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Le triomphe de la vérité

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Edito:Les dividendes du pardon


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logo netL’entente cordiale est de retour entre les vieux copains du KO de 2011. Boni Yayi et Patrice Talon fument désormais le calumet de la paix depuis l’historique pardon. Candide Azannaï, l’un des principaux lieutenants de l’homme d’affaires n’hésite pas à emboucher la trompette des félicitations, lui qui nous avait habitués à plus de critiques contre le pouvoir. L’heure de la paix a sonné. L’heure des calculs aussi.
La question pour Patrice Talon aujourd’hui n’est plus de savoir s’il a tort ou raison, s’il y a eu pardon ou pas, ou même  si Abdou Diouf a pu jeter l’éponge ou pas. La question, c’est comment retrouver son patrimoine brisé. Ceux qui ont entendu Azannaï ce week-end devraient lire derrière des propos aussi candides, des signes d’un appel pressant de l’homme d’affaires vers le pouvoir. Car la cause est entendue. L’Etat béninois est condamné et doit verser des  milliards de dommages et intérêts, sauf si des accords ultérieurs venaient à être conclus entre les deux parties. Mieux, selon toute probabilité, Bénin Control devrait retrouver son PVI d’ici peu. L’opinion publique est même déjà préparée psychologiquement pour qu’un tel camouflet soit administré à nouveau au gouvernement. Il ne tient désormais qu’au gouvernement de dire s’il veut payer 129 milliards ou rétrocéder le PVI à qui de droit,  pour ne payer finalement que quelques petits milliards.
A l’évidence, les deux parties  jouent à un jeu que le peuple ne saurait comprendre aisément. Probablement, Yayi et Talon ont trouvé ce consensus commode pour sauver la face, consensus permettant à l’un de reprendre ses affaires après tant de dégâts, et à l’autre de retrouver sa sérénité troublée.  A ce jeu, le Bénin perd, en effet, quelques milliards, et le contribuable devrait payer pour les humeurs désastreuses de son président. Nous payons un lourd tribut au bon sens. L’action récursoire devrait  être mise en branle tôt ou tard pour que les coupables soient obligés de nous rembourser tant de milliards engloutis. Il n’est pas question qu’en plein XXIème siècle, les Béninois tolèrent encore les fossoyeurs de leur économie. A défaut de les jeter en prison, la moindre des choses devrait être de leur faire rendre gorge. C’est le seul élément qui pourrait nous rassurer qu’il n’y a eu aucun accord félon  sur notre dos pour ponctionner entre copains quelques milliards supplémentaires sur le compte du contribuable.
Mais alors, à l’heure du  compte, la position de Candide Azannaï indique déjà ce que les deux parties seront amenées à faire. Sur la base de la frayeur inspirée par les 129 milliards, l’on retournera le PVI à Talon. Et que l’on n’en parle plus !
Et je me pose deux questions : est-ce vraiment la médiation de François Hollande et d’Abdou Diouf qui a provoqué le pardon ? N’est-ce pas en réalité le verdict de la CCJA  intervenu le 13 mai qui a précipité le pardon du  14 mai ? La succession  troublante des deux événements, laisse penser en tout cas qu’il y a un modus vivendi  entre les deux hommes. Nous en saurons bientôt un peu plus, lorsque les premières querelles du pardon vont surgir.
En attendant, gageons que les dividendes du geste présidentiel pourront être passés par pertes et profits au sein de la classe politique. Comme Candide Azannaï, chacun prendra position compte tenu de ses intérêts. Et comme d’habitude, au sein de la mouvance présidentielle  l’heure est au branle-bas de pardon, permettant à tel ministre d’ameuter son bétail électoral sur le chemin des prochains scrutins, et à tel autre DG de faire faire une prière à la mosquée de son village pour célébrer le geste présidentiel. On ne parlera pas des milliards à payer ni du camouflet retentissant administré à tout un pays. Azannaï nous a même livré un exercice parfait de saut de haute voltige en faisant mine d’adhérer au pardon, alors qu’il a pour rôle simplement de ne pas jeter de l’huile sur le feu après une   victoire aussi éclatante de son mentor.  L’axe Yayi-Talon se porte à merveille.
Par Olivier ALLOCHEME

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