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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le manitou de New York est par terre


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Si j’étais Michel Dognon, que ferais-je ? Je ne sais vraiment pas ce qui se passe actuellement dans la tête du Conseiller spécial du chef de l’Etat à la gouvernance des entreprises publiques, précisément maintenant qu’il a vu nommer un certain Irénée Josias Agossa au poste de directeur général de la Sonacop. De la douleur ? De l’amertume ? Du dégoût ? Il y a certainement un peu de tout cela.
Tout droit venu de New York, Michel Dognon a été nommé en février dernier pour aider à remettre sur les rails les entreprises et offices d’Etat dont la plupart sont connus moins pour leurs résultats réels que pour les défaillances nombreuses qu’ils affichent vis-à-vis de leurs clients. Mieux, leurs contributions au budget national est négligeable. En 2011, ils ont tous servi à financer les campagnes électorales et ont achevé l’année par des résultats négatifs.   Ces unités de production sont devenues une partie du mal dont nous souffrons tous.
Irénée Agossa n’est pas gestionnaire de formation ni de profession. Son terrain de prédilection reste la politique. Et voilà qu’on lui donne à gérer une grosse boîte comme la SONACOP qui, précisément, n’est pas une officine politique mais une entreprise commerciale. Peut-on mettre à la tête de Total un certain Alain Juppé ou Al Gore à la tête de General Motors ? En France, notre modèle de toujours, tout le monde se moquerait de ces idées saugrenues. Ici, beaucoup de gens n’attendent que cela pour couper leur part du gâteau national.
L’Etat béninois a choisi de s’amuser avec les entreprises publiques où il investit pourtant des milliards de FCFA en subventions ou appuis de toutes sortes. Ce qui compte, ce ne sont pas les performances de ces unités de production, mais leur capacité à récompenser les uns, à donner un strapontin ou à fouetter l’ethnocentrisme des autres. Le chef de l’Etat a parfaitement conscience que le Béninois se moque des performances ou réalisations de l’Etat. Qu’il se préoccupe avant tout de ce qu’il lui apporte à lui en priorité et à son groupe social ou ethnique après. Ici, ce qui importe, c’est l’intérêt personnel. Pour le reste, le pays même peut brûler, il s’en moque éperdument. Il s’en moque parce que nous avons toujours perçu l’Etat comme un grand gâteau dont chaque citoyen, et surtout chaque cadre, a l’impérieux devoir de couper sa part. Ne pas le faire, c’est être bête, c’est être con, ne pas le faire, c’est rater l’occasion historique qui s’offre pour s’enrichir, construire des châteaux, envoyer ses enfants en Europe, rouler dans de grosses voitures à vitre teintée et pavoiser aux cérémonies officielles. Et c’est pourquoi, tout le monde a salué Irénée Agossa, l’inénarrable conseiller technique du chef de l’Etat. Il va enfin couper sa part. Il pourra partager la prospérité autour de lui. L’entreprise, elle-même, peut brûler : on s’en fout. C’est désastreux, mais c’est ce qui constitue la réalité actuelle.
Mais alors, quel est le rôle de Michel Dognon ? A quelle comédie lui a-t-on demandé de venir jouer à la présidence ? Lorsque ce cadre prenait fonction en février, il s’était vu confier la mission de « renforcer dans un système de guichet unique les capacités des sociétés d’Etat au plan comptable et financier, d’audit interne, de contrôles interne et externe, de mise en place de méthodes et organisations appropriées pour prévenir la mauvaise gouvernance » selon le conseil des ministres du 15 février 2014. Le Gouvernement entendait utiliser ses compétences pour « instaurer une nouvelle gouvernance dans nos sociétés d’Etat afin qu’elles deviennent des centres de profit, dégageant des ressources destinées à construire des écoles, des centres de santé, des routes, à assurer l’accès à l’eau, à l’électricité, bref permettant de réaliser la sécurité humaine dans les soixante-dix-sept communes de notre pays avec pour vision l’aménagement du territoire, n’excluant aucune localité, dans une politique harmonieuse de solidarité et d’appartenance de tous à la République ».
On peut dire qu’en nommant Irénée Agossa, l’Etat fait tout pour ne jamais atteindre ces objectifs de performance. Le rôle de Michel Dognon est précisément de servir de faire-valoir devant les bailleurs de fonds internationaux qui constatent la gabegie ambiante. Michel Dognon, l’expert de New York, montrera que l’Etat béninois est soucieux de la performance des entreprises où il investit des milliards. Il croyait servir à relever ces unités de production. Il s’est fait proprement avoir.

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