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Le triomphe de la vérité

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Edito du 12 mars 2014: Le rendez-vous manqué


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logoIl n’y a rien à dire : les problèmes de santé d’Alassane Ouattara sont au-dessus des petites chicaneries qui agitent le Bénin depuis décembre dernier. Même plus que le spectre d’une année blanche qui se fait plus menaçant que jamais.
La farce qu’il a faite aux centrales syndicales hier en annulant,  au dernier moment, le rendez-vous de la dernière chance montre à suffisance avec quelle haute considération le Chef de l’Etat tient son pays et l’avenir de ses enfants. Oui, le président ivoirien est convalescent. Il avait même été donné pour mort par la rumeur publique abidjanaise. L’opposition ivoirienne, dont on connait la virulence, en a fait, un moment, ses choux gras avant que le retour de Ouattara, « canne de l’émergence » en main, ne mette fin aux commentaires venimeux sur son état de santé.    Mais cela donne-t-il au Chef de l’Etat le droit d’annuler un rendez-vous attendu de tous pour le dégel de la crise en cours ? A mon avis, non. Il n’en a pas le droit, et aucun autre Président béninois n’aura jamais le droit de s’amuser ainsi avec le destin des enfants du Bénin.
L’agenda du Président,  fût-il plus chargé que celui de Barack Obama, devrait être prioritairement chargé des problèmes du Bénin et des Béninois. Mieux, en ces heures chaudes où des centaines de milliers d’élèves et d’étudiants sont angoissés par la perspective d’une année blanche, à l’heure où des millions de parents  sont dans la détresse, aucun président de la République du Bénin, fût-il le plus grand d’entre eux depuis 1960, ne doit s’autoriser une telle escapade. Ce qui s’est passé hier est donc une irréparable injure  à tous ces malheureux qui attendent que les deux parties se rencontrent pour enfin les soulager.
C’est même un précédent grave.  Dans les collèges et lycées ainsi que les universités publiques, il se susurre de plus en plus que les apprenants s’organisent pour s’attaquer aux établissements privés qui  fonctionnent sans problème. Ils entendent par là mettre leurs camarades du privé au même niveau qu’eux, convaincus que ce  sont les enfants des cadres qui ne vivent pas leur détresse à eux. Cette république à deux vitesses  qu’ils expérimentent à leur corps défendant, serait bientôt la proie de leurs flammes dévoreuses si le Chef de l’Etat mandaté par le peuple pour régler nos problèmes continue à se comporter comme s’il n’en avait cure.
Cette attitude est en effet celle de quelqu’un qui a ramassé  le pouvoir par terre. De quelqu’un qui n’a pas conscience des graves dangers qui pèsent sur l’année scolaire, et qui se moque même que les revendications soient satisfaites ou pas. Le peuple a besoin d’un Président. Mais le Président a-t-il conscience qu’il a besoin du peuple pour continuer à être appelé Président ?  A-t-il encore conscience qu’il y a un peuple qui souffre et qui  n’attend que lui pour trouver une solution à la crise actuelle ? Ces questions angoissantes reviennent à la même : Boni Yayi se fout-il de nous ?
J’aurais bien voulu répondre non. J’aurais bien voulu dire à tous ces apprenants, surtout à ceux qui ont échoué l’année dernière, que leur avenir n’est pas pris en otage. Et que l’on ne fait pas monter le mercure dans le sordide dessein de faire accuser un camp, une fois le désastre consommé. Pourtant, la réalité de cette grave forfaiture me fait douter.
L’année scolaire est presque déjà blanche au Togo. Faure Gnassingbé, compagnon du Chef de l’Etat pour le voyage d’hier, aura certainement à nous dire s’il n’a pas une sombre influence sur Yayi. La désinvolture présidentielle affichée hier sort  tellement de l’ordinaire qu’il y a lieu de remettre en question les propos du Chef de l’Etat sur le prétendu amour qu’il a pour les Béninois. De quel amour parle-t-il lorsqu’il se dérobe à un rendez-vous crucial pour se livrer ensuite à des activités futiles et somme toute écœurantes.
Ce n’est pas en réalité le fait que Boni Yayi ait rendu visite à Ouattara qui rend la situation odieuse. Ce qui donne la nausée, c’est qu’il ait utilisé le prétexte de ce voyage incongru pour ne pas rencontrer les syndicalistes ou même pour ne pas donner les coudées franches à l’un de ses ministres pour  le dégel de la crise.  Mais nous avons maintenant ce que nous méritons. Tous ceux qui ont pris cinq mille ou deux cents  FCFA pour voter en 2011 devraient se suicider de honte…

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