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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le froid franco-béninois


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Pour la cinquième  fois consécutive, François Hollande zappera sur Boni Yayi. Il ira en Côte-d’Ivoire ce jeudi 17 juillet, puis au Niger et aux Comores. Sans passer par le Bénin.
Lors de sa première visite après son élection en 2012, le Chef de l’Etat français avait visité le Sénégal et la R.D. Congo. Pour sa deuxième visite, on l’a trouvé en Afrique du Sud où il a négocié de gros contrats pour l’industrie française. Le 15 décembre 2014, le patron de l’Elysée avait fait une visite éclaire à Bangui où venait de débuter l’opération Sangaris, c’était la troisième visite en terre africaine. Fin février 2014, il était au Nigeria pour des questions de sécurité mais aussi pour envisager des partenariats dans le domaine énergétique. Il en a profité pour faire un tour à Bangui dans la turbulence d’une crise tentaculaire. Mais jamais, il n’a mis pied à Cotonou.
Nous le savons, Boni Yayi a vainement sollicité un tour, même rapide, du président français à Cotonou. Il lui a été opposé un refus poli et froid, tranchant avec la verve peu diplomatique de la sollicitation béninoise. Dans un courrier datant du 06 octobre 2013 adressé à l’homme d’Etat français, le président béninois lui écrivait notamment, avec beaucoup d’emphase : «Soucieux de la nécessité des contacts permanents que nous devons entretenir, mon pays, le Bénin, serait très honoré de vous accueillir en visite d’État après vos visites remarquables au Sénégal et au Mali. » Et d’ajouter : « Le peuple béninois, pour sa part, est prêt à vous accueillir à la mesure de la qualité des relations séculaires entre nos pays ». Il concluait qu’il restait  dans « l’espoir » que sa « requête retiendra l’attention » de l’Élysée.   Que non ! C’était la deuxième fois que le locataire de la Marina faisait la même requête, essuyant le même refus.
Dans le même temps, Yayi s’est rendu en France à moult reprises. Il a eu l’occasion par deux fois de rencontrer le président français. La dernière fois qu’il était à Paris, c’était à la table ronde. La France n’y était représentée que par la secrétaire d’Etat au commerce, Fleur Pellerin. Pas de premier ministre, pas de ministre encore moins de Président français. Imaginez Obama en France sans pouvoir serrer la main à Hollande sur le perron de l’Elysée. C’eût été un grave incident diplomatique !
Ce refus obstiné d’accéder à la requête de l’homme de la Marina peut avoir une origine, les relations antérieures entre   Yayi et Sarkozy.  Peut-être par les soins des services français, un rapport lui aurait été transmis, évoquant des relations privilégiées entre lui et l’ancien président. Peut-être…
Mais l’on peut aussi supputer sur l’adage le plus populaire de la Françafrique : « La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. » Et donc montrer  que toutes ces visites n’ont servi en définitive qu’à huiler la présence et la stratégie françaises dans la région.
Soucieux avant tout de gommer la mauvaise image laissée par la Françafrique goitreuse, le président français entend normaliser des rapports autrefois basés sur les amitiés entre chefs d’Etats africains et hommes politiques français, au détriment même de l’Afrique. C’est ce que certains médias ont nommé le «Françoisfrique» qui serait un pendant plus avenant du discours de Dakar dont beaucoup n’ont retenu que dix-neuf mots qui fâchent : «Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». Cette balourdise de Sarkozy est restée comme une insoutenable injure à l’Afrique. Ce que le nouveau président tente de conjurer par une posture plus orientée vers une Afrique plus responsable.
Mais il faut croire que le jeu de Yayi déplaît profondément au Chef de l’Etat français. A en croire le bimensuel La lettre du continent, ce 17 juin à Paris, Fleur Pellerin aurait remis en mains propres au président béninois un courrier intimant l’ordre à Yayi d’organiser les élections et de quitter le pouvoir en 2016. Il lui aurait été signifié  que la France n’acceptera pas de le voir rempiler, quels que puissent être les alibis utilisés. Voilà qui a l’avantage d’être clair.
En l’absence d’une confirmation officielle de cette menace, le dribble que refait Hollande à son homologue béninois cette semaine s’apparente à un mépris clairement affiché. Reste maintenant à savoir quel grand jeu le maître de la Marina sortira pour échapper à cette dangereuse posture qui n’arrange pas du tout ses objectifs politiques pour 2016.

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