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Le triomphe de la vérité

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Edito du 29 janvier 2014: Echec massif


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logoS’il était besoin de quelqu’un d’autre pour écrire l’édito d’aujourd’hui, j’irais volontiers chercher le Chef de l’Etat. A ma place et mieux que quiconque, il saura dire pourquoi son régime a échoué de façon aussi radicale dans la plupart des acquis sociaux qui lui ont servi de fonds de campagne en 2011. Mieux que vous et moi, Boni Yayi a reconnu ces échecs tragiques dont les conséquences sont encore incalculables pour les années à venir.

                                  J’ai été particulièrement sidéré d’entendre le Chef de l’Etat confesser les dégâts macroéconomiques qu’entrainent aujourd’hui ses programmes de gratuité qu’il a lui-même instaurés. Loin des discours laudatifs servis pour magnifier le génie exceptionnel d’un Boni Yayi développeur hors pair, il s’est confondu en mea culpa, reconnaissant pour la première fois que la gratuité des inscriptions dans l’Enseignement supérieur a engendré, aujourd’hui, des effectifs difficilement gérables. Brandissant le chiffre de 142 000 étudiants inscrits à l’UAC comme le fruit de cette politique de gratuité, il s’en est ému, confessant publiquement qu’il s’agit d’une erreur. Et d’ajouter, même qu’il a honte de demander à son ministre de l’Enseignement supérieur comment son secteur se porte. Il a sans doute oublié de signaler que les allocations universitaires tombent difficilement aujourd’hui. Les bourses et secours sont de moins en moins réguliers. Les deux se paient désormais, bien tard, après la fin de l’année. Nous qui avons étudié dans les années 90 avions plutôt été habitués à un rythme différent et plus régulier.

                                  Il a surtout omis de rappeler que, jusqu’en janvier, et probablement jusqu’en février, les œuvres universitaires n’ont pas encore démarré, là où, il y a quelques années, avant 2006, elles démarraient quelques semaines seulement après la rentrée. Aujourd’hui, il n’y a pas encore de restau U, pas de bus et les résidences universitaires sont toujours fermées. De plus en plus, l’on voit des étudiants squatter les bâtiments abandonnés du campus, épaves sans eau ni électricité où ils vivent comme des bêtes sauvages en attendant que les résidences universitaires s’ouvrent officiellement, peut-être en mars.

Les autres ordres d’enseignements sont aussi touchés par le régime de gratuité. Tout le monde a salué ces mesures sociales, en fermant courageusement les yeux sur l’hécatombe qui s’y produit. Les effectifs pléthoriques suffisent pour dire qu’il s’agit d’une gratuité improvisée, lancée comme une mesure politique qui se retourne aujourd’hui contre le régime lui-même. Le Chef de l’Etat s’est notamment plaint du fait que les enseignants représentent environ 55% de la masse salariale, alors qu’il est le premier responsable de la gratuité et surtout des mesures de reversement sauvage des enseignants vacataires dans la fonction publique. Sauvage d’autant que ces reversements se sont opérés envers et contre les lois les plus élémentaires de la bonne gouvernance. C’est, notamment, après avoir pris ces décisions politiques hasardeuses, qu’on s’est rendu compte que plus des trois quarts des reversés n’ont pas de formation professionnelle adéquate. A charge, dès lors, pour l’Etat, d’organiser ces formations dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles se déroulent dans des conditions scabreuses.

                                  Pendant ce temps, du fait de l’entrée brutale d’un nombre important de nouveaux agents, la fonction publique voit sa masse salariale bondir, obligeant du coup le FMI et les autres institutions internationales à donner l’alerte. Tout le monde sait que l’on pouvait filtrer ces entrées en instituant un minimum de conditions et surtout en faisant des tests ou des concours avec des conditions précises excluant le bachotage que l’on a vu. Bien entendu, tous ces milliers d’enseignants reversés n’étaient rien d’autre que du bétail électoral utilisé pour conquérir 2011.

                                  Il est tout de même stupéfiant que le même homme qui a commis ces actes d’une gravité extrême se retrouve aujourd’hui à les regretter, trouvant par exemple que les enseignants gonflent aussi dangereusement la masse salariale. L’on tombe des nues face à une si vaste inconséquence ayant ruiné toutes les chances de réformer en profondeur notre système éducatif parti pour au moins une génération de dysfonctionnements graves.

                                  « Nous ne pourrons plus faire la mal gouvernance que nous avions organisée par le passé », a admis Boni Yayi. Le Chef de l’Etat a reconnu, à plusieurs reprises, sa propre responsabilité dans les catastrophes insidieuses qui se préparent et qui constitueront, à n’en point douter, de gros handicaps pour les régimes à venir. Ainsi donc, le populiste le plus outrageant a fini par admettre que ses gratuités irréfléchies relevaient de la pure démagogie à consommation électorale. Et la vraie question, c’est celle-ci : qui réparera tant de dégâts ?

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