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Le triomphe de la vérité

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Fonds communal d’insertion des jeunes artisans: Un fonds pour accompagner l’installation des jeunes


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Il faut  une machine +á coudre +á la jeune couturi+¿re pour s'installerSalifou est un jeune mécanicien-motos deux roues résidant à Kandi. Cela fait environ trois ans qu’il a obtenu son Diplôme de fin d’apprentissage traditionnel. Depuis, il s’est donné pour activité la conduite de taxi-moto afin de réunir le nécessaire pour s’équiper en matériels de travail. Pascaline est une jeune couturière nantie du Diplôme de fin d’apprentissage traditionnel depuis deux ans. Par manque de moyens, elle ne peut s’installer et reste toujours à la charge de ses parents. Comme Salifou et Pascaline, ils sont des centaines de jeunes artisans diplômés des communes de l’Alibori qui n’arrivent pas à exercer le métier appris faute de matériels de travail. Certains sont obligés de travailler auprès de leurs amis ou encore des patrons attendant d’avoir les moyens pour s’équiper. Bientôt, eux et leurs parents pourront pousser un ouf de soulagement. Le fonds communal d’insertion des jeunes artisans mettra fin à leurs soucis. C’est, en effet, un fonds dont le but est d’accompagner ces multitudes de jeunes artisans diplômés chaque année en vue de leur installation. Il prend en compte les titulaires d’un diplôme de fin d’apprentissage traditionnel, mais aussi d’un certificat de qualification au métier (CQM) et d’un certificat de qualification professionnelle (CQP). Nouroudine ZAKARY TRAORE, point focal artisanat à la mairie de Kandi explique qu’il s’agit d’un prêt accordé aux jeunes artisans pour s’équiper. Et pour Sirina Zoubérou IMOROU, président du collectif des artisans de la commune de Kandi et président du cadre de concertation des collectifs de l’Alibori, ce fonds est le bienvenu. « Nous avons des gens diplômés depuis plus de cinq ans qui n’ont pas pu s’installer faute de moyens ; je pense que ceci aidera à régler ce problème », s’est-il réjoui.

Une réponse locale au problème d’emploi

Le fonds communal d’insertion des jeunes artisans est le fruit de l’appui de la coopération suisse au développement du secteur de l’artisanat. Il constitue la forme décentralisée des différents efforts fournis par l’Etat béninois dans l’accompagnement du secteur. En effet, par le passé, plusieurs programmes ont été mis en place par les pouvoirs publics avec l’appui des partenaires. Au nombre de ces projets, Sirina Zoubérou IMOROU retient le projet d’insertion des jeunes artisans (PIJA), le projet de financement des diplômés artisans (PROFIDA), le fonds de garantie des artisans. Mais, tous ces programmes n’ont pas donné les résultats attendus. Selon Habibou BABA AGBA, chargé de mission en développement des entreprises à l’Organisation pour le développement économique des territoires de l’Alibori : « Ces projets ont échoué parce qu’ils manquent d’ancrage au niveau des collectivités décentralisées ». Et le nombre d’apprentis libérés ne cesse de croître d’année en année. Dans la commune de Kandi, au moins cent cinquante artisans reçoivent leurs diplômes chaque année. A Ségbana, tout comme à Gogounou, le nombre n’est pas en-deçà de cent. Le Bureau d’Appui aux Artisans (BAA) avec l’appui financier de la coopération suisse a donc pensé à la mise en place d’un fonds au niveau de chaque commune pour accompagner ces derniers à travers un crédit pour l’acquisition de l’équipement nécessaire à l’exercice du métier. L’expérience est en cours dans les départements couverts par les examens de fin d’apprentissage traditionnel que sont l’Alibori, le Borgou, l’Ouémé, le Plateau et le Littoral. Pour le compte des six communes de l’Alibori, ce sont douze millions (12 000 000) de francs CFA que le BAA a mis en place, soit deux millions par commune. Cette enveloppe sera renforcée par une contribution de la commune. L’initiative est saluée par les autorités locales des communes concernées et le maire Patrick Yérima de Kandi a déjà réussi à avoir l’adhésion du conseil communal à la cause. Alassane, maître soudeur à Gogounou se réjouit, pour sa part, car, « ce sont des dizaines d’artisans qui sortiront du chômage par an dans notre commune. Les apprentis que nous libérons n’auront plus à passer des années pour s’équiper et s’installer ».

Un mécanisme de gestion et de suivi

Pour garantir une pérennisation du fonds et lui éviter le sort des programmes nationaux antérieurs, un mécanisme de gestion et de suivi est mis en place. En plus des fonds que la commune mobilise, les autorités doivent prendre des arrêtés pour la mise en place du comité local d’appui à l’insertion (CLAI). Le CLAI est un cadre multi acteurs d’opérationnalisation du fonds. Les ressources mises à la disposition de la commune sont déposées comme une garantie chez une institution de micro finance auprès de laquelle les postulants aux fonds obtiendront des crédits. Les dossiers de demande de prêt sont adressés au CLAI qui étudie et valide la demande en fonction des besoins en équipement du demandeur. La présence des artisans dans le comité permet de connaître les besoins réels des demandeurs, selon Alassane NAMATA, président du collectif des artisans de la commune de Ségbana : « Nous connaissons bien ce qu’il faut à un artisan qui veut s’installer et nous pouvons recourir à des personnes ressources, selon le corps de métier pour que les gens ne demandent pas plus qu’il ne leur faut ». Le comité se chargera aussi de suivre les bénéficiaires à s’installer réellement et les accompagnera dans le remboursement effectif des crédits. Autorités locales, partenaires, artisans et institutions de micro finance sont convaincus que ce dispositif permettra une pérennisation du fonds. Une expérience tellement convoitée par les autres communes.

Nicolas AGBIKODO (Coll.)

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