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Le triomphe de la vérité

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Edito: La plus grande des confusions


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La situation actuelle ne peut être pire. Le COS-Lépi est désormais divisé  de l’intérieur. D’un côté, Saka Lafia, Nicaise Fagnon, Augustin Ahouanvoébla et Louis Vlavonou et de l’autre Chabi Sika et Epiphane Quenum. Tandis que les uns réclament huit milliards supplémentaires pour livrer la Lépi, les autres disent qu’on aurait dû faire tout le travail avec au maximum  six milliards. Pendant ce temps, le temps file et le peuple a comme le sentiment qu’il y a un malin génie qui a intérêt à semer le désordre.
Pendant ce temps surtout, les forces politiques, y compris celles qui y sont représentées, n’entendent plus donner leur caution au Cos-Lépi. Le désaveu général dans lequel l’institution se retrouve du fait de ses exigences financières répétitives, pourrait la conduire au bord de l’asphyxie. L’exécutif a déjà averti qu’il n’a pas huit milliards à donner, bien que Saka Lafia  menace de tout laisser tomber si les fonds ne sont pas mis à disposition.
C’est évidemment un jeu de  pouvoirs qui se joue, étant entendu que chacun use des prérogatives que lui confère la loi pour imposer sa vision d’une situation extrêmement embrouillée. Mais il y a une chose qui est restée constante : le Cos-Lépi a avoué n’avoir pas corrigé la liste de 2011. « Nous avons rasé l’ancien bâtiment », a dit saka Lafia en substance. Voilà donc un curieux maçon. On lui demande  dès le départ de réparer les erreurs trouvées sur l’ancien bâtiment et il n’a trouvé rien d’autre à faire que de  le raser. Et  de réclamer de surcroît de l’argent pour son outrecuidance. Désormais, si rien n’est fait, il prendra en otage tout le projet, en sachant précisément que la jurisprudence de la Cour  empêche tout scrutin sans Lépi. Mieux, à voir les milliards déjà engloutis, tout recours à une liste alternative contournant la formule informatique relèverait de la plus parfaite gabegie. Nous savons que 45 milliards sont  déjà perdus  en 2011. Y ajouter neuf encore…
C’est une spirale tragique où ballote le destin d’un peuple. On  découvre dans sa plus vaste démonstration l’incapacité de la classe politique béninoise. C’est elle qui fait de la liste électorale un gouffre financier, un tonneau de Danaïdes, en insistant dans la loi sur mille précautions technologiques et biométriques qui s’avèrent aujourd’hui d’une lourdeur intenable. Voilà les mêmes députés  qui ont voté un code électoral inutilement complexe et budgétivore qui prorogent sine die les mandats  des élus communaux par une autre loi dérogatoire, et qui trouvent une deuxième loi dérogatoire  à la même loi, surpris qu’ils sont par leurs propres inepties. Derrière des querelles farfelues de personne se cachent en fait les errements de la loi elle-même qui est allée loin dans la précaution et la méfiance.
Nous voilà en face de nos propres turpitudes qui disent bien la qualité de nos élus. Qui disent bien la qualité de nos choix électoraux. Qui disent bien  finalement la qualité des autres textes juridiques adoptés par l’Assemblée nationale.
Dans ces conditions, ceux qui souhaitent la suspension du Cos-Lépi doivent se rendre  à l’évidence : personne ne dispose de  cette prérogative au terme de la loi. Les rencontres entamées avec les acteurs et la classe politique   ne sauraient prospérer qu’au prix d’un consensus large et massif… pour violer la loi. Impossible n’est pas béninois.
La marche projetée ce mercredi matin sert-elle à quelque chose ? Dans la situation actuelle, je crains que non. Elle n’aura pas d’effet sur la Lepi  ni sur  les structures  qui la mettent en place. C’est d’ailleurs pour cette raison que les manœuvres employées par le camp présidentiel en vue d’empêcher la mobilisation, paraissent pour le moins saugrenues. Elles ont au contraire ravivé la méfiance là où une bonne partie des forces politiques ne croient plus au discours   présidentiel. Le président de la République est l’un des rares intellectuels de notre pays qui, encore en 2014, c’est-à-dire 24 ans après la conférence nationale, affiche comme une méconnaissance tenace des principes les plus élémentaires de la démocratie. Ses manœuvres sont au surplus attentatoires au prestige de la fonction et il y a de la rage à voir comment un chef se traîne lui-même dans la boue en se faisant passer pour ignorant des règles d’un jeu auquel il devrait présider pourtant.
La marche servira au moins à faire pièce à l’occupation constante de l’arène publique par les forces politiques de la mouvance et surtout à exprimer l’exacerbation du  malaise. Quant à la Lépi proprement dite, il nous faudra encore du temps, du génie et de la patience pour sortir de la faute commise par nos députés.

Par Olivier ALLOCHEME

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