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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec la Directrice nationale de la Recherche Scientifique et Technique, Professeur Sylvie Adoté Hounzangbé: « Le ministre Abiola donne à la recherche toute son importance »


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Professeur Sylvie Adoté HounzangbéLa  Direction  nationale de la recherche scientifique et technique  a procédé, il y a quelques jours, à la formation des enseignants chercheurs du supérieur sur la thématique du suivi-évaluation des activités des structures de recherches issues de la politique nationale de la recherche scientifique élaborée l’année dernière. Le professeur Sylvie Adoté Hounzangbé revient ici sur  les objectifs et le bien-fondé de cette formation.

L’Evénement Précis : Quel est l’objectif qui sous tend cette formation ?

Professeur Sylvie Adoté Hounzangbé : L’objectif qui sous-tend la formation est l’élaboration d’un système de suivi-évaluation des activités des structures de recherches qui découlent de la politique nationale de la recherche scientifique que nous avons élaborée l’année dernière. Dans cette politique, il y a la stratégie 3 qui propose la mise en place d’un système national d’évaluation et de suivi-évaluation des activités de recherches et des structures de recherches.

Pourquoi une telle stratégie ?
C’est pour d’abord regarder de près ce qui se fait dans les structures de recherches, suivre l’évolution des activités de recherches et surtout avoir des informations fiables et complètes sur ces structures, parce que vous n’êtes pas sans savoir que depuis l’année dernière le Fonds national de la recherche scientifique et des innovations technologiques a été mis en place. Ce fonds qui a pour mission de financer la recherche au Bénin doit disposer d’informations pour savoir qui financer, quand financer et comment financer. Donc, c’est aussi en prélude aux activités du fonds que cet atelier a été organisé.

Quels sont aujourd’hui les critères d’évaluation de ce que nous avons comme travail dans le domaine de la recherche ?  
L’aspect enseignant n’est pas pris en compte dans cette activité parce que les critères d’évaluation de l’enseignement sont autres. Les critères d’évaluation de la recherche ne sont pas figés. Justement, aussi bien au Bénin que dans la sous-région et même sur le continent africain, les critères d’évaluation sont en cours d’élaboration. Ce que nous avons fait à Possotomè, ce n’est pas vraiment d’élaborer les critères et de voir quelle est la procédure pour les élaborer. C’est un long processus et quand on arrive à définir ces critères, il faut qu’ils soient acceptés, adoptés par les acteurs de la recherche, et c’est lorsque nous aurons parcouru tout ce processus là que nous allons maintenant dire les critères que nous allons retenir. Effectivement, le formateur qui est arrivé nous a fait part des critères qui sont retenus en France. Mais, il ne s’agit pas, pour nous, d’adopter ces critères-là en l’état ; la preuve, nous avons pensé à voir l’impact des travaux de recherche d’un laboratoire sur le développement du pays. C’est quelque chose que les Français n’ont pas retenu comme critère. Or, pour nous, c’est très important. Ce critère est très important parce qu’aujourd’hui, le pays attend les chercheurs sur leurs contributions au développement.

Alors, quel était l’état d’âme des chercheurs qui ont reçu cette formation?
Les participants à cet atelier n’étaient pas très nombreux. C’étaient des échantillons de chercheurs parce que nous avons surtout privilégié les points focaux du Conseil national de la recherche scientifique et technique qui sont des représentants de différentes structures de recherches éparpillées dans les autres ministères. En plus de ceux-là qui étaient au nombre de dix (10), il y a aussi des universitaires sur qui nous comptons pour être, plus tard, les experts évaluateurs nationaux. Donc, ils ont été formés et j’avoue qu’un sentiment de satisfaction totale nous anime. La semaine qui a suivi cette formation, j’ai reçu un message d’un des participants. Il était vraiment heureux d’y avoir participé. Je ne peux pas dire les mots qu’il a utilisés pour remercier la DNRST d’avoir initié cette activité.
 
Quels sont les projets que la coopération française a financés et quels sont ceux que vous avez  pour cette année 2013 ?
Avec la coopération française, nous avons eu beaucoup d’activités les années passées. Nous avons eu cette année l’info sujette à l’eau qui a sillonné certaines communes pour échanger avec les élèves sur l’utilisation rationnelle de l’eau potable. Alors l’activité qu’on vient de faire, la mise en place du système d’évaluation a été faite avec la coopération française aussi, et nous sommes en train de préparer le train de la science et de la technologie. Alors, c’est une activité que nous avons initiée pour faire découvrir aux communautés à la base certains résultats de recherche. Je peux citer Abomey, Dassa, Savè, Tchaourou, Parakou où pour ces centres universitaires, on offrira un cadre pour mieux se faire connaître par les communautés à la base et pour leur parler des recherches qui se font et se feront dans ces centres. Mais, avant de partir de Cotonou, nous partirons avec des innovations dans trois (03) domaines principaux, à savoir, les transformations agro-alimentaires, le coton, les résultats disponibles sur le coton, les résultats de recherches qui peuvent impacter la production cotonnière aujourd’hui et aussi les matériaux locaux de construction. Voilà trois (03) thèmes que nous avons choisis. Ce sont des thèmes tirés des projets de grands programmes prioritaires nationaux du Bénin. Actuellement, nous sommes en train de chercher des ressources. C’est une activité que nous avons initiée avec la coopération française. Mais, nous recherchons d’autres partenaires. Certains nous ont donné leur avis favorable pour nous accompagner ; on se dit que d’ici la fin du mois de juillet, nous aurons une idée claire des partenaires qui veulent nous accompagner. Après août, on va lancer l’appel. Après les résultats, on va demander aux innovateurs ou chercheurs de postuler et les produits innovants qui seront retenus à la fin du mois d’août-début septembre seront connus et le train partira certainement en novembre.

Alors, pourquoi parle-t-on aujourd’hui de recherches- développement ?
Vous savez, les pays développés ont compris très tôt qu’aucun pays ne peut se développer sans la recherche. Les pays émergents comme la Chine, le Brésil ont décollé à partir du moment où ils ont mis beaucoup d’argent dans la recherche. La recherche académique apporte le savoir. L’enseignant-chercheur est tenu de faire de la recherche académique pour compléter sa formation académique et apporter des informations nouvelles à ses étudiants. Par contre, cette recherche qui va contribuer au développement, c’est celle au bout de laquelle on a ce qu’on appelle des produits innovants qui peuvent passer des laboratoires aux marchés. C’est-à-dire que ce sont des produits que les entrepreneurs peuvent trouver intéressants. On prend, on produit en quantité, on met en place une entreprise autour de ça et plus le produit est innovant, le marché s’ouvre pour lui ; et ce n’est pas seulement le marché national mais le marché régional et même le marché mondial. Et quand on commercialise un produit qui marche, ce sont des devises qui rentrent. Donc, le développement, la recherche pour le développement est un passage obligé pour tout pays qui se veut émergent ; un pays en développement. On ne peut pas faire autrement. Les chefs d’Etats de l’Afrique en sont conscients et c’est d’ailleurs pour ça que depuis 1987, il a été dit que les pays en développement doivent mettre au moins un pour cent (1%) de leur PIB dans la recherche. J’avoue que nous en sommes très loin au Bénin.
 
Un appel à toute la communauté béninoise
Je leur demande de jeter un regard nouveau sur la recherche parce que, ici, dans notre pays, ce n’est certainement pas à tort. Les gens se demandent toujours à quoi sert la recherche. C’est peut être notre faute à nous les chercheurs. Mais, je pense que la recherche est un investissement à long terme. Qui investit dans la recherche investit pour le long terme. Les résultats de la recherche ne sont pas à rechercher immédiatement. Donc, je voudrais demander aux uns et aux autres de donner à la recherche toute son importance si nous voulons le développement de ce pays.

Propos recueillis par la rédaction

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