une participation du parlement. Au contraire, son absence signe la vacuité de la séance de vendredi : ce fut une rencontre sans objet.
Mais il y eut le « dialogue » sous forme de monologue et nous avons eu droit à cette scène cocasse d’un Yayi dissertant avec les composantes de sa majorité, tout en prétendant faire du dialogue. C’est clair que l’on est passé à côté d’une occasion devant permettre de renouer avec la concorde.
Et pourtant, les prochaines échéances électorales exigent clairement des concertations et surtout un véritable consensus, si nous voulons que notre démocratie n’explose  pas. Déjà, les résultats du recensement complémentaire laissent à désirer. Les Béninois, peu enthousiastes à la perspective de devoir attendre des heures parfois avant de réaliser leur enregistrement, ne se sont pas déplacés aussi massivement que souhaité. Si le Cos-Lépi   atteint 80% d’inscrits au plan national, il aurait réalisé   un véritable exploit. 80%. Alors, que fera-t-on des 20% restants ? La question est de première urgence et se posera dans les prochains jours. Le calendrier électoral, lui-même, devrait faire l’objet d’un consensus, si l’on sait que les élections communales et locales  doivent se dérouler avant les législatives, presque dans un mouchoir de poche. Hâter le processus en simulant un pseudo-consensus débouchera à coup sûr sur une impasse impossible à gérer, sans dialogue.  Contrairement à ce que l’on laisse croire au grand public, le dialogue est désormais un impératif politique de premier ordre. Et le Gouvernement l’a si bien compris qu’en dépit du flop de vendredi, le ministre en charge des relations avec les institutions chante désormais à qui veut l’entendre qu’il ne s’est agi que de la première journée du dialogue.  Car, nous entrons de plein-pieds dans les turbulences qui ne tolèrent ni faux-fuyant, ni simagrée à l’heure où Yayi dit désormais lui-même qu’il est fini.

Par Olivier ALLOCHEME

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