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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le jeu de massacre


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Le 11 décembre prochain sera chargé d’étincelles. Les marches prévues par la plateforme des forces démocratiques et sociales, ainsi que celles du PRD et des mouvanciers dits fous du roi feront de cette journée commémorative, une journée de colère.
Bien sûr, les fous du roi ont prévu d’exprimer ce jour-là, leur soutien à leur roi. Mais il est clair que leur initiative n’arrive que   pour faire pièce à celle de la plateforme. C’est une provocation de plus dans un contexte de tension mais aussi d’attente. Attente parce que tout le monde attend de voir quelles répercussions réelles la crise burkinabè pourrait avoir sur le Bénin. Les Béninois vont-ils tenter un certain remake des événements de Ouagadougou ? C’est la question que l’on se pose au Palais de la Marina, en feignant d’oublier que les similitudes avec le Burkina Faso ne sont qu’illusoires. Il est vrai que la crise burkinabè a provoqué  au Palais un véritable électrochoc. Le départ précipité d’un Blaise Compaoré incapable de résister à la houle populaire malgré une expérience avérée dans les coups tordus politiques et stratégiques, aura montré l’innocuité des manœuvres grotesques qu’affiche le régime Yayi depuis son avènement. Il a surtout montré leur capacité à réveiller la révolte des peuples devant des potentats sourds aux cris de leurs concitoyens. C’est cette révolte que le pouvoir Yayi redoute le plus, en suscitant la contre marche des fous du roi chargés de jouer aux trouble-fêtes de circonstance. Leur initiative rappelle la même manœuvre employée par le régime Faure Gnassingbé au Togo lors des manifestations de ces dernières semaines. Ce que beaucoup ont perçu comme un banditisme d’Etat revêt la trame d’une psychose généralisée au sommet de l’Etat. Le régime Yayi a peur. Et avec lui, tous ceux qui s’amusaient à croire en leur éternité. Le pouvoir est éphémère, et ils ne l’ont compris que récemment.
Mais, il est clair qu’aucun manifestant du 11 décembre n’aura ni la volonté encore moins les moyens de destituer un pouvoir comme celui de Boni Yayi. Il ne faut pas s’étonner pourtant que la vraie manœuvre, celle qui se fait actuellement au sein des populations et dans les états-majors religieux et politiques, consiste à montrer que la plateforme vise en réalité à se saisir du pouvoir par la force. Tous ceux qui en seront membres, n’auront pas le choix : on les désignera du doigt comme des vendus, ceux qui veulent nuire à notre démocratie. Les affidés du pouvoir auront bon dos de parler de conspiration.
Le jeu trouble du Parti du Renouveau Démocratique (PRD). Là, la position du parti de Me Houngbédji est pour le moins curieuse. Il épouse la réflexion de la plateforme sur le pouvoir actuel et les élections, mais refuse de suivre le mode d’action unitaire. Ce faisant, il s’enfonce dans la contradiction. Si tant est qu’il n’est pas de connivence avec le pouvoir, pourquoi trouve-t-il  nécessaire d’organiser une marche à Porto-Novo et une autre à Cotonou les 10 et 11 décembre ?  Pourquoi n’a-t-il pas inversé ces dates, si réellement il tient à la fiabilité de la démocratie béninoise ? Autrement dit, il aurait pu faire l’économie de cette rivalité  en faisant sa marche de Cotonou le 10 et celle du 11 à Porto-Novo.
Même s’il laboure sur les mêmes champs thématiques que le pouvoir, il aurait pu ne pas embrouiller les esprits en adoptant les mêmes arguments que lui lorsqu’il  évoque la possibilité d’un plan visant à déstabiliser le pouvoir. Non, ce PRD-ci nous étonne. Il étonne surtout par sa capacité à faire front au bon sens.
Le dialogue politique de ce mercredi, renvoyé au vendredi, apparaît dès lors comme une autre stratégie pour apaiser les esprits.   Il s’agit surtout de contenter l’Union européenne dans le dialogue de ce mardi, en lui servant l’argument, faux et pathétique, d’une ambiance gaie et conviviale au sein de la classe politique. Le report à vendredi  permet à chacune des parties de peaufiner  sa stratégie, mais au Gouvernement de passer son message d’une démocratie apaisée  à l’UE.
Dans tous les cas, le PRD n’a aucun intérêt à créer le doute dans les esprits. Assis entre deux chaises, il cultive aujourd’hui l’ambivalence. Demain, il devra créer plus de pertinence. 

Par Olivier ALLOCHEME

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