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Le triomphe de la vérité

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La tragédie sans fin du football béninois: Des milliards engloutis pour rien


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Si dans les années 70, le Bénin a connu des joueurs extraordinaires en clubs et une équipe nationale de piètre figure, dans les années 2000, l’argent est rentré dans le football et le championnat de mauvaise qualité avec une parenthèse vite fermée de l’expérience professionnelle. Dès que l’Etat a décidé de faire du football un outil de développement, beaucoup d’argent a circulé, mais le résultat est que le Bénin n’a pas véritablement bougé en matière de résultats de haut niveau.

En trois participations à la Can, le Bénin a dépensé au moins une bagatelle de cinq milliards. En effet, en 2004, 2008 et 2010 l’enveloppe financière déboursée a été plus colossale que ce que toutes les autres disciplines ont coûté à l’Etat béninois depuis l’indépendance en 1960. En 2008, les Béninois qui avaient pris leur quartier général à Sekondi-Takoradi, ont dépensé pendant cette compétition une énorme somme d’argent. L’Etat béninois, sur proposition du ministre des sports, Galiou Soglo avait décidé de faire voyager plus de 40 journalistes, plus de 200 supporters, des représentants des ministères, du ministère des sports qui avait le plus grand contingent, les joueurs… ce qui a fait que la compétition est revenue très chère à l’Etat béninois. Pour 23 joueurs on a logé un millier de personnes. C’est dans cette situation que, devant les journalistes et de façon officieuse, un cadre du cabinet du ministre avait déclaré sur le sol ghanéen : « si on joue une nouvelle Can, je vais finir de construire ma maison ». Ce propos résume le gouffre financier que représente la participation à cette compétition. En 2010, il faut affréter les avions qui vont convoyer joueurs, journalistes, supporters et cadres des ministères… Ici aussi, il y a eu quelques soucis entre le ministre des sports et son assistant. L’affaire a éclaté et a créé une brouille entre le ministre et son collaborateur. Il a été dit au lendemain de la Can qu’une affaire de 250 millions opposait le ministre des sports et son assistant. La presse en a fait un large écho après l’élimination du Bénin. Chose curieuse, les Béninois étaient plus nombreux en Angola que les Egyptiens et les Nigérians lors de la Can 2010. Le Nigéria et l’Egypte sont plus peuplés et leurs équipes nationales plus sûres d’aller plus loin que les distributeurs automatiques béninois. Dans une confidence, l’un des directeurs des ressources financières du ministère des sports s’est exclamé : « en six mois, j’ai mis à la disposition des Ecureuils plus de 2 milliards ». De quoi donner le vertige dans un pays où la pitance quotidienne relève de l’exploit pour le bas peuple. Les joueurs béninois, au lieu de travailler à gagner leur vie en Europe, viennent au bercail pour augmenter un peu leurs revenus avec les primes qu’octroie le trésor public par le biais du ministère des sports.

Les problèmes des extrêmes
Pendant la période haute de la révolution, le Bénin disposait de l’un des meilleurs championnats d’Afrique de l’Ouest. Ce championnat attirait les plus grandes vedettes de la sous-région. Abedi Ayew Pelé, Peter Rufai, Allen Lesly, Apiah Druku Coffi, Etim Oyobio… sont passés par le Bénin. Un classico Dragons-Requins peut faire 30 000 spectateurs à Kouhounou surtout un 30 novembre. Dans le même temps, la formation nationale, les Etoiles Rouges du Bénin (ancienne appellation sous la Révolution) peinaient sur les plans sous-régional et continental. Le Togo, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria… ont déjà goûté au délice africain. Dans les années 2000, c’est le mouvement contraire qui va se produire. Le championnat national est devenu, par la force des choses, de niveau médiocre, des joueurs de peu de valeur et des responsables qui végètent dans la navigation à vue. Néanmoins, le gouvernement décide de mettre de l’argent dans le football. Lors des éliminatoires, le Bénin peut enfin compter sur ses enfants évoluant à l’étranger. Moussa Latoundji (Julius Berger/Nigéria), Amadou Moudachirou (San Pauli/Allemagne), Jean Marc Adjovi Bocco (Lens/France)… reviennent au pays défendre les couleurs nationales sous l’impulsion du ministre des sports Damien Zinsou Allahassa. Cette situation qui sonne comme le renouveau du football béninois poursuit son cours jusqu’à ce jour. Dans le même temps, le football au plan national traine. Les clubs béninois n’attirent plus du monde lors des matches de championnat. Le championnat est organisé très rarement ou quand il existe, la saison ne va pas à son terme. Les rares fois que les dirigeants fédéraux décident de son organisation et qu’il va à son terme, il faut attendre des mois pour désigner le champion. Le président Valère Glèlè l’a vécu lors de la saison 2006-2007 avec son club l’AS Tonnerre de Bohicon. Il a fallu l’implication personnelle du ministre Galiou Soglo pour que ce champion régulier soit reconnu. Dans le même temps, les Ecureuils arrivent malgré tout à aligner des victoires jusqu’à se qualifier pour la Can en 2008 et 2010. Le football béninois n’a jamais jusque-là connu des moments de gloires sur la durée si ce n’est des moments teintés de dépenses énormes pour l’Etat.
José Mathias COMBOU

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