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Le triomphe de la vérité

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Edito: Que le pétrole soit


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Pétrole, étain, uranium, or…Les ressources minières découvertes dans le sous-sol béninois commencent à nous faire rêver. Avec cors et trompettes, la conférence internationale sur les mines, l’énergie et les hydrocarbures (BIMEPET Bénin 2014) s’est parée de mille promesses. De milles illusions.

            Une chose est de découvrir ces ressources, une autre est de les exploiter pour le bonheur de tous.  Comme je l’ai déjà clamé ici à plusieurs reprises, en nous pâmant de plaisir pour les ressources découvertes, nous oublions trop vite les impératifs liés à la gestion des industries extractives. Trop vite, car « la malédiction des ressources » qui a frappé l’Afrique depuis les indépendances ne semble pas être encore bien perçue chez nous. Beaucoup de pays riches en ressources minières sont parmi les plus pauvres de la terre, du fait des guerres civiles et de la mauvaise gestion que génèrent ces ressources vues aux yeux des élites comme une manne venant du ciel. L’exemple le plus touchant de cette malédiction reste la République démocratique du Congo ravagée par mille conflits et dont la majeure partie de la population est plongée dans la misère alors que le pays constitue, de l’aveu de beaucoup, un scandale géologique.  Le cas de ce pays est loin d’être unique.   Dans l’état actuel des connaissances, l’Afrique recèlerait une part significative des réserves mondiales : 30% de la bauxite, 60% du manganèse, 75% des phosphates, 85% du platine, 80% du chrome, 60% du cobalt, 30% du titane, 75% du diamant et près de 40% de l’or. L’Afrique subsaharienne produit, 7% de la consommation mondiale de pétrole et les réserves connues sont du même ordre. Et pourtant, elle demeure le continent le plus pauvre de la planète.

            A vrai dire, le Bénin a déjà commencé à se comporter comme le Zaïre des années Mobutu. Il suffit de parcourir l’article 4 et précisément l’alinéa 3 du point 4.4.2.2  de la convention liant l’Etat béninois à la Nouvelle Cimenterie du Bénin (NOCIBE) pour s’en apercevoir. Il y est écrit que : « …Pendant les quinze premières années de la période d’exploitation, la première année commençant le 1er janvier de l’année qui suit la mise en exploitation, la Société, ainsi que celle qui opérera la centrale électrique bénéficieront d’une exonération totale : de toutes les taxes sur le chiffre d’affaires ou taxes assimilées, taxe sur la valeur ajoutée, de tous les prélèvements sociaux autres que ceux destinés à la caisse de retraite et à l’assurance maladie, ou parafiscaux de quelque nature que ce soit perçus au profit de l’Etat ou tous les organismes et collectivités publics, et exigibles sur tous biens, produits, marchandises, contributions, prêts, services reçus ou acquis par la Société, ou à elle rendus, ou qu’elle se livrerait à elle-même dans la mesure où ces taxes se rapportent directement ou indirectement à des opérations de la Société… de l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux, y compris de l’impôt minimum forfaitaire ; de la patente, des contributions foncières des propriétés bâties ou non bâties, de la taxe de voirie, de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, et de toutes taxes annexes ; du versement patronal sur les salaires ; de la taxe sur les véhicules de sociétés, de l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières pour tous les revenus versés par la Société à ses actionnaires et administrateurs, des impôts et taxes sur les activités financières et de tous droits et taxes sur les transferts de fonds et hors l’UEMOA… ».  Oui, oui, vous avez bien lu !Cette convention a été signée par les hautes autorités du Bénin (Président, ministre d’Etat et consorts) au profit d’un prétendu investisseur aux fins de lui donner le calcaire d’Adja-Ouèrè.

            Personne n’est dupe. Les exonérations octroyées, les faveurs insolentes concédées ne sont que des contreparties obscures d’un marché de copains et de coquins. Il est à parier que si nous ne prenons garde, le secteur minier en gestation dans notre pays, donnera naissance, comme au Congo, à d’insolents milliardaires enrichis sur le dos de la misère noire des pauvres gens. Et ils utilisent déjà leurs milliards volés pour partir à l’assaut du fauteuil présidentiel…

            Le pillage d’Adja-Ouèrè est un échauffement pour le vaste brigandage qui se prépare à l’échelon national. Un devoir s’impose dès lors à la société civile, celui de  se battre pour que le Bénin   adhère à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Elle oblige les États membres à rendre publics périodiquement les contrats miniers ainsi que les  impôts et taxes versés par les industries extractives sans oublier la destination de ces fonds. L’ITIE constitue un puissant antidote aux prévarications et aux pillages dont Adja-Ouèrè nous offre de saisissantes prémices.

Par Olivier ALLOCHEME

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